Kanaky-Nouvelle-Calédonie : le piège de l’illusionnisme…
Les Calédoniens ont-ils décidé pour la 3ème fois et à 96,49% de dire Non à l’indépendance du pays ?
Macron voudrait le (faire) croire, à force de s’en féliciter en toute assurance présidentielle – mais « avec respect et humilité » (sic !).
Le message est relayé médiatiquement : « Victoire écrasante du Non à l’indépendance », à 96,49 % l’électorat a dit vouloir rester « rester dans la République française ». Avec certes une forte abstention à 56,13 % (18,99 % en 2018, 14,31 % en 2020), mais de nos jours n’est-ce pas le cas de toute élection ?
A trop vouloir prouver on cède à l’illusionnisme et on tombe dans une sinistre mascarade.
96,49 % de l’électorat dans une société dont on reconnaît qu’elle est profondément clivée, situation que le maintien de la consultation le 12 décembre a aggravée.
Simple « abstention » le fait que face à l’entêtement du gouvernement l’ensemble des forces indépendantistes ont décidé la « non participation ». Non pas parce qu’elles craignaient d’être minoritaires, comme on ne cesse de le répéter, mais parce que la situation sanitaire empêchait de faire campagne et que suite aux nombreux décès au sein des communautés océaniennes l’heure était aux coutumes de deuil. Ce pourquoi il fallait tenir la consultation à l’automne 2022 comme s’y était engagé Édouard Philippe alors Premier ministre.
Le report de la consultation, cette exigence légitime et de bon sens n’a pas été entendue. La parole Kanak a été méprisée… Et a été maintenu au 12 décembre un référendum sur l’avenir de la Nouvelle Calédonie-Kanaky en sachant qu’il se ferait en l’absence du peuple premier de ce pays qui a subi le colonialisme français. C’était piétiner les acquis d’un processus de décolonisation mené depuis plus de trente ans. C’était faire preuve d’irrespect à l’égard du peuple Kanak et de sa culture, et ignorer la réalité de la situation.
Faire croire qu’un choix politique valide a été opéré le 12 décembre c’est persévérer dans l’erreur. Quitte à renouer avec les pires excès colonialistes, pour en finir avec l’accord de Nouméa et imposer la violence d’une Nouvelle Calédonie française contre les aspirations légitimes du peuple Kanak. Cela au nom des intérêts d’une partie de la société calédonienne et de ceux supposés d’une « France puissance Indo-Pacifique » !
Pour le peuple Kanak, les communautés océaniennes et toutes celles et ceux qui sont lucides quant à ce que peut être l’avenir de ce pays, il va falloir affronter de nouveaux défis, redéfinir le objectifs à opposer aux régressions rendues possibles par les manipulations des droites et du gouvernement français.
Pour toutes les forces fidèles à l’anticolonialisme et à l’émancipation des peuples l’heure est à assurer le peuple Kanak et ses organisations indépendantistes de leur pleine et entière solidarité.