Yves Judde, membre de la liste « Osons Poitiers » a écrit un texte qui a été mis en ligne sur le site de cette liste unitaire pour une autre gauche.
Nous le reproduisons avec son autorisation. Nous le faisons suivre de deux remarques d’Yvon Plaçais de l’association « D’ailleurs nous sommes d’ici ».
Cette question est cruciale pour la gauche radicale. Nous ouvrons le débat.
La volonté affichée du FN à devenir « un parti comme les autres » avec un programme économique et des déclarations d’intention républicaines ne doit pas faire oublier que son fonds de commerce reste la xénophobie, la haine des étrangers et en particulier de l’immigré. Et c’est bien cette haine de l’étranger qui permet de réunir les cathos intégristes des beaux quartiers et les « petits blancs » des banlieues dans un même vote et de se reconnaître dans le même slogan « on est chez nous ! » sans qu’il soit nécessaire d’en dire plus pour que tout le monde comprenne ce que cela signifie.
Et si la dénonciation de l’immigré comme cause du chômage, du manque de logements sociaux, du déficit de la sécu, est plus efficace que les analyses critiques du système capitaliste, c’est qu’on peut mettre un nom sur le responsable du bourbier dans lequel on est. C’est la faute du voisin étranger, qui vient en France pour profiter du système, qui a droit à tout alors qu’on a rien, qui n’arrête pas de faire des gosses pour avoir des allocs, etc …
Si on veut lutter efficacement contre le vote FN, il faut porter un autre discours sur l’immigration et non pas éviter d’en parler. Le gouvernement actuel et en particulier le ministère de l’intérieur portent une lourde responsabilité dans la dérive xénophobe actuelle. Il n’y a eu sur cette question aucune rupture avec les gouvernements précédents, bien au contraire. Sous le fallacieux prétexte « de ne pas faire le jeu du FN », on a eu droit à la même politique de la chasse à l’immigré, l’hypocrisie en plus. Par une récente circulaire (11/03/14) de 6 pages, Valls indique aux préfets les moyens tous les moyens à utiliser pour accélérer et augmenter les expulsions d’étrangers, et se félicite pour l’année 2013 d’avoir battu tous les records d’expulsion: « Le niveau total des éloignements forcés atteint ainsi son plus haut niveau depuis 2006. Ces résultats, encourageants, sont la traduction de votre mobilisation qui devra se poursuivre tout au long de l’année 2014. » Rappelons enfin qu’aucune des dispositions xénophobes en matière d’immigration mises en place par les gouvernements précédents, et régulièrement dénoncées par l’opposition de l’époque, n’ont été supprimées.
A nous aussi donc de porter un autre discours sur l’immigration en luttant inlassablement contre cette « politique » décomplexée, nouvelle appellation de la xénophobie.
Yves Judde
http://fraysse2014.fr/vote-front-national-et-xenophobie/
Je partage l’analyse d’Yves Judde avec 2 commentaires rapides en compléments, qui pourraient être développés.
A la gauche de la gauche nous ne parvenons pas à rendre crédible une critique du capitalisme assortie d’une alternative politique. le FN prospère pour une part avec augmentation du chômage et de la précarité.
Nous sommes trop peu nombreux à porter régulièrement un autre discours sur l’immigration et pour le diffuser largement.
Yvon Plaçais
Excellent texte. Les immigrés ne sont pas un « problème » à résoudre pour des hauts fonctionnaires sans âme et par des politiciens surfant sur la xénophobie d’État institutionnalisée.
Les immigrés sont une partie de celles et ceux qui vivent et tentent de travailler ici, une partie de ce peuple qui vit en France.
La xénophobie d’État est un poison qui instille la haine et la cultive. La haine des étrangers, le FN en a fait sa marque déposée; la droite le copie, la « gauche » gouvernementale continue le travail de Sarkozy.