Présentation du poète militant par Philippe Pineau :
« Pierre Morineau, le poète de Beauregard
Pierre Morineau (1936–2014) est né, habitait, et est mort dans le quartier de Beauregard à Châtellerault (Vienne). Poète secret, vivant paisiblement, l’oreille rebelle et la voix pessimiste, il exprimait ses inquiétudes et ses bonheurs à travers une création poétique de grande fraternité avec les gens de peu et autres êtres vivants. Il affirmait tranquillement : « Le langage poétique est un acte d’amour ». Et encore : « La poésie est toujours un acte révolutionnaire ». De là à penser que l’acte d’amour est un acte révolutionnaire, et réciproquement, il n’y a qu’un pas qu’il franchissait élégamment en créant… et en détruisant beaucoup. Il souscrivait entièrement au propos d’Henry Bauchau disant que le poète trouvera « le son de sa propre voix non dans la maîtrise mais dans la liberté du poème ».
Pierre Morineau ne publiait pas, sauf pour répondre gentiment à l’invitation des amis de la revue Liseron ou du bulletin Châtellerault Libertés. Au soir de sa vie, il avait le désir de rassembler les poèmes qu’ils aimaient malgré tout et d’en faire un recueil. Il n’en eut pas le temps. Nous avons rassemblé son œuvre poétique dans un seul mouvement scandé suivant cinq thématiques : vie, lutte, enfance, l’autre, voyages, choix qu’il n’aurait pas désavoué, pensons-nous. Le lecteur aura ainsi le plaisir de découvrir une langue musicale aux sources claires, vivifiante, toute de tendresse humaine et de confiance dans le mystère des mots. »
L’ouvrage « Mémoire de neige » est disponible en contactant Philippe Pineau : 06.78.40.50.24 ou philippe.pineau9 chez wanadoo point fr
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Le communiqué de presse que la LDH Châtellerault avait fait paraître lors du décès de Pierre où on lit ses engagements en tant que ligueur et notamment par rapport au « revenu de citoyenneté » :
« Décès de Pierre Morineau : la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) perd un militant
Pierre Morineau, fort engagé dans de nombreuses associations châtelleraudaises, était un membre très actif de la section de Châtellerault de la Ligue des droits de l’Homme et du Citoyen dans laquelle il avait occupé des responsabilités importantes au secrétariat et à la trésorerie. Délégué au Congrès National de la LDH à plusieurs reprises, notamment lors du Congrès du Centenaire en 1998, il avait porté quelques années plus tôt, à celui d’Aubervilliers dont le thème était « la citoyenneté sociale », l’idée d’un « revenu de citoyenneté » permettant aux personnes sans travail de participer pleinement à la vie de la cité.
Pierre Morineau possédait une capacité d’analyse critique qui le conduisait à réfléchir sans cesse sur les moyens d’enrichir l’intérêt général et le bien public, ce qui impliquait d’être à l’écoute de chaque individu et de comprendre son cheminement particulier vers une vie sociale épanouie. Il restait confiant dans les valeurs de l’humanisme et développait des idées très fines sur l’articulation de la liberté et de l’égalité, de la laïcité et de la dignité. Il avait foi dans la République.
Pierre Morineau exprimait ses inquiétudes et ses bonheurs à travers un mode de production universel : la création poétique. Une poésie proche des voix d’en bas et des êtres vivants que les lecteurs de Châtellerault Libertés, l’organe local de la LDH, et du Liseron, la revue pour les personnes prisonnières à Poitiers-Vivonne, aimaient à découvrir. Un engagement à la fois profond et léger. Ne disait-il pas : « La poésie est toujours un acte révolutionnaire » ? »