[suite de l’épisode 2]
Après le succès en nombre de la contestation de la loi Travail, le contre feu médiatique, propagandistique, fut allumé. Résumons la mantra : « les contestataires sont des irresponsables, n’ont rien compris, servent des intérêts différents de ceux qu’elles/ils déclarent, sont manipulé-es, provoquent une violence destructrice, etc. car l’essentiel reste qu’il faut accepter le monde tel qu’il est pensé et décidé par des élites politiques, économiques, financières et médiatiques qui sont naturelles et éternelles. C’est ça le monde normal de la paix (sociale) ».
L’autre technique propagandistique consiste – c’est la base même de tout bon tour d’illusionniste – à orienter le regard du public vers un leurre pour pouvoir faire son tour de passe passe. Le 14 juin ce fut les « casseurs » qui furent utilisés pour détourner de la contestation de la loi Travail.
Les périodes de luttes économiques font tomber les masques pour qui veut bien voir. L’augmentation du nombre de tags sur Poitiers en période de mobilisation sociale a même fait la Une du quotidien local Centre Presse sur l’air du : « ils viennent jusque dans nos bras etc. »
Journalistes tou-tes pourri-es ? Affirmation trop globalisante pour rendre compte du réel. Le pluralisme de la presse continue d’être là dans chaque média et chacun-e peut trouver média à son pied. Mais le pluralisme dans les moments de tension sociale est tu par les chefs de rédaction qui reprennent la main sur les infos importantes : on ne joue plus, c’est la fin de la récré, il faut savoir servir les intérêts supérieurs de son camp, son monde et ses financeurs.
Dans le discours des maîtres le mot « casseur » renvoie au cliché que toute contestation est responsable d’une violence nihiliste. La technique policière de la nasse sert à terroriser et humilier pour provoquer une réaction violente de défense au sein de la manif et faire ainsi de belles images au 20 heures qui feront peur à qui serait tenté-e de participer à la manifestation/contestation. le « casseur » est un grand classique des récits journalistiques des manifs. Il offre un critère de distinction entre bon-ne et mauvais-e manifestant-e, entre serviettes et torchons. Diviser pour mieux régner.
Mais il n’empêche. Cette violence que toi, le tautau, tu revendiques et qui est cultivée par la technique policière, cette violence là me met mal à l’aise. Quel but sert-elle ? Qu’implique-t-elle ?
Pascal C
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