Non à l’in­va­sion de l’Ukraine par Poutine ! Soutien à la résis­tance ukrai­nienne ! Soli­da­rité avec l’op­po­si­tion russe à la guerre !

https://fourth.inter­na­tio­nal/fr/566/europe/426

Décla­ra­tion du Bureau exécu­tif de la IVe Inter­na­tio­nale

1. Avant l’aube du 24 février 2022, l’ar­mée russe a commencé à enva­hir l’Ukraine, bombar­dant l’in­té­rieur du pays et traver­sant les fron­tières nord, est et sud du pays, en se diri­geant vers Kiev, la capi­tale. Cette agres­sion a déjà fait de nombreux morts, civils et mili­taires. L’ar­mée et la popu­la­tion ukrai­niennes se défendent, plusieurs villes résistent à l’agres­seur. Des centaines de milliers d’Ukrai­niens ont pris la route de l’exil, mais la résis­tance conti­nue. Le peuple ukrai­nien résiste, avec et sans armes.

La recon­nais­sance par le Krem­lin, trois jours plus tôt, de « l’in­dé­pen­dance » des soi-disant « répu­bliques popu­laires » de Donetsk et de Lougansk et l’en­trée offi­cielle de l’ar­mée russe sur leur terri­toire n’étaient que le prélude à l’in­va­sion ayant pour but à la soumis­sion totale du pays voisin.

C’est une inva­sion mili­taire du terri­toire d’une ancienne nation oppri­mée, par un régime capi­ta­liste oligar­chique, auto­cra­tique et impé­ria­liste dont le but est la recons­truc­tion de l’em­pire russe.

2. Poutine n’a jamais caché son natio­na­lisme grand-russe et, depuis 2014, il a pris des mesures concrètes pour attaquer la souve­rai­neté de l’Ukraine. Son récit pseudo-histo­rique chau­vin, repro­chant à la révo­lu­tion d’Oc­tobre 1917 d’avoir consti­tué « trois peuples slaves distincts : Russe, Ukrai­nien et Biélo­russe, au lieu de la grande nation russe », n’est pas une inven­tion récente.

L’in­va­sion de l’Ukraine fait suite à une poli­tique chau­vine et impé­ria­liste de la Grande Russie qui a commencé dans diffé­rents contextes et phases depuis l’écla­te­ment de l’URSS : depuis l’uti­li­sa­tion de la « guerre éner­gé­tique » (jouant sur les prix et les oléo­ducs alter­na­tifs), jusqu’à l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion des conflits de mino­ri­tés natio­nales – comme en Molda­vie (avec la forma­tion de la « Répu­blique de Trans­nis­trie » avec le soutien de l’ar­mée russe en 1990–91) et en Géor­gie (avec la forma­tion de la « Répu­blique d’Ab­kha­zie » en 1992), et plus tard la guerre avec la Géor­gie pour le contrôle de l’Os­sé­tie du Sud (2008) – mais aussi par des guerres d’op­pres­sion directe comme la guerre d’oc­cu­pa­tion de la Tchét­ché­nie (1994–1996 et 1999–2009). À chaque fois, il s’agit de préser­ver les inté­rêts du Krem­lin ou de s’em­pa­rer de terri­toires. Mais globa­le­ment, les décen­nies Poutine (années 2000) corres­pondent à la (re)construc­tion d’un État fort (contrô­lant ses oligarques) moder­ni­sant son appa­reil mili­taire, établis­sant une union écono­mique euro-asia­tique – avec ses dimen­sions mili­taires. Une nouvelle phase a commencé en 2014 avec la crise ukrai­nienne et la chute de Ianou­ko­vitch (décrite comme un « coup d’État fasciste » sous l’égide de l’OTAN) suivie de l’an­nexion de la Crimée et de l’éta­blis­se­ment de « répu­bliques » sépa­ra­tistes dans le Donbass ukrai­nien contrôlé par des merce­naires pro-russes. Le soutien mili­taire apporté à Louka­chenko en Biélo­rus­sie contre le soulè­ve­ment popu­laire de 2020 et l’in­ter­ven­tion mili­taire (par le biais de l’OTSC, Orga­ni­sa­tion du traité de sécu­rité collec­tive sous hégé­mo­nie russe) pour « norma­li­ser » le Kaza­khs­tan en janvier de cette année ont permis à Poutine de se sentir plus fort dans le contexte de la défaite améri­caine en Afgha­nis­tan et des divi­sions ouvertes au sein des membres de l’OTAN sur les ques­tions éner­gé­tiques (gazo­duc).

L’Ukraine est un pays indé­pen­dant qui a préservé un régime de démo­cra­tie formelle. La Russie a un système parle­men­taire auto­ri­taire et répres­sif, avec des dépu­tés d’ex­trême droite à la Douma. En Ukraine, les forces d’ex­trême droite et fascistes étaient très visi­ble­ment présentes lors des mani­fes­ta­tions de Maidan en 2014. L’in­va­sion russe risque de renfor­cer les forces d’ex­trême droite exis­tantes, tant en Russie qu’en Ukraine. Les figures de proue des forces d’ex­trême droite et néofas­cistes au niveau inter­na­tio­nal soutiennent ouver­te­ment Poutine.

L’in­va­sion de l’Ukraine vise clai­re­ment à impo­ser un régime marion­nette, inféodé au Krem­lin et à Vladi­mir Poutine.

3. La propa­gande pouti­nienne a tenté de justi­fier l’agres­sion par l’élar­gis­se­ment de l’OTAN à l’est qui aurait ainsi mis en danger l’exis­tence de la Russie. L’OTAN (à laquelle nous nous sommes oppo­sés dès sa créa­tion) est un outil de l’im­pé­ria­lisme améri­cain et de ses alliés, initia­le­ment construit contre l’Union sovié­tique et la Chine commu­niste. Logique­ment, elle aurait dû être dissoute avec la disso­lu­tion du Pacte de Varso­vie en juillet 1991, mais les gouver­ne­ments état­su­niens succes­sifs l’ont non seule­ment péren­ni­sée, mais ont pour­suivi son exten­sion. Nous reje­tons la logique compé­ti­tive des pouvoirs des États capi­ta­listes, qui conduit à l’ac­cu­mu­la­tion d’armes toujours plus puis­santes. C’est ce qui motive l’op­po­si­tion à l’OTAN d’une grande partie de la popu­la­tion dans le monde – et ce n’est pas la préoc­cu­pa­tion de Poutine ! Cepen­dant, dans certains pays, qui avaient été colo­ni­sés par le tsarisme ou assujet­tis par l’URSS, l’adhé­sion à l’OTAN a été soute­nue par leurs popu­la­tions dans l’es­poir qu’elle proté­ge­rait leur indé­pen­dance. Nous défen­dons au contraire l’éra­di­ca­tion des inéga­li­tés, le néces­saire déve­lop­pe­ment social, envi­ron­ne­men­tal et démo­cra­tique comme moyen de défendre la paix.

La lutte contre l’ex­ten­sion de l’OTAN à l’Est passe aujourd’­hui par la défense intran­si­geante des droits natio­naux et démo­cra­tiques des peuples mena­cés par l’im­pé­ria­lisme russe.

Nous exigeons la disso­lu­tion de l’OTAN, mais ce n’est pas la ques­tion que pose la tenta­tive d’an­nexion de l’Ukraine par l’im­pé­ria­lisme russe, qui nie l’exis­tence même de cette nation – Poutine prétend qu’elle est une pure inven­tion de Lénine et des bolche­viks. L’im­pé­ria­lisme améri­cain ne fait que profi­ter de la fuite en avant du nouveau tsar du Krem­lin.

Nous soute­nons le droit à l’au­to­dé­ter­mi­na­tion du peuple ukrai­nien et la protec­tion des droits des mino­ri­tés natio­nales du pays. Ni la Russie ni l’OTAN ne défen­dront ces droits. Nous exigeons le déman­tè­le­ment de toutes les bases mili­taires en dehors de leur pays d’ori­gine, la disso­lu­tion de l’OTAN diri­gée par les États-Unis et de l’OTSC diri­gée par la Russie. La menace de l’uti­li­sa­tion d’armes nucléaires doit être ferme­ment reje­tée à tous les niveaux.

À l’heure où l’ur­gence abso­lue au niveau mondial devrait être la lutte contre le chan­ge­ment clima­tique accé­léré, le déve­lop­pe­ment par les impé­ria­listes d’aven­tures mili­taires et de systèmes d’armes toujours plus sophis­tiqués montre la néces­sité pour les peuples de desti­tuer leurs diri­geants irres­pon­sables et de chan­ger le fonc­tion­ne­ment de la société : contre la compé­ti­tion géné­ra­li­sée dont le capi­ta­lisme est porteur, impo­sons la logique de la soli­da­rité !

4. Alors qu’en 1968 lors de l’in­va­sion de la Tché­co­slo­vaquie on a compté sur les doigts d’une main les coura­geux oppo­sants russes, le jour même de l’in­va­sion de l’Ukraine des milliers de personnes sont descen­dues dans les rues d’une cinquan­taine de villes russes, braver les auto­ri­tés pour protes­ter contre l’at­taque de l’Ukraine ordon­née par Vladi­mir Poutine. « Non à la guerre ! », scan­daient les mani­fes­tant∙es, en majo­rité jeunes, qui s’étaient rassem­blés dans l’après-midi et en début de soirée dans les rues et sur les places centrales de Moscou, Saint-Péters­bourg, Novos­si­birsk, Ekate­rin­bourg, Kras­no­dar ou encore Mour­mansk. En 2014, parmi la popu­la­tion russe il y avait un soutien géné­ra­lisé à l’an­nexion de la Crimée, aujourd’­hui il y a une contes­ta­tion même au sein de l’es­ta­blish­ment, cela pour­rait conduire à la chute de Poutine.

170 jour­na­listes russes et experts spécia­listes de la poli­tique étran­gère de la Russie ont rédigé une lettre ouverte condam­nant l’opé­ra­tion mili­taire lancée par la Fédé­ra­tion de Russie en Ukraine. « La guerre n’a jamais été et ne sera jamais une méthode de réso­lu­tion des conflits et rien ne la justi­fie », ont-ils écrit.

Dès le premier jour des mani­fes­ta­tions, le régime a procédé des milliers d’ar­res­ta­tions et la police a bruta­lisé les mani­fes­tant∙es arrê­tés. Il a égale­ment ordonné de limi­ter l’ac­cès aux réseaux sociaux, accu­sés de « viola­tion des droits humains et liber­tés fonda­men­tales ainsi que des droits et liber­tés de citoyens russes » !

Malgré la répres­sion, un mouve­ment anti-guerre conti­nue à se déve­lop­per en Russie ! Il mérite la soli­da­rité du mouve­ment ouvrier mondial.

5. Face à la guerre en Ukraine, il est de la respon­sa­bi­lité de tou∙­te∙s les mili­tants du mouve­ment ouvrier et des mouve­ments sociaux, de celles et ceux qui se sont mobi­li­sés contre la guerre, de soute­nir la résis­tance de la nation ukrai­nienne oppri­mée. Pour arrê­ter cette guerre il faut sanc­tion­ner le régime de Poutine et aider l’Ukraine à faire face à l’agres­sion.

• Retrait immé­diat des forces armées russes de tout le terri­toire ukrai­nien, y compris des zones occu­pées depuis 2014.

Soli­da­rité et soutien à la résis­tance armée et non armée du peuple ukrai­nien. Livrai­son d’armes à la demande du peuple ukrai­nien pour lutter contre l’in­va­sion russe de son terri­toire. Il s’agit d’une soli­da­rité élémen­taire avec les victimes de l’agres­sion d’un adver­saire beau­coup plus puis­sant.

Soutien à toutes les formes d’auto-orga­ni­sa­tion pour l’aide mutuelle et la résis­tance de la popu­la­tion ukrai­nienne.

Soutien aux sanc­tions contre la Russie récla­mée par la résis­tance ukrai­nienne, pour limi­ter la capa­cité de Poutine à pour­suivre l’in­va­sion en cours et sa poli­tique belli­ciste en géné­ral. Rejet de toute sanc­tion qui frappe le peuple russe plus que le gouver­ne­ment et ses oligarques.

Ouver­ture des fron­tières pour accueillir les popu­la­tions qui doivent fuir la guerre en leur appor­tant l’aide concrète néces­saire à court et à plus long terme, en tenant compte notam­ment du fait que la grande majo­rité sont des femmes et des enfants.

Annu­la­tion de la dette ukrai­nienne, aide huma­ni­taire directe aux orga­ni­sa­tions civiles, syndi­cales et popu­laires en Ukraine !

Soli­da­rité inter­na­tio­na­liste

Nous affir­mons notre pleine soli­da­rité avec ceux qui se mobi­lisent contre la guerre en Russie et ceux qui luttent pour défendre l’in­dé­pen­dance de l’Ukraine.

Les inté­rêts des peuples, comme leur droit à la paix et à la sécu­rité, ne sont pas défen­dus par l’im­pé­ria­lisme améri­cain ou l’OTAN, ni par les impé­ria­lismes russe et chinois. Ces événe­ments extrê­me­ment graves nous rappellent plus que jamais la néces­sité de construire une mobi­li­sa­tion inter­na­tio­na­liste pour donner aux peuples une voix diffé­rente de celle des États et en soli­da­rité avec le peuple ukrai­nien contre toutes les poli­tiques qui l’at­taquent et l’op­priment. Les gouver­ne­ments ne lance­ront pas cette marche vers la paix. Nous devons l’or­ga­ni­ser nous-mêmes.

Non à la répres­sion du mouve­ment anti-guerre en Russie. Cons­trui­sons une soli­da­rité active et visible avec ce mouve­ment. Appe­lons les soldats russes à refu­ser de parti­ci­per à l’in­va­sion et orga­ni­sons la soli­da­rité avec eux, y compris l’asile poli­tique s’ils le demandent.

• Soutien aux forces progres­sistes qui luttent pour la démo­cra­tie et la justice sociale en Ukraine. Cons­trui­sons tous les liens possibles pour déve­lop­per un dialogue avec elles sur la voie à suivre pour une paix juste.

Pour une soli­da­rité inter­na­tio­nale avec notre propre camp social ! Cons­trui­sons des liens entre les mouve­ments popu­laires et ouvriers qui luttent pour la démo­cra­tie et la justice sociale en Russie, en Ukraine et dans d’autres pays de la région ainsi qu’au niveau inter­na­tio­nal.

• Seule la classe ouvrière inter­na­tio­nale, luttant ensemble avec tous les oppri­mé·es et exploi­té·es, pour la paix et contre l’im­pé­ria­lisme, contre le capi­ta­lisme et contre la guerre, peut créer un monde meilleur.

Le 1er mars 2022

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