Nous sommes toutes des « petites connes » – Tribune

Tribune sur le site de Media­part

Après les insultes du député UDI Meyer Habib, qui a quali­fié des parle­men­taires de « petites connes » suite à leur parti­ci­pa­tion à une danse pour dénon­cer l’im­pact de la réforme des retraites sur les femmes, un collec­tif d’élues et mili­tantes affirment que « les « petites connes » n’ont pas fini de faire enra­ger les sexistes de tout poil ». Elles appellent à « faire du 8 mars, jour­née inter­na­tio­nale des droits des femmes, la meilleure réponse qui soit ». 

https://blogs.media­part.fr/les-invites-de-media­part/blog/240220/nous-sommes-toutes-des-petites-connes

« Indi­gence », « ridi­cule », « pitre­ries », « harpies  » … ces derniers jours, des hommes, inter­nautes, anima­teurs d’émis­sion ou poli­tiques, s’en sont donnés à cœur joie pour expri­mer en toute décom­plexion leur sexisme, jusque dans des émis­sions grand public. Le comble est atteint quand le député UDI Meyer Habib déclare en plein hémi­cycle que quelques parle­men­taires, Clémen­tine Autain, Elsa Faucillon, Esther Benbassa, Manon Aubry, sont de « petites connes » parce qu’elles ont osé chan­ter et danser pour dénon­cer l’im­pact de la réforme des retraites sur les femmes.

Face à une réforme des retraites qui va aggra­ver les  inéga­li­tés entre femmes et hommes, refu­ser de céder au déses­poir et s’at­taquer par l’hu­mour et la paro­die au pouvoir appa­raît comme insup­por­table pour toute la phal­lo­cra­tie. La majo­rité ne ferait-elle mieux pas de s’émou­voir du fait que syndi­ca­listes, univer­si­taires, expertes de l’éga­lité femmes/hommes, alertent depuis des mois, argu­ments et chiffres à l’ap­pui, sur le danger que repré­sente la réforme des retraites pour l’au­to­no­mie écono­mique des femmes ?

Depuis des mois, les femmes sont au cœur des mobi­li­sa­tions sociales. Elles ont été nombreuses à enfi­ler un gilet jaune pour enfin être visibles et enten­dues. Elles sont de nombreuses soignantes à dénon­cer l’ago­nie de l’hô­pi­tal public. Et depuis plusieurs semaines, les femmes se lèvent face au projet de réforme des retraites du gouver­ne­ment. La choré­gra­phie « à cause de Macron » a joué un rôle de cata­ly­seur, reprise dans près d’une centaine de villes, par des femmes de tous hori­zons, toutes géné­ra­tions, dans les cortèges, devant les hôpi­taux, les univer­si­tés, les gares ou avec les travailleuses en grève de l’hô­tel Ibis Clichy-Bati­gnolles.

Dégui­sées en « Rosie la Rive­teuse », avec bleu de travail, fichu rouge, gants jaunes, elles dénoncent, avec cette icône inter­na­tio­nale deve­nue un symbole fémi­niste, les condi­tions de vie et de travail des femmes, bien moins payées en moyenne que leurs homo­logues mascu­lins. Elles exigent le retrait d’un projet de loi qui dimi­nuera d’au­tant plus leurs pensions, parce qu’elles cumulent bien plus que les hommes « les petits jobs en poin­tillés  » et les inter­rup­tions d’ac­ti­vité. Dans un système à points prenant en compte désor­mais toute la carrière, elles seront les «  grandes perdantes », contrai­re­ment à ce qu’a affirmé Edouard Philippe.

Des femmes parle­men­taires ont eu le courage de les rejoindre et tant mieux. Si elles sont des « petites connes », alors nous le sommes aussi et nous en sommes fières. Les « petites connes  » n’ont pas fini de faire enra­ger les sexistes de tout poil, à la télé­vi­sion comme à l’As­sem­blée,  à refu­ser le mépris et à exiger le retrait d’une réforme profon­dé­ment injuste. Ils détestent notre joie car elle est commu­ni­ca­tive et nous donne l’éner­gie de lutter contre l’ave­nir morose qu’ils veulent nous impo­ser. Alors nous, « petites connes », conti­nue­rons de danser partout où nous le voudrons et appe­lons à faire du 8 mars, jour­née inter­na­tio­nale des droits des femmes, la meilleure réponse qui soit.

Vous pouvez signer cette tribune ici sur le site d’ATTAC

Signa­taires :

Verveine Angeli, secré­taire natio­nale de l’Union syndi­cale Soli­daires
Ana Azaria, prési­dente de Femmes Égalité
Sophie Binet, CGT
Leila Chaibi, Dépu­tée euro­péenne LFI
Lou Chesne, Attac et co-coor­di­na­trice de l’ini­tia­tive « à cause de Macron »
Myriam Chopin, histo­rienne
Annick Coupé, secré­taire géné­rale d’At­tac
Laurence De Cock, histo­rienne
Chris­tine Delphy, socio­logue, CNRS
Caro­line Fiat, dépu­tée natio­nale LFI
Sigrid Gérar­din, secré­taire natio­nale FSU
Raquel Garrido, avocate chro­niqueuse
Murielle Guil­bert, secré­taire natio­nale Union syndi­cale Soli­daires
Aurore Lalucq, dépu­tée euro­péenne Place publique
Mathilde Larrère, histo­rienne
Claire Lejeune, co-secré­taire fédé­rale des Jeunes Écolo­gistes
Gaëlle Marti­nez, délé­guée géné­rale Soli­daires Fonc­tion Publique
Caro­line Mecary, avocate
Claire Monod, Coor­di­na­trice Natio­nale de Géné­ra­tion.s
Mathilde Panot, dépu­tée natio­nale LFI
Anne-Sophie Pelle­tier, Dépu­tée euro­péenne LFI
Marie Pochon, Secré­taire Géné­rale de Notre Affaire à Tous
Chris­tine Poupin, porte-parole du NPA
Sandra Regol, secré­taire natio­nale adjointe d’EELV
Aude Rossi­gneux, ancienne jour­na­liste
Eva Sas, Porte Parole d’EELV
Rachel Silvera, écono­miste, Univer­sité Paris-Nanterre
Char­lotte Soulary, co-fonda­trice du collec­tif Chair
Sophie Taillé-Pollian, séna­trice Géné­ra­tion.s
Marie Tous­saint, dépu­tée euro­péenne EELV
Auré­lie Trouvé, porte-parole d’At­tac
Eliane Vien­not, histo­rienne
Youlie Yama­moto, Attac et co-coor­di­na­trice de l’ini­tia­tive « à cause de Macron »

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