Le journaliste Hubert Huertas, dans Mediapart, pointe la force de Macron:
« Dans le récit qu’il répète à n’en plus finir, et que ses partisans reprennent, il ne serait qu’un homme, avec ses limites et ses faiblesses, mais contrairement à ses prédécesseurs, il ferait ce qu’il a promis. Sa parole, même hasardeuse et mal calibrée, aurait l’autorité de la chose écrite avant les élections, et paraphée par le peuple. Il serait à la fois autoritaire et soumis. Intransigeant sur son cap et sa fonction, mais fidèle à ses engagements.
Pour l’immédiat, cet argument est ravageur même s’il est en partie préfabriqué. (…)
Mais c’est ainsi pour cette séquence. Il est admis que le « nouveau monde » serait incarné par le président dès lors qu’il applique sans faille la feuille de route présentée aux Français.
C’est le sésame du moment. Avec lui, le locataire de l’Élysée se sent pousser des ailes de propriétaire. Il peut annoncer des contrôles accrus pour les chômeurs, organiser ou tolérer la chasse aux immigrants, offrir au Medef des facilités pour les licenciements, la question n’est plus de savoir si ce remède est un bien ou un poison, elle se réduit à un mot magique : il l’a dit pendant sa campagne. »
Bien vu. Sinistre bilan.
Mais la faiblesse de Macron tient dans son orgueil sans limite, son indifférence à constituer un groupe politique qui soit autre chose qu’un ramassis d’ambitieux serviles, de bourgeois jouant aux députés en se plaignant de ne gagner que 5000 euros par mois, (je dois manger des pâtes pleurniche l’un, on ne peut même plus parader en Porsche Cayenne s’exaspère l’autre). Un gouvernement avec ce Castaner qui a pour principal talent de clamer son amour pour son maître et qui vient d’oser dire que les SDF étaient volontaires pour rester dans la rue. Volontaires pour ne jamais accéder à un logement décent sans promiscuité? Sans parler de ce Collomb qui chasse les migrants avec une détermination voulue par Macron (il faut des règles dit le petit homme ). Quelle honte que ces âmes mortes nous gouvernent!
La voila leur « société civile » à eux telle qu’annoncée durant les élections législatives: les patrons et les DRH qui ont pourri la vie des salariés qui leur étaient subordonnés et qui utilisent maintenant leur savoir-faire au service du président des riches et en fin de compte toujours au service de la classe des « entrepreneurs », soit des exploiteurs. En fait, ils ne savent pas faire grand chose d’autre que de répéter leur disent leurs chefs qui reviennent de l’Élysée avec les éléments de langage du jour ; leur médiocrité se confirme; cela se verra de plus en plus.
Macron répétant la formule de Kennedy (1917–1963) pour signifier ce qu’est le « nouveau monde » qu’il prétend incarner, tout en se mirant plein de contentement dans le miroir médiatique, a dit aux Français lors des vœux de fin 2017 de se poser la question de ce qu’ils « pouvaient faire pour leur pays ».
Bonne question. Pour notre pays, pour ce pays qui fut celui de la Révolution française, de la Commune de Paris, de la Résistance et de la fondation de la Sécurité sociale, de 1968 aussi, le mieux qu’il y a à faire c’est d’agir pour se débarrasser de ce régime au plus vite. Saper la légitimité de ce pouvoir nuisible, avec détermination et constance.
Ce serait une année sympathique que de faire le bilan, fin 2018, d’y avoir contribué avec force. Tentons ça.
Pascal Boissel, 1–01–2018