5 décembre 2025

Regards. 17 septembre. USA. « Meurtre de Char­lie Kirk : une occa­sion pour écra­ser la gauche et la société »

Meurtre de Char­lie Kirk : une occa­sion pour écra­ser la gauche et la société

par Cathe­rine Tricot

Cela fait à peine 10 mois que Trump a été élu, moins encore qu’il est président des Etats-Unis. Jour après jour, il faut prendre la mesure de la radi­cale rupture qu’il a opérée en mettant en cause la mondia­li­sa­tion libé­rale, l’al­liance occi­den­tale, le consen­sus sur l’éga­lité de genre, la démo­cra­tie.

L’as­sas­si­nat du jeune leader d’ex­trême droite Char­lie Kirk pour­rait ampli­fier la dyna­mique trum­pienne et avoir de gigan­tesques réper­cus­sions. En mettant en berne les drapeaux améri­cains, Donald Trump l’érige en héros natio­nal. Dans la foulée, il se dit favo­rable « à 100 % » à la dési­gna­tion des « anti­fas » comme orga­ni­sa­tion terro­riste. Le vice-président JD Vance et le chef adjoint de l’ad­mi­nis­tra­tion Stephen Miller ont donné une portée géné­rale à leurs discours : tous deux s’en sont pris à « la gauche » et son « réseau d’or­ga­ni­sa­tions » accu­sés de soutien aux émeu­tiers. Dans le viseur des deux idéo­logues au pouvoir : les employés fédé­raux, les éduca­teurs, les infir­mières, les profes­seurs… Assu­rant vouloir « esca­la­der la montagne de la vérité », ils ont proféré un discours de guerre civile et dési­gné leurs enne­mis : « il n’y a pas d’unité avec ceux qui célèbrent l’as­sas­si­nat de Char­lie Kirk », avec « ceux qui financent ces articles, qui paient les salaires de ces sympa­thi­sants des terro­ristes ». Trump a demandé au minis­tère de la justice d’en­ga­ger des procé­dures en lien avec le crime orga­nisé contre ceux qui « consacrent des millions et des millions pour de l’agi­ta­tion ». Trump et Vance veulent inti­mi­der, faire taire, écra­ser leur propre société. Et ils ne sont pas sans succès : des univer­si­tés négo­cient, la presse tremble, les artistes se taisent, le Parti démo­crate se terre.

Trump s’en prend à toutes les insti­tu­tions qui ont un poids réel et symbo­lique : les univer­si­tés, les jour­naux, les juges locaux, la Fed. Le mensuel de la gauche intel­lec­tuelle améri­caine, The Nation, est accusé d’être au centre d’« un vaste écosys­tème d’en­doc­tri­ne­ment orga­nisé ». Trump est menaçant. D’au­tant que le Président vient d’as­si­gner le New York Times devant les tribu­naux et lui réclame 15 milliards de dommages et inté­rêts. Trump compte une fois encore sur la Cour suprême qu’il appel­lera à arbi­trer en dernière instance. Asso­ciés au pouvoir concen­tré du président, ses juges nommés à vie se révèlent être le bras armé de la désta­bi­li­sa­tion de la démo­cra­tie améri­caine. Elle appa­raît bien fragile. Le pouvoir fédé­ral est asservi à une seule idéo­lo­gie, à un homme et son clan. Trump use sans limites de tous les moyens de l’État pour empê­cher la contes­ta­tion – la police, l’ar­mée, la justice et l’argent. 

Dans la bouche du président étasu­nien, la bruta­lité se présente dans un langage enfan­tin et naïf. Dans celle de JD Vance, elle s’ex­prime dans un registre messia­nique, retour­nant les concepts démo­cra­tiques. Tous deux se veulent les défen­seurs de l’his­toire améri­caine et du premier amen­de­ment qui sanc­tua­rise le free speech, la liberté d’ex­pres­sion. Bon sens, mission divine et retour à l’ordre inéga­li­taire – de race, de sexe, de classe : ces dimen­sions s’en­tre­mêlent dans le discours trum­piste. On les retrouve de plus en plus en Europe. Le fascisme se met en place. Il faut consta­ter ses soutiens. Il faut le combattre et nulle­ment tenter de l’ama­douer comme trop de gouver­nants le tentent encore. Au risque de finir rangés derrière lui.

Cathe­rine Tricot

 

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