Le projet Delevoye-Macron qui contient un nouveau cadeau pour les très hauts revenus, élargissant encore plus le boulevard à la capitalisation n’échappe pas à ce dicton.
Le premier ministre l’a annoncé : jusqu’ à 120 000 euros de revenus annuels, soit 10 000 euros mensuels, la cotisation retraite des plus hauts revenus serait comme tout le monde sur la base de 28%, ouvrant droit à pension.
Mais au delà, ce serait un prélèvement de 2,8% n’ouvrant pas droit à pension. La communication gouvernementale a mis en mot les éléments de langage qui vont bien : contribution de solidarité pour les plus petites retraites !
Pour un peu on pourrait croire qu’on s’attaque aux plus hauts revenus !
Sauf que si l’on regarde ce qui change avec le système actuel on découvre le pot aux roses : actuellement les cotisations retraites des hauts revenus sont obligatoirement prélevées à 28% jusqu’à 27 000 euros bruts par mois soit 324 000 euros par ans !
Concrètement, avec le projet Delevoye, entre 120 000 euros et 324 000 d’euros on passerait de 28% de prélèvement retraite à 2,8% .
Selon l’Institut de la protection sociale qui a réalisé une simulation de cotisation comparant système actuel et système envisagé par Delevoye, les cotisations versées pour un haut cadre payé 27 000 euros brut par mois (soit 324.000 euros par an) devraient baisser de 47 936 euros, euros, passant de 87 816 euros à 39 880 euros par an. Dans le détail cela fait une baisse de 17 798 euros de part salarié de cotisations retraites et une baisse de 30 138 euros de part employeur.
Quelles conséquences ?
Cela représente certes une perte de droits à pensions de retraite via le régime de base de la sécurité sociale et les régimes Agirc/Arrco.
Mais cela signifie concrètement une forme renforcée de sortie du système collectif de la sécurité sociale, un pas de plus dans sa démolition, et ouvre un espace majeur pour la capitalisation.
En effet il y a de grandes chances que les assurances et les fonds de pensions vont se présenter auprès de ces hauts revenus et de leurs employeurs pour leur proposer des contrats d’assurances retraites et autres PER tels qu’ils ont été mis en place par la loi Pacte promulguée en juin dernier.( ils peuvent être individuel , collectif ou d’entreprise)
Au total double bingo :
1) on a vu que les cotisations vers la sécu ou les complémentaires obligatoires baissent sensiblement ;
2) les versements sur les PER bénéficient de réductions fiscales fort intéressantes.
BLackrock, le premier gestionnaire d’actifs financiers au monde se frotterait les mains. Ce géant financier dont Médiapart a révélé la grande proximité avec le gouvernement français, les responsables des finances publiques, et l’ actuel président Emmanuel Macron, a en effet argumenté dans une note au gouvernement français de juin 2019 que l’épargne retraite en France, avec seulement 130 milliards d’euros, était à un niveau tout à fait insuffisant et que des mesures devaient être prises pour faire enfin avancer la capitalisation.
Bruno Percebois