Cet appel a été publié sur Mediapart le 21 avril.
« Faire gagner la gauche passe par le vote Mélenchon »
Autour de l’écrivaine Annie Ernaux, des écrivains, artistes, cinéastes et intellectuels appellent à voter Jean-Luc Mélenchon pour « faire gagner la gauche et faire battre la droite et l’extrême-droite ». Tout en précisant qu’ils ne sont pas « le petit doigt sur la couture du pantalon » et qu’ils ont ou auront des divergences avec le candidat de la France insoumise.
« Nous nous inscrivons dans la lignée de ceux qui ont combattu dès son origine les institutions monarchiques de la Vème République. Et parce que nous avons une haute idée de la démocratie, nous considérons que pour la faire vivre, il est nécessaire qu’une critique radicale du capitalisme soit possible : de sa domination économique, politique, mais aussi culturelle, cognitive, psychologique. Nous sommes écœurés par la désinformation et la censure qui sévit partout (et notamment la caricature du programme de Jean-Luc Mélenchon et des Insoumis), orchestrée par les propriétaires de la plupart des moyens d’information. Nous n’admettons pas que toute la classe politique fasse bloc contre un candidat, Jean-Luc Mélenchon, parce qu’il menace les intérêts dominants – et les soubresauts de la bourse sont significatifs à cet égard.
Pour qu’enfin, la démocratie cesse d’être réduite à un choix par défaut, pour que demain nous puissions recommencer à relever l’immense défi de l’exigence de justice sociale, d’égalité et de dignité pour tous les individus – que n’aurait jamais dû cesser de signifier le mot « gauche » -, pour toutes ces raisons, nous appelons à voter Jean-Luc Mélenchon.
Nous ne sommes pas le petit doigt sur la couture du pantalon. Nous avons et nous aurons des divergences avec Jean-Luc Mélenchon.
Mais nous voulons que renaisse dans ce pays une gauche puissante, qui en finisse avec les désastreux relents racistes et fascistes de la petite entreprise d’extrême-droite des Le Pen. S’il y a eu une montée insupportable de l’extrême-droite dans ce pays, l’une des principales raisons en est la criminalisation de toute véritable pensée critique de la domination de l’argent. Nous n’acceptons pas ce déni de réalité, imposé par des « intellectuels » qui ont depuis quarante ans réalisé une OPA sur la « gauche ».
Il ne s’agit pas de choisir un homme, mais une volonté politique d’en finir avec le régime présidentialiste de la Vème République, et, par l’élection d’une assemblée constituante, de rechercher ensemble des solutions pour briser les liens antidémocratiques entre les grands argentiers du CAC 40 et l’Etat, pour l’avènement d’une république sociale. Il ne s’agit pas de sortir de l’Europe mais de dire haut et fort que nous n’acceptons pas cette Europe des banquiers qui a mis la Grèce à terre.
Nous sommes internationalistes et nous voulons que la pensée critique puisse s’exercer à l’échelle internationale, en dialoguant, sur les cinq continents, avec ceux qui luttent partout contre la tyrannie des oligarchies locales, qu’elles soient sous domination américaine, ou russe, ou chinoise, ou nationales. Nous sommes d’accord avec la proposition de Jean-Luc Mélenchon d’ouvrir largement les portes de l’Académie française aux pays francophones – en affirmant que la langue française peut et doit s’émanciper de tout le passé colonialiste et de tout relent de discours post-colonialiste : les esprits suivront. Nous sommes d’accord avec cette autre proposition de Jean-Luc Mélenchon, de mettre à contribution les profits générés par les œuvres des auteurs tombés dans le domaine public pour créer un fonds de soutien à la création littéraire et intellectuelle contemporaine.
Femmes et hommes écrivains, cinéastes, intellectuels, artistes, nous voulons retrouver les chemins de l’engagement collectif à gauche, bâtir une nouvelle hégémonie par et pour le peuple. Cette démarche nécessite le rassemblement et l’union. Une union des gauches écarte un PS qui a cédé aux sirènes du social-libéralisme, ne soutient que du bout des lèvres son candidat, et prépare une alliance pour les législatives avec la néo-droite d’Emmanuel Macron, au détriment des écologistes et des frondeurs. Nous n’acceptons pas que le Parti socialiste, pris en otage par ses dirigeants, prépare la continuité de la politique de droite menée par François Hollande, en s’alliant avec le candidat des banques et de l’énarchie au service du CAC 40 : Emmanuel Macron.
Nous appelons écologistes et frondeurs, et tous les électeurs de la gauche sincère à saisir la chance historique qui nous est offerte, et à participer avec nous à une recomposition politique : vouloir faire gagner la gauche et faire battre la droite et l’extrême-droite, passe aujourd’hui par le vote pour Jean-Luc Mélenchon.
Premiers signataires :
Annie Ernaux, écrivaine,
Pascale Fautrier, écrivaine,
Robert Guédiguian, réalisateur,
Jean-Yves Mollier, historien,
Gérard Mordillat, réalisateur et auteur,
Jean Ortiz, universitaire, Alain Ruscio, historien, Louis Weber, éditeur, Jean-Paul Scot, historien, Claude Mazauric, historien, Simone Mazauric, historienne des sciences et philosophe, Olivier Steiner, écrivain, Bertrand Rothé, professeur agrégé et journaliste, Yves Charnet, écrivain, Eugène Durif, écrivain, Frédéric-Yves Jeannet, écrivain, Augustin Charnet, chanteur, Jacques Bidet, philosophe, Pierre Serna, historien, Sophie Wahnich, historienne, directrice de recherche CNRS, Bernard Foutrier, historien, Pierre Bergounioux, écrivain, Roger Martelli, historien, Vincent Dieutre, cinéaste,
Marie-Jean Sauret, psychanalyste, Olivier Long, universitaire et peintre, Julien Cendres, écrivain,
Ernest Pignon-Ernest, artiste peintre.