Le 19 janvier, Jean-François Chazerans, professeur de philosophie est entendu par deux inspecteurs d’académie venus dans son lycée, le lycée Victor Hugo, à Poitiers. Puis il est suspendu, « mesure conservatoire » par le Recteur de l’académie de Poitiers pour 4 mois. Des « propos inadéquats en classe » lors de cours le 8 janvier, lui sont reprochés, sur plainte de certaines familles anonymes, dit le Recteur. Peu avant la minute de silence voulue par l’Etat en hommage aux assassinés de Charlie hebdo et des juifs massacrés du super cacher et des policiers et de l’agent d’entretien abattus, minute de silence à laquelle il ne participera pas. Le Recteur l’accuse d’avoir perturbé cette minute de silence…Puis le recteur, transmet au procureur. On parle d’ « apologie d’actes de terrorisme ».
Voici le communiqué du recteur (celui qui s’est fait connaître pour un powerpoint islamophobe et grotesque il y a peu) :
« La minute de silence décrétée par le Président de la République le 8 janvier dernier en hommage aux victimes après l’attentat contre Charlie Hebdo(..;) quelques incidents très minoritaires ont été signalés. Un enseignant, mis en cause par des témoignages écrits de parents d’élèves pour des paroles totalement inacceptables, a été entendu dans le cadre d’une enquête administrative menée immédiatement dans l’établissement.
Compte tenu des propos qui sont prêtés à l’enseignant, un signalement au Procureur de la République de Poitiers a été effectué. Ce dernier a décidé d’ouvrir immédiatement une instruction préliminaire.(…) le rectorat se devait d’écarter l’enseignant des élèves le temps de vérifier les informations transmises : c’est l’objet de la procédure de suspension qui a été prononcée envers l’enseignant. Cette suspension n’est pas une sanction mais une mesure conservatoire permettant de protéger à la fois les élèves comme l’enseignant. (…) »
J.F. Chazerans en connu comme étant un animateur du DAL86, un activiste inlassable qui créa des cafés philo sur la ville et participa à un comité anti-répression, entre autres particularités biographiques.
Le 26 janvier, cette suspension est annoncée dans le journal La Nouvelle République. Il reçoit le soutien du SNES et d’autres organisations.
Le 28 janvier, un mercredi midi, un rassemblement de solidarité rassemble entre 200 et 300 personnes, avec les syndicats de la FSU et FO, des militants, des lycéens et des parents d’élèves.
Un groupe de soutien Facebook se met en place : https://www.facebook.com/groups/540005932808394/
Le 30 janvier, J.F.Chazerans apprend qu’il est convoqué le 13 mars devant une commission de discipline académique, pour les « propos inadéquats ».
Le 2 février, communiqué de soutien de la FCPE du lycée : « Nous apprenons maintenant que l’accusation d’ « apologie d’actes de terrorisme » se réduit à celle de « propos déplacés ». Les élèves étaient-ils à ce point en danger qu’il fallût, de toute urgence, prendre une mesure conservatoire en suspendant l’enseignant ? Une telle décision, loin de calmer les esprits, n’est-elle pas de nature à inquiéter l’ensemble de la communauté et, en premier lieu, les lycéens eux-mêmes ? »
Le 5 février, grève de la moitié des professeurs du lycée. Grève intersyndicale; extraits de leur déclaration:
« Les motifs de notre indignation : La gravité et la rapidité de la décision de suspension prise à l’encontre d’un professeur pour des mots utilisés en classe. La méthode employée pour ce faire : suite à un courrier de parents envoyé au recteur, audition d’un nombre très restreint d’élèves, audition de ce professeur sans qu’il puisse être accompagné par un représentant des personnels »
http://poitiers.snes.edu/solidarite-avec-notre-collegue-de-philo-de-poitiers/
Le 12 février, J.F. Chazerans peut consulter son dossier avec son avocat, A. Auzou ; ils déclarent qu’il n’ y a rien de probant dans ce dossier
Le 25 février, communiqué du DAL national en soutien à J.F. Chazerans, porte parole du DAL86 :
« (…)Cette accusation est infondée et parfaitement injustifiée concernant François CHAZERANS qui est militant de toujours pour les droits, la justice sociale et la liberté d’expression. Cette sanction arbitraire et précipitée est en réalité la conséquence de son engagement militant et de son regard critique sur notre société. La liberté d’expression est bien la cible du rectorat.
Mais pas seulement, puisque depuis la création du DAL à Poitiers en février 2012, la “gent” locale s’en prend aux militants du comité, et tente de criminaliser le mouvement afin de décourager son action très efficace et accrocheuse. Jean-François est donc “ciblé”.
D’autres comités DAL et militants sont visés par la répression judiciaire, policière, financière qui s’est renforcée depuis 2012. Droit Au Logement est un mouvement fondamentalement non violent, et son action est incompatible avec le terrorisme d’où qu’il vienne. Son action a pour objet de faire respecter et appliquer le droit au logement stable, décent, accessible, pour les sans logis et les mal logés, pour tous et toutes. Incontestablement, l’action des militant-e-s du DAL dérange les potentats locaux, les notables et les profiteurs du logement cher. Les solutions pour y remédier sont souvent contraires à leurs intérêts et certains tirent profit de la crise du logement . Nous appelons à un ralliement large pour la défense de Jean François CHAZERANS que le recteur veut bâillonner, pour l’abandon de toutes poursuites à son encontre, pour la liberté d’expression et celle de militer pour les droits des opprimés. »
Le 26 février, il est convoqué au commissariat de police, dans les suites de l’accusation d’ « apologie d’actes de terrorisme ». Il y restera 8 heures, avec son avocat !
C’est un acharnement administratif, policier et judiciaire, donc politique dont est l’objet JF Chazerans ! C’est en pleines vacances scolaires locales qu’il a été convoqué par la police, dans le but clair de rendre l’organisation de la solidarité immédiate plus difficile.
Nous exigeons l’arrêt de ces poursuites infondées contre Jean-François Chazerans et son retour immédiat dans son lycée.
Le 3 mars, participons nombreux à la soirée de soutien qui aura lieu au bar associatif le Plan B à Poitiers, organisée par le DAL86.
Pascal Boissel, 26.02.2015.
Nos articles sur cette affaire, du plus récent au plus ancien, le 26 janvier:
https://reve86.org/prof-suspendu-le-tract-des-personnels-grevistes/
https://reve86.org/peut-on-rire-avec-les-generaux-la-hierarchie-policiere-et-le-recteur-de-lacademie-de-poitiers/
https://reve86.org/affaire-du-prof-de-philo-lettre-ouverte-des-parents-deleves/
https://reve86.org/prof-suspendu-lintersyndicale-du-lycee/
https://reve86.org/prof-de-philo-suspendu/
https://reve86.org/prof-de-philo-suspendu-a-poitiers/
https://reve86.org/prof-de-philo-de-poitiers-suspendu/
https://reve86.org/petition-reintegration-du-professeur-de-philosophie-de-poitiers/
https://reve86.org/le-recteur-de-poitiers-contre-la-liberte-dexpression/
Encore un super article, BRAVO PASCAL!!!
C’est profondément révoltant!!!
Je serai au PLAN B le 3 mars
BENOIT
Merci! et à mardi, Benoit.