1er mai : « plus jamais ça ! »

Appel de 25 asso­cia­tions et syndi­cats

Nos orga­ni­sa­tions appellent à parti­ci­per aux mobi­li­sa­tions syndi­cales pour donner au 1er mai 2020, jour­née inter­na­tio­nale de lutte des travailleuses et travailleurs, un écho tout parti­cu­lier dans le contexte de crise sani­taire. La pandé­mie qui se répand dans le monde entier révèle de manière tragique les dérè­gle­ments du capi­ta­lisme néoli­bé­ral et produc­ti­viste ainsi que les dysfonc­tion­ne­ments de l’ac­tuelle gouver­nance mondiale. La situa­tion néces­site d’af­fron­ter ensemble les urgences écolo­giques, sociales et démo­cra­tiques.
Les impé­ra­tifs de santé publique seront à l’hon­neur de ce 1er mai. Nos orga­ni­sa­tions appellent à mani­fes­ter la soli­da­rité avec les travailleurs.ses, en France et dans tous les pays, dont les acti­vi­tés conti­nuent, souvent sans même le maté­riel de protec­tion néces­saire. La soli­da­rité aussi avec les « invi­sibles » que la crise a pour­tant révélé.e.s comme indis­pen­sables, ainsi qu’a­vec les précaires et les « sans », dont la situa­tion s’est drama­tique­ment aggra­vée pendant la crise.
Pour tout cela, nous exigeons :
que la santé de toutes et tous soit une prio­rité, main­te­nant et après le 11 mai, date annon­cée de sortie du confi­ne­ment alors même que les condi­tions sani­taires ne sont pas réunies.
-> que toutes les mesures d’ur­gence soient prises pour lutter contre les inéga­li­tés sociales et pour préser­ver les droits de chacun.e durant cette période, dont celui d’un travail, d’une alimen­ta­tion, d’un loge­ment de qualité.
-> que la protec­tion sociale des jeunes soit refon­dée afin de les faire rentrer dans le droit commun. Les jeunes ne peuvent être ni la variable d’ajus­te­ment, ni les oublié.e.s de l’après.
-> que la lutte contre le chan­ge­ment clima­tique et la protec­tion de la biodi­ver­sité soient des prio­ri­tés pour le plan de relance de l’éco­no­mie, à la mesure de l’ur­gence clima­tique.
-> une soli­da­rité avec les popu­la­tions des pays pauvres, premières victimes des dérè­gle­ments clima­tiques, touchés par la crise sani­taire alors que leurs systèmes de santé et leurs services publics sont encore moins prépa­rés que le nôtre à faire face à cette pandé­mie, sous la menace de crises alimen­taires émer­gentes, passant en premier lieu par l’an­nu­la­tion de leur dette exté­rieure et le verse­ment de finan­ce­ments addi­tion­nels d’ur­gence.
-> que les multi­na­tio­nales s’as­surent du respect des droits humains et de condi­tions de travail décentes pour les travailleuses et travailleurs employé.e.s par leurs filiales, four­nis­seurs et sous-trai­tants à travers le monde plutôt que de les lais­ser sans reve­nus, aides ou protec­tions sociales, les rendant plus vulné­rables aux risques d’ex­ploi­ta­tion plutôt que de verser des divi­dendes à leurs action­naires.
Le monde d’après doit enfin appliquer l’éga­lité profes­sion­nelle entre les femmes et les hommes. Ce sont souvent des femmes, dans l’en­semble du secteur de la santé et du social, dans les services publics, dans les commerces, dans l’agroa­li­men­taire, qui ont sauvé des vies, ont permis de nous alimen­ter, ont assuré des missions de protec­tion de la popu­la­tion et ont permis à notre pays de tenir alors qu’elles sont toujours bien moins payées que les hommes : il est temps de recon­naître leur inves­tis­se­ment.
Le monde d’après ne doit pas non plus se solder par de nouvelles régres­sions des droits démo­cra­tiques.
De ce point de vue, en France comme ailleurs conscient.e.s de la néces­sité de respec­ter toutes les mesures de confi­ne­ment néces­saires, nous ne sommes pas moins indi­gné.e.s des violences poli­cières, des contrôles abusifs, des atteintes à la protec­tion des données person­nelles et de la vie privée, de la viola­tion des droits des migrant.e.s …
Lors de ce 1er mai, nous mani­fes­te­rons aussi pour exiger un plan de relo­ca­li­sa­tion soli­daire et écolo­gique des acti­vi­tés de l’in­dus­trie, de l’agri­cul­ture et des services :
• « plus jamais » des travailleur-ses mis.e.s en concur­rence et appau­vri.e.s !
• « plus jamais » la dépen­dance aux marchés inter­na­tio­naux comme le manque de masques, de surblouses et de médi­ca­ments,
• « plus jamais » les produits qui font le tour de la planète engen­drant pollu­tions et émis­sions de gaz à effet de serre !
• Et « plus jamais » la capta­tion des ressources natu­relles du Sud au seul profit des trans­na­tio­nales des pays riches.
Pour que le jour d’après ne soit plus comme le jour d’avant, tout soutien public aux entre­prises doit d’ores et déjà être condi­tionné à une recon­ver­sion écolo­gique et sociale, qui nous permet­tra de créer des centaines de milliers d’em­plois de qualité en France. Le gouver­ne­ment ne doit pas remettre en cause, sous l’in­fluence des indus­tries polluantes, les enga­ge­ments et les objec­tifs envi­ron­ne­men­taux, déjà très en dessous du niveau exigé par l’ur­gence clima­tique. Il doit aussi suspendre les ventes d’armes qui alimentent les conflits et le terro­risme, et réflé­chir à aban­don­ner la dissua­sion nucléaire coûteuse et plus dange­reuse qu’ef­fi­cace. Nous exigeons que la lutte contre le chan­ge­ment clima­tique et la protec­tion de la biodi­ver­sité soient des prio­ri­tés pour le plan de relance de l’éco­no­mie, et qu’elles soient à la mesure de l’ur­gence clima­tique.
Lors de ce 1er mai, nous mani­fes­te­rons encore pour obte­nir un plan de déve­lop­pe­ment de tous les services publics et une reva­lo­ri­sa­tion des métiers d’uti­lité publique :
• « plus jamais » les hôpi­taux débor­dés du fait des ferme­tures de lits et du manque de soignant.e.s,
• « plus jamais » d’une recherche publique manquant de crédits,
• « plus jamais » des services publics exsangues,
• « plus jamais » des Ehpad délais­sés,
• « plus jamais » des personnes sans revenu et en préca­rité alimen­taire.
• « plus jamais » de fausses excuses quant au manque de budget public pour les finan­cer, alors qu’une fisca­lité plus juste (y compris sur la fortune / le patri­moine), une véri­table lutte contre l’éva­sion fiscale et la trans­for­ma­tion de la dette publique en dette perpé­tuelle à taux zéro par la BCE en donne­raient les moyens.
Même confiné.e.s, mani­fes­tons toutes et tous le 1er mai, depuis chez soi, avec des pancartes, bande­roles ou en enva­his­sant les réseaux sociaux. Rendons visibles, expri­mons ce que nous voulons en France comme ailleurs: un chan­ge­ment de cap, pour un futur écolo­gique, social, fémi­niste et démo­cra­tique !

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