Voici des extraits d’un article de Mediapart daté du 27 au soir.
Vendredi 27 octobre au soir, les forces armées israéliennes ont annoncé avoir « élargi leurs opérations au sol » dans la bande de Gaza. L’annonce a été précédée de bombardements d’une ampleur inédite sur l’enclave et d’une coupure massive des télécommunications. Le Hamas a fait état de « violents combats ».
Vendredi 27 octobre au soir, la menace semble avoir été mise à exécution. L’« attaque intégrée et coordonnée par voie aérienne, maritime et terrestre » contre la bande de Gaza, annoncée par les forces armées israéliennes depuis le 14 octobre, commence à prendre corps. (…)
Au moment des premières annonces israéliennes, le secrétaire général de l’ONU António Guterres lançait cet appel sur les réseaux sociaux : « Je réitère mon appel à un cessez-le-feu humanitaire au Moyen-Orient, à la libération inconditionnelle de tous les otages et à la livraison de fournitures vitales à l’échelle nécessaire. Chacun doit assumer ses responsabilités. C’est un moment de vérité. L’histoire nous jugera tous. »
Peu après à New York, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait une résolution non contraignante, présentée par la Jordanie, appelant à une « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue » et exigeant que toutes les parties respectent le droit humanitaire international et la fourniture « continue, suffisante et sans entrave » d’approvisionnements et de services essentiels dans la bande de Gaza.
Le texte appelle également à la « libération immédiate et inconditionnelle » de tous les civils retenus en captivité et exige qu’ils soient traités humainement, conformément au droit international. La résolution ne mentionne pas spécifiquement les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre.
La résolution a été adopté à 120 voix pour, 14 contre
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En début de soirée, un autre signe avait laissé présager que le conflit entrait dans une nouvelle phase : les télécommunications ont été entièrement coupées dans la bande de Gaza. « Si vous nous entendez, envoyez ce message au monde : nous sommes maintenant isolés à Gaza. Nous n’avons pas de réseau téléphonique, nous n’avons aucune connexion internet. […] C’est vraiment terrifiant », a lancé le correspondant de la chaîne Al Jazeera à Khan Younès, Tareq Abu Azzoum, lors d’un de ses directs. (…)
La coupure d’Internet a été confirmée par Netblocks, une organisation qui surveille la connectivité à Internet. « Les données du réseau en direct montrent un effondrement de la connectivité dans la bande de Gaza […] alors que des rapports font état de bombardements intensifs », a relevé l’ONG en fin d’après-midi, vendredi 27 octobre.
Des coupures de ce type sont généralement effectuées avant les opérations militaires de grande ampleur afin de contribuer à l’effet de surprise et de perturber l’organisation des forces adverses. Dans le cas de la bande de Gaza ce jour, elle a eu pour effet de perturber encore plus le travail de services de secours déjà débordés et manquant de matériel adapté : le Croissant-Rouge palestinien a annoncé avoir « complètement perdu le contact avec la salle des opérations de la bande de Gaza et toutes [ses] équipes qui y opèrent ».
« Nous sommes profondément préoccupés par la capacité de nos équipes à continuer à assurer leurs services médicaux d’urgence, d’autant plus que cette perturbation affecte le numéro central d’urgence “101” et gêne l’arrivée des véhicules ambulanciers vers les blessés », a ajouté l’association.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a également fait savoir qu’elle avait perdu le contact avec ses équipes et centres de santé sur place. « Ce siège me rend très inquiet pour leur sécurité et les risques immédiats pour la santé des patients vulnérables », a déclaré son directeur Tedros Ghebreyesu sur X (ex-Twitter).
Cette intensification des opérations fait suite à trois semaines de bombardements aériens qui auraient d’ores et déjà causé plus de 7 000 morts, selon les autorités sanitaires de Gaza
Les troupes israéliennes ont déjà envahi à deux reprises la bande de Gaza : en 2009 lors de la deuxième phase de l’opération « Plomb durci », puis en 2014 lors de l’opération « Bordure protectrice ». Dans le premier cas, elles y avaient combattu durant quinze jours ; dans le second cas, pendant dix-neuf jours. Les deux avaient conduit à des milliers de morts palestiniens et des dizaines de morts israéliens.
L’offensive qui s’annonce pourrait être d’une tout autre ampleur. Israël aurait massé plusieurs centaines de milliers de soldats et plus de 300 chars autour de Gaza dans la perspective de cette invasion terrestre, (…)