Depuis la fin juillet l’ancien formule 1 de Poitiers-Sud héberge des migrants demandeurs d’asile. Le Collectif DNSI a dénoncé des conditions d’accueil inacceptables dans ce centre ouvert dans le cadre du Programme Régional d’Accueil et d’Hébergement des Demandeurs d’Asile (PRAHDA).
Début septembre, nous avions publié un article sur la nouvelle politique mise en place par le gouvernement. Voir la publication
Nous revenons sur les conditions d’accueil faites aux migrants sur Poitiers et la région ainsi que sur les actions de solidarité venant citoyen-ne-s et notamment l’association « Nouveau départ ».
Le Programme Régional d’Accueil et d’hébergement des Demandeurs d’Asile (PRAHDA) s’inscrit dans une politique de l’État visant à créer des établissements d’hébergement d’urgence d’un genre nouveau financés en partie par des investissements privés au coté de fonds publics. Avec ce dispositif, l’État (Ministère de l’intérieur) exerce un contrôle quasi total par le biais d’ADOMA (société d’économie mixte qui a obtenu le marché, (62 anciens « formule 1 » pour 3351places).
Cela permettra un durcissement de la surveillance des résident.e.s et renforcera l’opacité du système par rapport à une gestion par des associations humanitaires à but non lucratif. La convention avec le ministère de l’intérieur prévoit qu’ADOMA s’engage à assurer des missions de contrôle et de signalement totalement contraires à la déontologie du travail social.
Sur ordre des Préfets, fin juillet, ces migrants (actuellement des hommes seuls) ont été transférés à Poitiers, parfois en 48h (!) Ils arrivent des Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) de Châtellerault, Naintré, Ruffec, Angoulême, Cognac et de l’Accueil d’urgence, du 115 de Poitiers.
Ils sont actuellement un peu plus de 80* : soudanais, guinéens, afghans, irakiens, sénégalais, arméniens, tchétchènes, érythréens Camerounais. A terme, il est prévu d’héberger jusqu’à 114 personnes dont 10 femmes
Compte tenu de la brutalité des transferts rien n’était prévu sur place hormis les chambres (9m2 pour 2 !), pas de cuisine, pas de salle collective, pas de laverie, pas de wifi pour correspondre avec leur famille.
Depuis la situation n’a guère évoluée. De plus un certains nombre d’entre eux ne perçoivent pas, parfois depuis plusieurs mois, l’Allocation de Demandeur d’Asile qui leur est due (ADA 6,80€/jour), sans que l’on sache pourquoi ni combien de personnes sont concernées.
Un collectif de citoyens et citoyennes, « Nouveau départ Poitiers », s’est créé dés l’arrivée des migrants avec comme objectif de faciliter leur installation, d’écouter leurs besoins, et notamment de leur permettre de s’alimenter. Les collectes organisées par ce collectif, notamment en ce qui concerne l’alimentation, ont permis de pallier les lacunes scandaleuses des pouvoirs publics et aussi de créer des liens et d’exercer une vigilance sur l’accès au droit. Les actions se poursuivent avec la mise en place de cours de français et d’activités intégratives
Avec ce dispositif l’État se dote d’un nouvel d’outil, à sa botte, pour gérer les flux des étrangers et étrangères, rationaliser le tri (qu’il entend faire entre « réfugié.e.s » et « migrant.e.s ») et expulser plus et plus vite. Les « PRAHDA » c’est isoler, rendre invisible et expulser.
C’est pourquoi DNSI, le mercredi 6 septembre, lors de son rassemblement en soutien aux étrangers a condamné fermement, le projet politique que porte la création de ces « PRAHDA », projet qui va dans le sens d’un renforcement du contrôle avec d’un durcissement de plus en plus marqué des conditions faites à tous les migrants et migrantes.