C’est maintenant à portée de main : un référendum, enfin. Un référendum sur la vente de Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris). Un référendum pour ne pas laisser ce trésor à Vinci, qui a déjà emporté nos autoroutes. Un référendum, surtout, sur l’avenir : l’avenir que nous refusons, l’avenir que nous désirons.
D’emblée, le premier ministre, Edouard Philippe, s’est étranglé : « Cela pose un vrai et grave problème démocratique ! […] Cela créerait une situation dangereuse ! »Ils suffoquent, lui, les autres. Car ce n’est pas la question, seulement, des aéroports de Roissy, d’Orly, qui est soulevée. Cela va bien au-delà. C’est l’occasion d’un coup d’arrêt, d’un « non » franc et massif, d’un désaveu géant : nous ne voulons plus du monde qu’ils incarnent, qu’ils promeuvent.
Des mots cadavres
« Concurrence », « croissance », « compétition », « déficit », « mondialisation »… Ces mots nous sont répétés pour vendre les aéroports. Ces mots nous sont répétés depuis quarante ans pour vendre à la découpe le gaz, l’électricité, la santé et bientôt les retraites. Ces mots nous sont répétés comme des mantras, pour guider la société et nos existences. Ces mots sont désormais des mots cadavres. Nous n’y croyons plus. Nous n’en voulons plus : ils creusent notre tombe écologique. Nous aspirons au contraire à la coopération, à l’entraide, à placer les humains et la planète avant les chiffres, il en va de notre survie commune.
Car le Premier ministre a bien raison : c’est la « démocratie » qui est en jeu. Pour lui, pour eux, la démocratie, c’est quand ils s’arrangent en famille, quand ils confient les bijoux de l’Etat à leurs amis, et qu’ils en retirent des prébendes et des dividendes. La voilà, la démocratie qu’ils apprécient : la démocratie sans le peuple ! Ni dans la rue, ni sur les ronds-points, ni dans les urnes. Ou alors, une fois tous les cinq ans. Et entre-temps, circulez, braves gens ! Pour nous, au contraire, la démocratie, c’est la reprise en main de notre destin commun. Et il faut bien commencer par un bout, même petit : alors allons-y par le bitume des aéroports de Paris. Avant de passer à nos écoles, nos champs, nos hôpitaux, nos tribunaux, nos forêts…
Maintenant, une bataille est engagée. Nous, nous signons. Surtout, nous ferons signer, parmi nos collègues, dans les bureaux, dans les associations, dans les usines, dans les facultés, à la Fête de la musique et à la Fête des voisins, dans les vestiaires du club de foot et dans les colloques universitaires. Et cette belle bataille, populaire, démocratique, nous invitons à la mener ensemble, tous ensemble, par-delà les chapelles et les querelles, les « avec gilet » et les « sans gilet », les encartés et les non-encartés, les syndiqués et les non-syndiqués, unis dans une action. Unis pour produire une contagion de signatures, une épidémie de pétitions, et qu’on parvienne aux 4,7 millions. Aux stylos, citoyens ! Marchons ! Signons !
Tribune publiée dans Le Monde.
Parmi les premiers signataires:
Salah
Amokrane, militant associatif (Takticollectif)
Philippe André,
syndicaliste (SUD Energie)
Manon Aubry, députée européenne
(LFI)
Clémentine Autain, députée (LFI)
Alain Badiou,
philosophe
Guillaume Balas, coordinateur national de
Génération.s
Gilles Balbastre, documentariste
Esther
Benbassa, sénatrice (EELV)
Ugo Bernalicis, député
(LFI)
Aurélien Bernier, militant associatifDaniel Bertone,
secrétaire général CGT ADP
Olivier Besancenot, porte-parole du
Nouveau Parti Anticapitaliste
Jacques Bonnaffé, metteur en
scène
François Boulo, avocat gilet jaune
Pauline Boyer,
Alternatiba
Youcef Brakni, collectif « Vérité pour
Adama »
Céline Brulin, sénatrice (PCF)
Marie-George
Buffet, députée (PCF)
Boris
Chenaud, militant associatif (La Carmagnole)
Eric Coquerel, député
(LFI)
Alexis Corbière, député (LFI)
David Cormand,
secrétaire national de EELV
Laurence De Cock,
historienne
Jean-Paul Dufrègne, député (PCF)
Anny
Duperey, comédienne
Cédric Durand, économiste
Annie Ernaux,
écrivain
Txetx Etcheverry, Bizi
Gérard Filoche,
militant
Bernard Friot, économiste
Khaled Gaiji, Les Amis de
la Terre
Régis Juanico, député (Génération.s)
Sébastien
Jumel, député PCF
Razmig Keucheyan, sociologue
Pierre Khalfa,
Copernic
Aude Lancelin, journaliste
Nicolas Langlois, maire
de Dieppe (PCF)
Mathilde Larrère, historienne
Yvan Le
Bolloc’h, musicien
Patrick Le Hyaric, ex-député européen
(PCF)
Patrick Lehingue, politiste
Frédéric Lordon,
philosophe
Corinne Masiero, comédienne
Jean-Luc
Mélenchon, député (LFI)
Sébastien Menesplier, secrétaire
général CGT Mines – Energies
Daniel Mermet,
journaliste
Guillaume Meurice, humoriste
Jean-Claude Michéa,
philosophe
Gérard Mordillat, cinéaste, auteur
Corinne
Morel-Darleux, Conseillère régionale, écologiste
Chantal
Mouffe, politiste
Gérard Noiriel, historien
Claire
Nouvian, co-fondatrice de Place publique
Luc Offenstein,
militant contre les nuisances du transport aérien
Michel Onfray,
philosophe
Jean Ortiz, écrivain
Jon Palais, ANV-Cop21
Mathilde
Panot, députée (LFI)
Willy Pelletier, coordinateur général de
la Fondation Copernic
Patrick Pelloux, médecin urgentiste
Gilles
Perret, cinéaste
Michel Pinçon, sociologue
Monique
Pinçon-Charlot, sociologue
Christine Poupin, porte-parole du
Nouveau Parti Anticapitaliste
Philippe Poutou, porte-parole du
Nouveau Parti Anticapitaliste
Christophe Prudhomme, médecin
hospitalier syndicaliste
Denis Robert, journaliste
François
Ruffin, député France Insoumise
Germain Sarhy, Emmaus Lescar
Pau
Pablo Servigne, auteur, collapsologue
Alexis Spire,
sociologue
Eric Stemmelen, écrivain
Jacques Testart,
biologiste
Annie Thebaud-Mony, sociologue
Marie Toussaint,
eurodéputée EELV, initiatrice de l’Affaire du siècle
Aurélie
Trouvé, co-présidente d’Attac
Emmanuel Vire, syndicaliste (SNJ
CGT)
Eric Vuillard, écrivain
Hubert Wulfranc, député (PCF)
Enjeu important pour la mobilisation autour du décompte des signatures. Le ministère essaie (vainement) de contrecarrer initiatives citoyennes pour suivre l’évolution en temps réel.