« Le dossier de l’ancien théâtre municipal a été examiné, jeudi 11 février, par le Tribunal administratif de Poitiers. Dans ses conclusions, le rapporteur public a retenu principalement un argument donné par les requérants : le manque de places de stationnement nécessaires lorsqu’un immeuble renferme des logements collectifs. La décision est en délibéré.
Le rapporteur public demande un sursis à statuer (3mois) ce qui signifie que la Ville de Poitiers devrait régulariser certains points pour voir validée sa décision d’autoriser un promoteur à saccager le théâtre historique de Poitiers. On peut dire que c’est une première victoire pour le collectif de défense du théâtre, dont on a retenu une partie des arguments. D’autant que, si le rapporteur a rejeté, de notre point de vue, avec beaucoup de légèreté, des arguments primordiaux, il a brossé, dans son rapport, un portrait de nos adversaires (ville et promoteur confondus) peu flatteur. Dans cette histoire, la volonté de nos adversaires de dissimuler, de brouiller le réel s’est entendue semée ici ou là dans la démonstration de l’homme de loi.
On retiendra ainsi de cette audience, l’avertissement moral sur les photos destinées à montrer l’impact environnemental du projet et qui dissimulent intentionnellement le clocher de l’église Saint-Porchaire. « Il ne faudra pas recommencer », a dit le rapporteur ! On retiendra la volonté de passer sous silence la nécessité de créer les places de parking (auto et vélo) attachées la construction d’un habitat collectif ; on retiendra la mauvaise foi de la déclaration d’habitat individuel quand il s’agit de créer un immeuble collectif ; on retiendra ce « manque de rigueur » qui brouille les hauteurs de réalisation pour permettre au promoteur de construire des duplex (il a besoin de 80 cm supplémentaires par rapport à la référence admise, différence octroyée généreusement à la faveur de ce manque de rigueur).
Bref, nous sommes là devant des arrangements avec les règlements qui ne laissent pas de nous interroger : un simple particulier aurait-il obtenu, dans de telles conditions, un permis de construire tel que celui-ci ?
Une interrogation que nous prolongeons jusqu’à l’utilité-même du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur de la ville de Poitiers : le rapporteur retient, cette fois, juste sur la valeur de la bonne foi de la mairie, la volonté de protéger les « parties remarquables du bâtiment », accepte ses déclarations sur la protection du hall d’accueil et du Verre Eglomisé de Pansart, mais n’aborde à aucun moment le fait que le projet passe par une destruction. Le projet tout entier du promoteur contrevient pourtant au règlement du PSMV mais le fait qu’il soit porté par la municipalité suffirait à légitimer le fait que le patrimoine serait préservé. Un PSMV, ce serait donc uniquement destiné à contraindre les particuliers et ça laisserait les coudées franches à tous les projets municipaux ?
Pour conclure, si le tribunal se contente de statuer sur le sursis demandé, forts d’un rapport cependant extrêmement critique de la manière dont la mairie a instruit ce permis de construire, le collectif est bien déterminé à poursuivre jusqu’à l’annulation pure et simple de ce permis de construire. Et n’oublie pas que le tribunal de Bordeaux, doit encore se prononcer en appel sur l’annulation de la vente du théâtre historique de Poitiers. »
Le collectif de défense de l’ancien théâtre de Poitiers
La presse sur l’audience du 11 février