De nombreuses personnalités — universitaires, scientifiques, écrivains, cinéastes, artistes et politiques — apportent leur soutien aux manifestants qui on occupé le siège de Black Rock lundi 10 février à à l’appel du mouvement Youth for Climate, suivi d’une dizaine d’autres collectifs et associations dont les Gilets jaunes.
Parmi les premiers signataires : Fred Vargas, Aurélien Barrau, Cyril Dion, Dominique Bourg, Jean Jouzel, Alain Damasio, Frédéric Lordon, Pablo Servigne, Corinne Morel Darleux, Jérôme Baschet, Étienne Davodeau, Miguel Benasayag, Olivier Besancenot, Thomas Coutrot, Claire Dujardin, Christophe Bonneuil, Jacques Testart, Aurélie Trouvé, Gaël Giraud, Malik Salemkour, Bernard Stiegler, Pascal Boissel, Geneviève Azam, Dominique Méda, Paul Ariès, Laurence de Cock, Michele Rivasi, etc. La liste complète, toujours ouverte à signature, est à retrouver sur Reporterre.
En juillet 2019, Emmanuel Macron exhortait les manifestant-e-s pour le climat à « rendre la vie impossible aux dirigeants ».
Lundi 10 février, il a été pris au mot : des centaines de manifestant-e-s Youth for Climate et d’autres collectifs ont envahi le siège de la multinationale BlackRock et l’ont bloqué pendant deux heures en empêchant son fonctionnement.
Alors que la contestation de la réforme des retraites se poursuit depuis deux mois, cette action est un bel exemple d’alliance des luttes sociales et écologistes. Avec 7000 milliards dans son portefeuille, BlackRock est le plus grand gestionnaire d’actifs au monde. Sa succursale française attend avec impatience la destruction du système de retraites par répartition pour mettre la main sur l’épargne des retraités. Malgré son greenwashing, elle est le premier investisseur des bétonneurs et des compagnies pétrolières, à commencer par Vinci et Total.
Cette action ouvre la voie d’une écologie lucide et radicale, qui pointe directement les responsables du désastre actuel. Beaucoup des manifestant-e-s sont très jeunes, voire mineurs. Quelques bureaux ont été tagués, des chaises et des dossiers renversés : après avoir lancé l’alerte de mille manières sans jamais être écoutée, cette jeunesse assume désormais de commettre des dégradations matérielles minimes dans les locaux de BlackRock pour éviter des dégradations écologiques et sociales terribles dont les incendies en Amazonie, Australie et ailleurs ne sont que des avant-goûts. La violence n’est pas dans cette action mais dans la destruction de la planète.
17 personnes ont été interpellé-e-s, 13 placées en garde à vue. Pour le moment la plupart sont sortis avec un rappel à la loi, mais deux personnes passeront en procès sous peu. Quelles que soient nos positions sur les tactiques et les modes d’action, nous refusons de criminaliser et de condamner ces manifestant-e-s. Nous n’en pouvons plus d’assister à cette déferlante de violence sur cette jeunesse engagée qu’elle agisse dans les lycées, les quartiers populaires ou les manifestations pour le climat.
Nous sommes fier-e-s de cette jeunesse conséquente qui a décidé de prendre en main non seulement son avenir mais l’avenir du vivant.
Nous sommes fier-e-s de cette jeunesse conséquente qui a bien appris sa leçon de science, et vient nous sommer d’écouter les alertes du GIEC, de l’IPBES et autres organisations scientifiques internationales, là où nos décideurs économiques et politiques sont encore dans le déni de la gravité des déréglements planétaires en cours.
Nous sommes fier-e-s de cette jeunesse courageuse qui fait face à des policiers lourdement armés, à des poursuites judiciaires toujours plus nombreuses, au mépris de toute une caste de puissants qui les traitent comme une menace.
Nous sommes fier-e-s de cette jeunesse déterminée qui relève la tête et porte la tâche immense de réparer un monde dévasté.
C’est dans cette jeunesse qui ne se « tient pas sage » – peu importe son âge – que réside sans doute la plus grande sagesse. Si BlackRock déposait plainte et que la justice décidait de poursuivre ces manifestant-e-s, nous serons pleinement solidaires. S’il s’avérait qu’on les qualifie de « bande organisée » ou « d’association de malfaiteurs », alors nous en sommes également, et sommes fier-e-s d’en faire partie.