Le protocole d’accord pour la réalisation des 16 bassines de la Sèvre Niortaise et du Marais Poitevin, même s’il contient des avancées, n’est pas acceptable.
José Bové, député européen, et Benoit Biteau, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, ne s’expliquent pas la précipitation des pouvoirs publiques pour la signature de cet accord qui risque de servir de jurisprudence pour les projets à venir.
Ils réagissent :
« La traduction de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau en droit français, dans la loi sur l’eau, est sans équivoque : « L’eau est un bien commun ». Le code de l’environnement en hiérarchise les usages et rappelle que la priorité doit être donnée, par une gestion quantitative et qualitative adaptée, d’abord à la fourniture d’une eau potable saine, ensuite à la préservation du bon état des milieux aquatiques, et enfin à la mobilisation à des fins économiques, dont l’irrigation agricole est l’une des composantes. La mobilisation d’enveloppes publiques colossales doit donc satisfaire à l’ensemble de ces principes fondamentaux, dont les développements de pratiques agricoles intensives ces dernières décennies nous ont régulièrement éloignés.
Ce constat est d’ailleurs partagé par les comités de bassin des agences de l’eau, qualifiés de « parlements de l’eau », puisque l’évaluation des logiques soutenues par le 10ième programme de ces agences admet une approche trop cloisonnée des enjeux, justifiant l’adoption unanime d’une vision plus globale dans les 11ième programmes, actifs à compter du 1ier janvier 2019, dont l’outil principal sur l’enjeu agricole est : « Le projet de territoire ». La mobilisation de l’eau d’irrigation et les projets de stockage doivent donc désormais :
1– S’appuyer sur le 11ième programme des Agences de l’Eau qui doit se mettre en place le 1ier janvier 2019. Il serait incohérent de ne pas se conformer aux avancées que propose l’approche globale du projet de territoire, bâti ces dernières années par les membres des comités de bassin et de ne pas attendre (pour quelques jours !) cette mise en place en prenant une décision dans la précipitation, sur la base de règles dont les acteurs de l’eau reconnaissent les limites et les lacunes.
2– Dans une approche globale, constater que les pollutions retrouvées en mer sont pour 80% d’origine terrestre, et très majoritairement d’origine agricole, et admettre que nous ne réussirons pas à porter des ambitions élevées en mer, tant que la gestion quantitative et qualitative de l’eau à l’échelon des bassins versants ne partagent pas ces ambitions pour le milieu marin. En raison de l’impact de ces projets sur ces enjeux, sur le premier bassin ostréicole et le premier bassin mytilicole français, l’avis conforme du Parc Naturel Marin de l’estuaire de le Gironde et des pertuis charentais, dont le conseil de gestion rassemble une grande diversité d’acteurs, devient incontournable.
3– Intégrer que la seconde phase des Assises de l’eau, dont le volet quantitatif est central, vient tout juste de commencer. Il serait pour le moins judicieux d’attendre ses conclusions, prévues en mars, avant de donner le feu vert à tout nouveau projet. Question de cohérence nationale!
Enfin, alors que la menace climatique est unanimement reconnue et que des enveloppes publiques importantes sont tournées vers l’agriculture, à la fois victime, coupable et solution au changement climatique, nous devons orienter ces budgets vers l’agriculture paysanne, seule portant l’espoir d’une atténuation du changement climatique. »