La victoire de Syriza le 25 janvier dernier, le bras de fer engagé pendant plusieurs mois face aux gouvernements de l’Union Européenne pour en finir avec l’austérité et enfin le succès du « Non » au référendum début juillet 2015 ont suscité un formidable espoir dans toute l’Europe. Le 13 juillet dernier, dans un contexte d’asphyxie financière et face au chantage d’une violence inédite organisés par les créanciers, les institutions et les autres gouvernements européens, le gouvernement grec a accepté sous la contrainte un 3ème mémorandum. Ce qui a signifié une défaite majeure. Les dirigeants européens sont déterminés à démontrer que toute velléité de rompre avec les politiques d’austérité et d’ouvrir une voie alternative n’a aucun avenir. Ils ont montré le véritable visage de l’Union européenne telle qu’elle est aujourd’hui : un carcan de fer qui écrase les peuples.
Les élections en Grèce du 20 septembre se sont déroulées dans un contexte de forte abstention. La nette victoire de Syriza marque le refus d’un retour d’une droite réactionnaire, xénophobe, corrompue et responsable de la situation dans laquelle se trouve plongé le pays. Mais il n’en reste pas moins que le gouvernement Tsipras va devoir appliquer les sévères mesures d’austérité imposées par le troisième mémorandum. La bataille est loin d’être terminée pour que le peuple grec puisse prendre son avenir en main, en finir avec l’austérité et les diktats des institutions européennes
C’est une étape dans une confrontation globale entre les peuples et l’oligarchie européenne. Ce combat oppose ceux qui défendent la démocratie, la souveraineté des peuples, contre les intérêts de la finance, des banques et des puissants. Dans de nombreux pays en Europe, des forces se rassemblent dans leur diversité pour contester la logique de l’austérité et du productivisme sans fin. En Espagne, le mouvement Podemos constitue une alternative. En Angleterre, la victoire de Jeremy Corbyn à la tête du Labour, dans un contexte de puissantes mobilisations sociales qui ont agité le pays ces derniers mois, constitue un évènement d’une portée considérable.
Pour poursuivre ce combat, des leçons doivent être tirées de l’échec du gouvernement Tsipras et des forces de la gauche radicale européenne à stopper le rouleau compresseur de l’austérité. Comment un gouvernement qui veut rompre avec l’austérité en Europe peut-il mener une politique de rupture ouvrir une politique alternative ? Comment construire un véritable mouvement de solidarité entre les peuples ? Comment faire converger les forces de la gauche anti-austérité et ne pas laisser isolée une première expérience gouvernementale antilibérale ? Comment desserrer l’étau des dettes insoutenables et illégitimes ? Comment traiter la question de l’Euro aujourd’hui ? Quelle Europe sociale, écologique, démocratique est-il possible d’envisager ? Ces questions, et bien d’autres, doivent faire l’objet des plus larges échanges possibles entre les forces du mouvement social, les syndicats, les forces politiques de la gauche de transformation sociale.
Plusieurs initiatives sont en préparation : les débats organisés par ATTAC et la Fondation Copernic, ceux au sein du Parti de la Gauche Européenne, la proposition de Jeremy Corbyn pour une conférence européenne sur la dette, celle d’un sommet du Plan B initié par le Parti de Gauche, l’appel « Austerexit » impulsé par le NPA. Le mouvement Ensemble ! participera aux échanges qui se déroulent dans la perspective de ces différentes initiatives afin de favoriser l’émergence de réponses politiques à la hauteur de la situation. C’est la convergence des forces politiques, sociales et syndicales qui constitue un levier essentiel pour ouvrir une issue à la crise européenne. Dans le même temps, le mouvement Ensemble ! engage un processus de débat à partir de la réunion de son Collectif national des 3 et 4 octobre pour apporter sa propre contribution à ces échanges.
Le lundi 21 septembre 2015