Pour tromper les tests antipollution, Volkswagen n’a pas été hésité à installer un logiciel tricheur sur des millions de véhicules diesel. Cette supercherie a été mise en évidence grâce au travail de l’International Council for Clean Transportation (ICCT), une organisation non gouvernementale spécialisée dans les transports propres. Il est de notoriété publique que cette arnaque existe aussi chez d’autres constructeurs automobiles1 et l’on soupçonne que des pratiques similaires soient répandues chez les fabricants d’électroménager. D’après 20 minutes un logiciel du même type truquerait les tests de consommation d’énergie de réfrigérateurs et de téléviseurs… Le laboratoire indépendant cité, ComplianTV, suggère que des téléviseurs puissent détecter la procédure de contrôle et adopte leur consommation d’énergie en conséquence. La Commission européenne envisage (depuis quelques année déjà) d’interdire explicitement ces pratiques dans sa réglementation sur « éco-conception » …
Hormis à effectuer des tests longs, couteux et très difficiles à mettre en place, la détection de ce genre de tromperie est particulièrement ardue puisqu’il faut comparer des mesures prises dans des conditions réelles d’utilisation avec d’autres obtenues dans des environnements de tests complétement artificiels. Le manque de transparence, de contrôle et de confiance inhérent aux « boîtes noires » qui pilotent de plus en plus d’appareils (voitures, dispositifs médicaux, smartphones, électroménagers, etc.) est véritablement problématique.
La seule solution viable est d’imposer la publicité des codes sources des logiciels en question pour que chacun puisse inspecter (ou faire inspecter) les programmes pour vérifier qu’ils font bien ce qu’ils doivent faire et pas autre chose. Mais, ce n’est pas suffisant, comme le rappelle l’APRIL (association de promotion et de défense le logiciel libre) dans son communiqué « Scandale Volkswagen : logiciel libre, ingénierie inverse, il est grand temps ! », il faut aussi autoriser la rétroingéniérie pour vérifier que le programme qui est installé et qui tourne correspond bien au code source publié 2.
L’extension du numérique doit s’accompagner d’un possible contrôle citoyen des logiciels.
- Lire l’article Das Auto Kapital sur le site de Ensemble! et notamment les développements sur les simulacres des tests ↩
- Pour comprendre l’articulation entre le programme exécutable et son code source, l’analogie du gâteau est souvent utilisée : l’exécutable est le gâteau cuit, celui que l’on mange ; sa recette est son code source, difficile de réaliser le gâteau sans elle ; la retroingéniérie consiste à tenter de retrouver la recette en étudiant le gâteau. Si l’auteur de la recette vous autorise à l’étudier, à la copier, à la modifier et a diffuser vos versions modifiées vous avez à faire à un gâteau libre, idem pour le logiciel libre ↩