Notre département bénéficie d’un climat unitaire assez rare dans le pays. Au niveau des campagnes électorales cela s’est traduit par la liste « Inventons la Vienne » où se retrouvaient rouges et verts, la liste municipale « Osons Poitiers » qui va du NPA au PG et Ensemble ! en passant par EELV. Au sein du comité de liaison du FDG de la Vienne nous avons réussi à nous respecter, à ne pas nous immobiliser en cas de divergence. Le Sud Vienne a su créer une dynamique citoyenne.
Actuellement, nous savons les un-es et les autres que nous ne pourrons affronter seul (le seul FDG, un seul parti, un seul candidat) un rapport de force social défavorable pour l’instant : loi Macron, répression syndicale, loi El Khomri. ; Tafta, refoulement des migrant-es, climat ; montée du racisme et du nationalisme cocardier, du FN et une longue liste d’etc.)
Nous n’avons pas d’autre choix que de nous regrouper pour acquérir une taille critique pouvant être vecteur d’espoir.
Mais il n’y a pas là qu’un choix par défaut.
En effet, le débat à gauche est complexe et les positions des un-es et des autres ne recoupent pas le contour des organisations. Le débat est rude au sein d’EELV, du NPA comme au sein du PCF, du PG et d’Ensemble ! sans parler du PS.
À l’occasion des élections passées nous avons expérimenté ce qui marche pour créer l’union des organisations : partir d’un socle commun programmatique et s’adresser à toutes les militant-es, sans distinction d’étiquette. C’est cette démarche qu’il faut étendre à tout le pays.
Mais cela ne suffira pas car le but n’est pas de faire bien fonctionner un cartel d’organisations, une union de militant-es encarté-es qui marche, mais de créer un mouvement dans la société qui entraîne de nouveaux et nouvelles militant-es, plus divers socialement, plus jeunes, avec d’autres formes de lutte, qui mette fin au divorce entre les luttes et les campagnes électorales, entre le politique et la politique, entre le mouvement social et le combat dans les institutions de l’état bourgeois. Il nous faut marcher en équilibre entre d’une part l’ancien qui sert encore, la mémoire des luttes, un savoir faire militant, une habitude du débat, et d’autre part le nouveau (qui doit chasser le vieux sclérosé) : nouvelles têtes, nouvelles façons de lutter contre l’exploitation, féminisation et surtout nouvelles pratiques démocratiques ce qui implique notamment la construction d’un programme créé et maîtrisé collectivement.
C’est à ce prix que l’on pourra construire un nouveau discours d’émancipation qui prône l’amitié entre les peuples et la lutte contre l’Union européenne, qui privilégie l’identité sociale à l’identité nationale, qui construise la perspective d’un universalisme sans classe.
Pascal Canaud