Entre­tien avec un psychiatre qui parti­cipe à une délé­ga­tion soli­daire en Grèce

PC. Tu vas bien­tôt partir en Grèce pour une mission de soli­da­rité. Peux-tu nous en parler ?

PB. Oui, il s’agit d’un voyage de mili­tants du Syndi­cat de la méde­cine géné­rale et de l’Union syndi­cale de la psychia­trie, deux petits syndi­cats de méde­cins qui ont la parti­cu­la­rité d’être non corpo­ra­tistes, et actuel­le­ment très mino­ri­taires dans la profes­sion. Je suis au conseil natio­nal de l’Union syndi­cale de la psychia­trie.

Nous allons rencon­trer, lors de notre séjour à Athènes, du 1er au 7 novembre, des personnes qui animent les dispen­saires de santé soli­daires. Ces dispen­saires furent mis en place par des mili­tants depuis 2011, depuis le grand mouve­ment popu­laire qui exista cette année-là, avec l’oc­cu­pa­tion des places. Ils ont été créés pour pallier à la désor­ga­ni­sa­tion du système de soins suite aux mesures d’aus­té­rité mises en place par l’Union euro­péenne et le FMI.Une partie impor­tante de la popu­la­tion n’a plus de couver­ture sociale, n’a donc plus les moyens de se soigner, d’ache­ter les médi­ca­ments. Ces dispen­saires soli­daires sont animés par des mili­tants de la santé et d’autres secteurs, les profes­sion­nels de santé qui y inter­viennent le font béné­vo­le­ment, souvent après leur travail dans le service public.

Ce voyage se fait en lien avec le Collec­tif France Grèce soli­da­rité santé qui a un site d’ex­cel­lente qualité qui docu­mente la catas­trophe sani­taire qui a lieu en Grèce.

A notre retour, nous témoi­gne­rons pour parti­ci­per au mouve­ment de soli­da­rité avec le peuple grec contre ses enne­mis de l’Union euro­péenne et du FMI.

PC.Existe-t-il des collec­tifs de soli­da­rité avec la Grèce sur la Vienne ?

PB.Oui, nous avons créé un comité de soli­da­rité avec le peuple grec le 5 octobre dernier, après plusieurs initia­tives soli­daires, les mois et années précé­dentes, orga­ni­sée notam­ment par le « Collec­tif 86 pour un audit citoyen de la dette publique ».

PC.Quels objec­tifs se fixe ce collec­tif ?

PB.Nous voulons mettre en place une soli­da­rité qui dure. Une soli­da­rité mili­tante.

Le nouveau memo­ran­dum fut imposé en juillet dernier par la finance inter­na­tio­nale (de l’UE et du FMI), « le pisto­let sur la tempe » au gouver­ne­ment de Tsipras. Ce qui signi­fie que la catas­trophe sani­taire conti­nue en Grèce et va conti­nuer.

Nous faisons un appel aux dons, il est possible faire des dons en ligne depuis le site du Collec­tif France-Grèce soli­da­rité santé.

Le don de médi­ca­ments est plus déli­cat puisque le gouver­ne­ment grec n’a pas encore mis en place une façon de donner des médi­ca­ments depuis l’étran­ger. Il est pour­tant néces­saire car tous les médi­ca­ments viennent à manquer.

Nous faisons une réunion publique le 10 novembre à 19 heures, salle Timbaud, à Poitiers. Nous voulons récol­ter des fonds pour ces dispen­saires soli­daires grecs. Je rendrai compte de mon voyage soli­daire, Marie-Thérèse Amand qui a fait récem­ment un voyage soli­daire aussi témoi­gnera aussi. Nous sommes en train de préci­ser comment va se passer cette soirée et nous vous le ferons savoir vite.

PC.Que peuvent faire en parti­cu­lier les profes­sion­nels de santé ?

PB.Les psychiatres vont tenter une coor­di­na­tion inter­na­tio­nale, un « réseau euro­péen pour une santé mentale démo­cra­tique » dont les premiers jalons ont été posés en septembre par deux mili­tants de l’USP, Jean-Pierre Martin et Emma­nuel Kosa­di­nos. Emma­nuel est venu à Poitiers nous expliquer la situa­tion en Grèce il y a quelques mois.

Des jume­lages entre des collec­tifs soli­daires en France et des dispen­saires de santé soli­daires existent main­te­nant, nous pouvons en créeer d’autres. Je pense que le collec­tif de Poitiers pourra parti­ci­per de ces initia­tives.

De façon géné­rale,les mili­tant.e.s grecs répètent que la meilleure soli­da­rité qui pourra les aider sera la mise en échec des poli­tiques néoli­bé­rales dans les autres pays de l’Union euro­péenne. Notre respon­sa­bi­lité de mili­tant est enga­gée ici et main­te­nant, donc. Et il me semble que même si on lit dans la presse que Tsipras et Hollande s’en­tendent main­te­nant très bien, il reste que la poli­tique de Hollande est assu­ré­ment néoli­bé­rale.

PC.Si on est inté­ressé par cette soli­da­rité, qui contac­ter ?

PB.Il faut venir à notre réunion-débat du 10 novembre ! C’est impor­tant et urgent.