Fascisme. « L’Ac­tion française reven­dique l’in­tru­sion violente au conseil régio­nal d’Oc­ci­ta­nie »

Extraits d’un article de Media­part, daté du 25 mars 2021, de Lucie Dela­porte

« Un groupe de mili­tants du mouve­ment d’ex­trême droite a tenté de péné­trer dans l’hé­mi­cycle régio­nal ce jeudi en portant une bande­role « Islamo-gauchistes traîtres à la nation ». À gauche, beau­coup dénoncent un climat haineux entre­tenu par un gouver­ne­ment pompier pyro­mane.

À l’Hô­tel de Région de Toulouse, l’émo­tion reste vive parmi les élus après l’in­tru­sion violente de mili­tants d’Ac­tion française en pleine assem­blée plénière.

Dans la soirée, Emma­nuel Macron a apporté son soutien aux élus régio­naux « qui ont défendu l’hon­neur de notre Répu­blique ». « En enva­his­sant le conseil régio­nal d’Oc­ci­ta­nie, l’ex­trême droite a une nouvelle fois montré son vrai visage : action violente, volonté de bâillon­ner la démo­cra­tie et de divi­ser les Français », a déclaré le président de la Répu­blique selon l’AFP.

Il est envi­ron 13 h 30 ce jeudi 25 mars lorsque un petit groupe d’in­di­vi­dus tente de péné­trer dans l’as­sem­blée plénière d’Oc­ci­ta­nie qui vient de commen­cer. « L’ap­pel venait d’être fait quand on a entendu des cris, des hurle­ments. Il y a eu un petit moment de panique parce qu’on ne savait pas ce qui était en train de se passer », raconte la conseillère régio­nale Myriam Martin.

Selon plusieurs témoi­gnages recueillis par Media­part, l’in­tru­sion dans l’Hô­tel de Région de Toulouse est brutale. Les portes du bas de la salle, celles qui donnent direc­te­ment là où siège l’exé­cu­tif régio­nal, sont forcées. Les indi­vi­dus, qui ont le temps de hurler quelques slogans comme « Action française » et « Mort aux islamo-gauchistes », sont repous­sés par les agents de sécu­rité de la Région.

Deux mili­tants du grou­pus­cule d’ex­trême droite sont cein­tu­rés et six autres s’échappent dans les couloirs de l’Hô­tel de Région.

Une grande bande­role sur laquelle on peut lire « Islamo-gauchistes traîtres à la France » et signée par l’Ac­tion française a été aban­don­née sur le sol.

Banderole abandonnée par les militants d'Action
                française © Compte twitter de Myriam Martin

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Peu après 18 heures, l’Ac­tion française a reven­diqué dans un commu­niqué très offen­sif l’ac­tion de ces mili­tants. « Ce jeudi 25 mars, l’Ac­tion française a tenté de parti­ci­per à la session du conseil régio­nal d’Oc­ci­ta­nie pour mani­fes­ter notre oppo­si­tion radi­cale à la poli­tique régio­nale islamo-gauchiste qui dure depuis des années »,affirme l’or­ga­ni­sa­tion roya­liste.

« Les univer­si­tés ne sont pas les seules à être les cheval de Troie de l’is­la­misme et de l’im­mi­gra­tion, pour para­phra­ser les propos de Mme Vidal », explique l’Ac­tion française qui prend donc soin de rappe­ler qu’elle s’ins­crit dans un combat commun avec la ministre de l’en­sei­gne­ment supé­rieur et de la recherche.

Présen­tant, enfin, Mme Delga comme « vendue à l’is­la­misme », les adeptes de Charles Maur­ras terminent leur commu­niqué par une phrase lourde de sous-enten­dus menaçants : « Le mandat de Carole Delga arri­vant à son terme, c’est l’oc­ca­sion pour nous de lui souhai­ter une bonne conti­nua­tion au cime­tière d’élé­phants du PS. »

Parmi les élus, sous le choc, le senti­ment qu’un palier a aujourd’­hui été fran­chi, après des mois d’un débat nauséa­bond sur « l’is­lamo-gauchisme », domine.

vidéo : https://twit­ter.com/i/status/1375099773980708867

« C’est très symbo­lique car c’est une assem­blée répu­bli­caine qui est attaquée », souligne Myriam Martin qui avait tweeté un peu plus tôt dans l’après-midi : « Merci à Macron, Darma­nin et consort d’avoir mis une cible sur nos poitrines. »

« Nous nous sentons, en tant qu’é­lus de La France insou­mise, effec­ti­ve­ment direc­te­ment mena­cés, explique-t-elle à Media­part. Lorsque je suis invi­tée dans les radios locales désor­mais, je suis systé­ma­tique­ment prise à partie sur “l’is­lamo-gauchisme”. Le gouver­ne­ment, et parti­cu­liè­re­ment Mme Vidal, M. Blanquer et M. Darma­nin, ont leur respon­sa­bi­lité dans ce qui se passe aujourd’­hui. Ils ont discré­dité des mili­tants anti­ra­cistes et les ont accu­sés de compli­cité avec un fana­tisme et un obscu­ran­tisme que nous avons toujours combat­tus », pour­suit-elle.

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Pour beau­coup à gauche, la respon­sa­bi­lité gouver­ne­men­tale est pour­tant une évidence. « Ces nervis ont attaqué un hémi­cycle régio­nal avec une bande­role sur laquelle ils avaient à peu près reco­pié vos propos du jour. Mais on dirait que la honte ne vous effraie pas », a rétorqué à la ministre délé­guée auprès du ministre de l’in­té­rieur le député euro­péen de la FI Manuel Bompard. Pour Jean-Luc Mélen­chon, l’in­tru­sion de l’Ac­tion française dans l’As­sem­blée régio­nale est un acte « signé Macron, Darma­nin, Schiappa, Olivier Faure et autres chas­seurs d’is­lamo-gauchistes et “d’am­bi­gus” », a-t-il déclaré sur Twit­ter.

Comment ces mili­tants d’ex­trême droite ont-ils pu parve­nir jusqu’aux portes de l’as­sem­blée régio­nale, l’ac­cès au bâti­ment néces­si­tant de passer des contrôles d’iden­tité ou de dispo­ser d’un badge régio­nal ?

Selon les premiers éléments de l’enquête, les mili­tants d’Ac­tion française seraient passés par les sous-sols de l’éta­blis­se­ment. « Ils devaient être très infor­més car notre bâti­ment est très grand et c’est un vrai laby­rinthe », indique Myriam Martin.

Aucune effrac­tion n’a été consta­tée. « Il y a forcé­ment eu des compli­ci­tés internes », indique la vice-prési­dente Nadia Pelle­figue.(…)

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