Passer au contenu
30 mai 2025
  • Accueil
  • Liens
  • Contact
  • Mentions légales
Reve 86

Reve 86

Le site Reve86 est animé par les militant·e·s de la Vienne de la Gauche Écosocialiste

  • Accueil
  • Qui sommes-nous ?
  • Contact
  • Liens
  • Accueil
  • Qui sommes-nous ?
  • Contact
  • Liens
agir

François Ruffin, 10 octobre, Le Monde: Notre parole n’est pas à la hauteur

pascal bpar pascal b11 octobre 2023

 

« Notre parole n’est pas à la hauteur des événe­ments »

Après l’at­taque du Hamas contre Israël, François Ruffin exprime son « soutien aux victimes et à la société israé­lienne ». Mais il estime que « le soutien au gouver­ne­ment israé­lien ne doit pas être aveugle ». Le député « insou­mis » de la Somme regrette, dans un entre­tien au Monde, un « aligne­ment » de la France sur les Etats-Unis dans le conflit israélo-pales­ti­nien.

Quelle est votre analyse de la situa­tion en Israël ?

Avant la froi­deur de l’ana­lyse, je veux dire mes senti­ments avec chaleur : l’hor­reur devant des femmes, des enfants abat­tus à bout portant, des jeunes dansant assas­si­nés, des massacres chaque jour décou­verts, par familles entières. Que d’atro­ci­tés, de cruau­tés, qu’on n’ose­rait même pas imagi­ner. Et main­te­nant, la violence qui s’abat à Gaza, ces 2,5 millions de personnes, auxquelles l’on conseille de partir, comme s’ils avaient une terre d’ac­cueil. Je condamne sans réserve les actes du Hamas. C’est une orga­ni­sa­tion fana­tique, terro­riste, qui a toujours été l’ad­ver­saire des progres­sistes au Proche-Orient, hostile à tout compro­mis de paix, qui veut la fin de l’Etat d’Is­raël.

Il faut dire aussi le terreau du Hamas. Avoir fait de Gaza une prison à ciel ouvert, sans espoir pour la jeunesse, a nourri le pire. On a bel et bien un face-à-face entre « le fana­tisme du Hamas » et « une poli­tique israé­lienne imbé­cile » [selon les mots de l’his­to­rien israé­lien Elie Barnavi] venant du gouver­ne­ment d’ex­trême droite de Benya­min Néta­nya­hou. Sans un tiers qui s’in­ter­pose, une machine infer­nale est lancée. Or, depuis dix ans, la commu­nauté inter­na­tio­nale est aux abon­nés absents. Avec les accords d’Abra­ham [en 2020], les Occi­den­taux ont voulu enjam­ber la ques­tion pales­ti­nienne. C’est un échec.

Le soutien aux victimes et à la société israé­lienne, c’est l’évi­dence, je m’y asso­cie. Mais le soutien au gouver­ne­ment israé­lien ne doit pas être aveugle. Nous devons poser en perma­nence comme objec­tif le cessez-le-feu et la paix. Lundi, dans le commu­niqué des cinq pays, dont la France, il n’y a pas le mot paix : c’est un gros problème.

Pourquoi cette absence de mot d’ordre ?

Parce qu’il y a un aligne­ment sur les Etats-Unis. L’ac­ti­visme d’Em­ma­nuel Macron sur Twit­ter [renommé X] ne compense pas sa déser­tion du dossier depuis des années. La tradi­tion gaullo-mitter­ran­dienne voulait que l’on s’ex­prime avec indé­pen­dance, sans s’ali­gner, qu’on affirme qu’il n’y a pas de solu­tion mili­taire au conflit, que l’on appelle au respect du droit inter­na­tio­nal, que l’on s’ap­puie sur l’ONU, et que l’on soutienne la créa­tion d’un Etat pales­ti­nien confor­mé­ment aux réso­lu­tions de l’ONU. C’était la posi­tion de la France jusqu’au début des années 2000, jusqu’à Jacques Chirac. Depuis, c’est le silence, l’ab­sence, l’ali­gne­ment.

Que faut-il faire ?

La France est la seule puis­sance nucléaire de l’Union euro­péenne [UE], la seule puis­sance de l’UE au conseil de sécu­rité de l’ONU. Je le dis grave­ment, ce n’est pas rendre service à la société israé­lienne, aux Français de confes­sion juive, que de s’ali­gner sur les Etats-Unis, qui s’alignent eux-mêmes sur un gouver­ne­ment jusqu’au-boutiste en Israël. Le rôle de la France est d’être une corde de rappel, un point d’ap­pui contre la fata­lité de l’es­ca­lade. Notre levier, c’est la parole écou­tée, qui porte, qui entraîne. Quand la France décide de parler fort et vrai, sa voix est enten­due. Mais elle a fait le choix d’être muette.

Quelles pers­pec­tives en Israël ?

Je ne suis pas prophète. Une fois passé le choc, la sidé­ra­tion, un débat va traver­ser la société israé­lienne : est-ce qu’on conti­nue sur le chemin des colo­nies, de l’hu­mi­lia­tion des Pales­ti­niens, ou bien est-ce que l’on cherche un autre chemin, celui du dialogue et de la paix ? Même s’il est semé d’em­bûches.

Et en France ?

Le conflit au Proche-Orient n’est pas qu’une ques­tion de poli­tique étran­gère, c’est aussi une affaire inté­rieure, de paix civile. De nombreux Français de confes­sion juive, quand les Israé­liens sont mena­cés, se sentent eux-mêmes mena­cés. Bon nombre de Français de confes­sion musul­mane, quand les Pales­ti­niens sont bombar­dés, humi­liés, se sentent eux-mêmes humi­liés. D’où le rôle que nous avons à parler juste, à faire tout notre possible pour la paix, aussi chez nous. Car le risque d’im­por­ta­tion du conflit existe.

Vous faites un paral­lèle entre poli­tique étran­gère et inté­rieure. Jean-Luc Mélen­chon a accusé, mardi, le Conseil repré­sen­ta­tif des insti­tu­tions juives de France (CRIF) d’em­pê­cher toute concorde. Pour vous, le CRIF peut être un acteur de ce chan­ge­ment ?

C’est un inter­lo­cu­teur, oui. Qui ne repré­sente pas le plura­lisme poli­tique, d’idées, des Français de confes­sion juive. En France aussi, il faut trou­ver le chemin du dialogue, qui passe par le respect mutuel…

Dans les mani­fes­ta­tions de lundi, il y avait plus de dépu­tés RN que d’« insou­mis » ; Marine Le Pen affir­mait, mardi sur CNews, que La France insou­mise (LFI) « a choisi le camp anti­ré­pu­bli­cain ». Vous avez réflé­chi à la diabo­li­sa­tion de la gauche, comment lui répondre ?

Marine Le Pen n’a pas pour bous­sole poli­tique la paix, elle exporte sa vision du choc des civi­li­sa­tions. Elle soutient aveu­glé­ment un gouver­ne­ment d’ex­trême droite et propose, sans ciller, de perpé­trer des crimes de guerre à Gaza. Loin, très loin, de la posi­tion histo­rique de la France. Sans que personne ne lui porte la contra­dic­tion, c’est sidé­rant. Le piège est tendu : nous voir sauter à pieds joints ne me réjouit pas.

Après Jean-Luc Mélen­chon, la prési­dente des dépu­tés LFI Mathilde Panot a refusé, mardi, de quali­fier le Hamas d’or­ga­ni­sa­tion terro­riste, susci­tant l’in­di­gna­tion de certains de vos parte­nai­res…

Pas de pudeur de gazelle. Ce qui se conçoit bien s’énonce clai­re­ment : samedi, le Hamas a commis des abomi­na­tions. On doit mettre des mots forts sur des actes horribles, sinon notre parole est discré­di­tée, moquée, enli­sée dans des justi­fi­ca­tions byzan­tines, pas à la hauteur de la gravité des événe­ments. Nous ne sommes pas le point de repère poli­tique, diplo­ma­tique, moral, que nous devrions être.

J’évoque ce conflit avec une immense précau­tion : c’est sensible, inflam­mable, de tous les côtés. En parler, c’est comme avoir une allu­mette près d’un baril, on doit faire très atten­tion à nos expres­sions. Main­te­nant, et malgré mes diver­gences, l’enjeu ne doit pas deve­nir pour ou contre La France insou­mise, l’exé­gèse de ses commu­niqués. Ce serait rame­ner les grands drames du monde à de la petite poli­ti­caille­rie.

Mais vous dites vous-même que ce conflit à des réper­cus­sions natio­na­les…

Le rôle de nos diri­geants n’est pas de dres­ser des réqui­si­toires à l’en­droit de leurs oppo­si­tions, mais de tout faire pour que la voix de la France soit enten­due, et que ce soit une voix de paix.

Vous n’êtes pas allé à la mani­fes­ta­tion de soutien à Israël lundi 9 octobre, pourquoi ?

Quatre de nos compa­triotes ont été tués ce week-end, quatorze sont portés dispa­rus [le bilan a été rééva­lué, mardi, à huit morts et vingt dispa­rus, par le Quai d’Or­say]. Je le répète : il y a un soutien évident à appor­ter aux victimes, à la société israé­lienne, aux ressor­tis­sants français de confes­sion juive. Dès la première seconde, j’ai dit l’hor­reur des crimes commis par le Hamas.

Main­te­nant, sur les conclu­sions poli­tiques et diplo­ma­tiques à en tirer, il doit y avoir débat. Cela doit être permis. Sans qu’on se voit adres­ser des invec­tives. Or, il y a une ambi­guïté possible de la mani­fes­ta­tion entre le soutien aux victimes et le soutien au gouver­ne­ment israé­lien : dans le commu­niqué, les mots « Pales­ti­niens » et « paix » étaient absents. Je ne veux pas d’hé­mi­plé­gie. Je ne veux pas qu’une moitié d’hu­ma­nité, une moitié de ce drame soit oubliée.

Julie Carriat et Sandrine Cassini

Partager :

  • Cliquer pour partager sur X(ouvre dans une nouvelle fenêtre) X
  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Facebook
  • Cliquez pour partager sur WhatsApp(ouvre dans une nouvelle fenêtre) WhatsApp
  • Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) E-mail
  • Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Imprimer

Navigation de l’article

Publication précédente Publication précédente :
Libé­ra­tion, 9 octobre, Clémen­tine Autain « Comment lais­ser entendre ou dire sérieu­se­ment que la Fi soutient le Hamas? »
Publication suivante Publication suivante :
La CGT suite aux massacres coor­don­nés par le Hamas.

pascal b

Voir tous les articles de pascal b →

Vous pourriez aussi aimer

Les dattes de Pales­tine sont arri­vées

13 décembre 2014

Libé­ra­tion. le 21–12–2023. A Poitiers, l’ex­trême droite menace à domi­cile

21 décembre 202321 décembre 2023

La Lettre d’En­semble! du 7 juillet 2021

8 juillet 20218 juillet 2021

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Vérifiez votre boite de réception ou votre répertoire d’indésirables pour confirmer votre abonnement.

Articles récents

Alexis Corbière. L’Après. « Le cap sombre de Raphaël Glücks­mann »

29 mai 2025

L’Après. Projet de décla­ra­tion poli­tique.

29 mai 2025

Le Monde. Jean-Pierre Filiu. « La guerre inhu­ma­ni­taire d’Is­raël dans la bande de Gaza »

29 mai 2025

Des entre­prises qui massacrent au Soudan, en Ukraine, en Pales­tine vont tenir salon au Bour­get

29 mai 2025

Derniers commentaires

  1. pascal b sur AFPS: Géno­cide du peuple pales­ti­nien : après Gaza, la Cisjor­da­nie
  2. morillon sur AFPS: Géno­cide du peuple pales­ti­nien : après Gaza, la Cisjor­da­nie
  3. D G sur Liens
  4. pascal b sur 18 mars, 20 heures, Maison des trois quar­tiers, Poitiers. Hendrik Davi
Copyright © 2025 Reve 86. Alimenté par WordPress et Bam.