Le Collectif 8 mars avait décidé d’intervenir au Conseil municipal du lundi 26 mars pour demander l’arrêt des subventions aux « Bitards ». Pour ce faire des militantes féministes avaient décroché les pancartes installées à l’entrée de la ville et les ont déposées à la Mairie.
Soutenues par les élues d’Osons, elles ont pu lire la déclaration qui suit. Le Conseil municipal a finalement suspendu la subvention octroyée tous les ans aux « bitards ». A l’heure où l’on dénonce les violences et le harcèlement, cette mesure est la bienvenue.
Voici le texte de la déclaration du Collectif 8 mars :
COLLECTIF du 8 Mars Poitiers le 26 03 2018
Intervention au conseil municipal avec les pancartes des bitards ramassées aux entrées de la ville.
Monsieur le Maire, mesdames et messieurs les conseillères et conseillers,
Chaque année, les bitards demandent et obtiennent une subvention de la municipalité de Poitiers. Alors que la semaine dite Estudiantine organisée par l’ordre du Bitard s’est terminée hier, vous allez vous prononcer sur cette subvention.
Nous espérons qu’au moment où, partout, le sexisme, les agressions sexistes et sexuelles commencent à être fortement dénoncés, la ville de Poitiers ne se retrouvera pas à contre courant de ce mouvement en votant comme toutes ces dernières années depuis… trop longtemps… un soutien financier à cette association.
Celles et plus certainement ceux qui justifient l’existence des bitards au nom de la tradition sont rétrogrades et sans doute pourraient reconnaitre que d’autres traditions ont un jour disparu… euh… le droit de cuissage par exemple.
Celles et plus certainement ceux qui justifient l’existence des bitards au nom de l’humour et trouvent que l’on en manque (d’humour) sont sexistes et pourraient reconnaitre qu’il n’y a rien de drôle à, en tant que femme, être identifiée à un trou ou une touffe de poils pubiens.
Trouvé sur le site officiel de l’ordre des Bitards :
« L’invention de la femme étant quelque chose d’extrêmement récent, les scientifiques de l’Ordre du Bitard se posent encore la question de l’avenir réservé à celles-ci. En attendant que la question soit tranchée, ces dernières disposent du statut de Chabousse leur permettant d’observer les évènements de l’Ordre en toute sécurité sous la responsabilité de la Grand-Capière ». Et de préciser : Chabousse : Trou laissé dans la terre lorsque l’on en retire une carotte… Classe, non ?
Mais en Poitou, le terme Chabousse désigne aussi les fanes des légumes dont on mange les racines et par extension la touffe des poils du Pubis.
Trou, touffe de Poils pubiens… nous hésitons… laquelle de ces deux désignations est-elle la plus dégradante ?
Plus fort encore aujourd’hui alors qu’un large mouvement international dénonce les comportements sexistes, nous exprimons à nouveau notre opposition à cette tolérance de la soit disant traditionnelle semaine des bitards qui sur le fonds, comme sur la forme, non seulement perpétue une domination patriarcale frein à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes (est ce nécessaire de rappeler qu’à travail égal, le salaire des femmes est toujours inférieur de 25% (un quart, oui) à celui des hommes et que 83% des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes) ? mais aussi avec la pratique d’acquisition de trophées sexuels comme il semble que cela soit le cas, banalise les agressions sexuelles et les viols.
Rappelons à ce sujet que :
- 10% des femmes sont actuellement victimes de violences conjugales
- 1 femme décède tous les 3 jours sous les coups de son conjoint
- 86000 femmes sont victimes de viol chaque année et 90% d’entre elles ne porteront pas plainte (source, ministère de l’intérieur, 25 janvier 2018 )
Et vous les femmes et les hommes de cette assemblée municipale, avez-vous le sentiment que les bitards portent vos valeurs et qu’ils parlent en votre nom ?
Nous sommes pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes. L’Université ne verse plus de subvention à cette association depuis deux ans ; et puisqu’il est question que la municipalité de Poitiers signe la charte européenne pour l’égalité femmes/hommes, que l’Université, nous vous proposons de commencer avec un acte fort : le report de la subvention des bitards sur l’une des associations poitevines qui luttent contre les violences faites aux femmes.
Arrêtons Poitiers « Bitard bourg » faisons Poitiers « cœur d’agglo de l’égalité ».
Lire sur son compte Facebook, les réponses du collectif aux réactions agressives, dénigrantes et grossières, qui suivirent cette intervention opportune.
https://www.facebook.com/collectif8marspoitevin/posts/2060377154200796