Début novembre 2014 se sont réuni.es les représentant.es des cinq organisations de la Vienne : EELV, PCF, PG, NPA et Ensemble!, ce qu’on appellerait par la suite la « coordination ». Dès le départ pesait les déchirures des municipales de la capitale régionale Poitiers qui avait vu le PCF rejoindre le PS alors que les autres composantes formaient la liste alternative Osons Poitiers. Ce ne serait donc pas des négociations FDG/EELV/NPA mais bien à cinq organisations.
Au début était la méthode
Les premières négociations portèrent sur la méthode. Elle a rapidement été trouvée : il s’agit de faire un programme et tout le monde, individus comme organisations, encarté.es ou non, pourraient participer à l’avanture sur la base de cet accord programmatique. Cela offre l’avantage de faire primer le message et les propositions (le programme) plutôt que la délimitation des appareils (avec le PS ou sans?). C’est d’ailleurs cette méthode que reprendra Ensemble ! Pour les prochaines échéances électorales (Régionales) et pour les Chantiers de l’Espoir.
Un texte a été travaillé, mot par mot, sur vidéo projecteur, jusqu’à accord complet. À la fin nous avons constaté , qu’il n’était pas le plus petit dénominateur commun entre organisations politiques. Les accords étaient bien plus profonds entre nos organisations que certain.es ne pouvaient l’envisager au départ, tant sur les propositions démocratiques, sociales et écologiques que sur l’ouverture de la démarche aux citoyen.nes. Il suffit de le lire pour comprendre pourquoi Ensemble!86 le qualifiait alors « d’enthousiasmant ».
Un programme
Avant de rendre public cet appel il fallait vérifier si ce programme tracé à grands traits se vérifiait dans le détail. Il n’y a pas eu vraiment de point de tension grave, d’élément programmatique qui fasse blocage hormis la nature de la réforme de l’État : suppression des département ? Qui des grandes Régions ? De l’intercommunalité? L’accord se fit sur la nécessité d’un débat démocratique réel dans la population qui, quelque soit l’échelon, doit décider. Accord également sur l’obligation de ne pas rogner sur le social.
Même le nom « Inventons la Vienne écologique et solidaire » fut trouvé rapidement. Le champ d’action du département n’est pas très vaste. Il porte essentiellement sur le social où le consensus fut facile à trouver pour nos cinq organisations. Il ne faut pourtant pas minimiser ce consensus entre nous sur le terrain du social. C’est un socle essentiel pour engager la bataille contre le rouleau compresseur de l’austérité de l’Union européenne et pour proposer une alternative écologique et solidaire.
Des tensions ?
Il y a bien eu nombre de tensions mais – nous avions connu ça aux débuts d’Osons – cela venait souvent du vocabulaire différent et de préjugés anciens. Ensemble!86 qui fait parti à la fois du Front de Gauche et de Osons se félicite d’avoir servi parfois de traducteur. La confiance et l’écoute, ça se construit dans la durée.
Le NPA86 s’est retiré au dernier moment sans doute coincé entre une ligne nationale plutôt sectaire et son manque de compréhension que quelque chose change au PCF.
Un épisode compliqué fut la crise interne d’EELV dont la section nord Vienne, conduite par sa députée V. Massonneau, a rejoint les candidatures du PS dans les 4 cantons de Châtellerault.
Des gages d’un engagement à construire du neuf furent donnés. Les candidat.es Inventons ne pouvaient pas faire partie d’exécutifs dominés par le Parti Socialiste. Cela a concerné les deux élu.es EELV à la Région et les 5 élu.es PCF à la Mairie de Poitiers.
Il restait le cas du canton de l’Isle Jourdain où la maire de Queaux, militante du Front de Gauche, avait imposée un binôme avec le sortant socialiste. Finalement, il y aurait une candidature Inventons là bas aussi. Le message qu’une autre gauche était possible serait porté sur tous les cantons du département.
C’est parti !
Après une conférence de presse qui a publiée notre démarche, chaque canton et chaque organisation s’est mobilisé. Constitution d’une équipe de campagne par canton, recherche de candidatures d’habitant.es du canton, écriture de la « profession de foi » laissée à l’appréciation des équipes cantonales. On a assisté à une vraie campagne de terrain, mélangeant les militant.es des organisations différentes mais aussi les encarté.es et les non encarté.es. On s’est aperçu également que les équipes des cantons se copiaient allègrement dans les propositions concrètes pour plus de démocratie, de social et d’écologie. Lors du meeting départemental de lancement le 19 février 2015 on notait déjà que c’était l’enthousiasme qui primait. Notre pari initial était confirmé. Le titre que nous avions choisi pour notre appel départemental résumaient bien le sentiment général : enfin !
Et maintenant ?
Puis il y eu la campagne. D’autres en témoigneront. D’autres parleront de nos résultats.
La situation aujourd’hui n’est pas des plus rose. Au niveau politique dominent la montée du FN, la victoire écrasante de la droite, un gouvernement Hollande/Valls de combat contre les salarié.es et l’environnement, une abstention et une méfiance massive envers la politique, une Union européenne agresseuse de l’alternative grecque, un monde en guerre contaminé par les idéologies de la préférence religieuse et de la préférence nationale. Au niveau social, la machine à détricoter les avancées sociales tourne à plein régime avec son cortège de souffrances. L’urgence écologique est niée dans son ampleur. Le racisme y compris d’État grimpe. Nos lecteurs et lectricesde ce site connaissent tout ça par cœur.
En un mot comme en cent : il reste à changer ce monde.
Mais aujourd’hui, dans la Vienne, avec « Inventons la Vienne écologique et solidaire« , une fenêtre s’est ouverte pour participer à la construction d’un Syriza à la française.
Enfin !
De l’air !
Pascal Canaud