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Tweet de Danièle Obono, « afroféministe, écosocialiste, députée » de Paris France isoumise :
« Cette image est une insulte à mes ancêtres, ma famille et mon mouvement politique. Une souillure indélébile. J’ai mal à ma République. Et je suis plus déterminée que jamais à lutter contre le #racisme, pour la liberté, l’égalité et la fraternité. »
https://twitter.com/Deputee_Obono/status/1299785307697614850
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Agence France Presse : « une députée noire dépeinte en esclave dans un magazine de la droite radicale »
29 août 2020 Par Agence France-Presse
« La classe politique française, jusqu’au président de la République, a unanimement condamné samedi un magazine ultra-conservateur dépeignant en esclave une députée noire de la gauche radicale, dénonçant un article « inacceptable » et une « apologie du racisme ».
Emmanuel Macron a appelé la députée samedi pour lui faire part de sa « condamnation claire de toute forme de racisme », a indiqué l’Elysée à l’AFP.
Un peu plus tôt, le Premier ministre Jean Castex avait condamné sur twitter une « publication révoltante » et assuré la députée Danièle Obono du soutien du gouvernement.
Dans un récit de sept pages publié cette semaine par Valeurs actuelles, la députée de Paris « expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l’esclavage » au XVIIIe siècle, selon la présentation qu’en fait le magazine. Des dessins de Mme Obono, collier en fer au cou, accompagnent ce « roman de l’été ».
« Le racisme est un mal nocif. Il détruit. Il est un délit », a aussi rappelé la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai sur twitter. « On est libre d’écrire un roman nauséabond, dans les limites fixées par la loi. On est libre aussi de le détester. Moi je le déteste et suis (aux) côtés » de la parlementaire, a écrit pour sa part le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.
Réprouvant vivement un « cortège de haines, comme l’ont déjà expérimenté beaucoup de responsables politiques noirs ou d’origine maghrébine ces dernières années », l’association SOS Racisme a indiqué dans un communiqué étudier « les suites judiciaires envisageables ».
Dès vendredi, Mme Obono avait évoqué sur Twitter une « merde raciste dans un torchon ». « L’extrême-droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même », avait-elle ajouté. Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI, le parti auquel elle appartient, s’était élevé contre un « harcèlement nauséabond » envers la députée.
Mais, a répondu le magazine d’opinion par le même canal, « il s’agit d’une fiction mettant en scène les horreurs de l’esclavage organisé par des Africains au XVIIIème siècle », « terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir ».
Sur BFMTV, Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles, a fait amende honorable: « On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danielle Obono soit choquée. On s’excuse auprès d’elle à titre personnel ». « Si je l’avais en face de moi aujourd’hui, je lui dirais pardon, je suis désolé de vous avoir blessée », a-t-il ajouté, assurant que son journal n’était « pas raciste ». L’objectif était « de faire une fiction, certes complexe, certes tirée par les cheveux, peut-être mal venue, peut-être malaisante, mais jamais malveillante et jamais méchante », a-t-il affirmé.
Un responsable du parti d’extrême-droite Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a condamné sur Twitter la publication, « d’un mauvais goût absolu »: « le combat politique ne justifie pas ce type de représentation humiliante et blessante d’une élue de la République », selon lui. »
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Voici la réaction de la Fondation Franz Fanon :
Une députée noire portant les chaînes de l’esclavage au cou !
C’est par cette image que Valeurs Actuelles a illustré son roman-fiction de cette semaine, intitulé « Danièle Obono au temps de l’esclavage ».
Le « journal » d’extrême-droite, qui n’en est pas à son coup d’essai en matière de racisme, pousse ici sa nostalgie du colonialisme et de la mise en esclavage à son paroxysme, entre iconographie esclavagiste et révision de l’Histoire.
Alors que cet essai-fiction a pour objet d’imaginer que « chaque semaine, un personnage emprunte les couloirs du temps », Valeurs Actuelles choisit, pour le premier personnage Noir de cette série, de le renvoyer en Afrique au temps de l’esclavage et de lui faire porter les chaînes.
L’Afrique y est ici décrite selon les clichés européens les plus communs : elle réunit des femmes dont les lèvres sont écartelées et des hommes rétrogrades, au milieu de cafards grouillants et de tam-tam chantant. Des silhouettes d’Africains ornent la mise en page du roman, des femmes et des hommes nus autour d’un feu de bois, d’autres marchant les poings liés et Danièle Obono la chaîne autour du cou.
Aussi, le récit fictif se vautre dans le révisionnisme et le négationnisme historique, puisqu’il exonère les Européens de toute responsabilité dans la traite transatlantique négrière.
Plus encore, c’est finalement un chrétien Français qui sauvera Danièle Obono de sa condition, un comble pour qui sait que c’est au nom de la chrétienté que l’Europe mit en esclavage aussi bien les Noirs que les Indigènes, ce qui fût consacré en France en 1685 par le Code Noir de Colbert qui les relégua au statut de « biens meubles ».
Alors qu’un Afro-Américain vient de recevoir sept balles dans le dos par un policier Blanc et qu’en France des dizaines de milliers de personnes se sont réunies à plusieurs reprises ces derniers mois contre le racisme, c’est ainsi que Valeurs Actuelles réagit aux mobilisations récentes des Black Lives Matter : en mettant les chaînes à une députée Noire à qui il compte faire payer ses positions courageuses sur le racisme en France et son soutien à ses victimes.
Valeurs Actuelles, dont Geoffroy Lejeune, son rédacteur en chef, est recruté sur C8 à partir de septembre, insère par ailleurs ce roman-fiction dans un numéro consacré à « l’ensauvagement », thématique chère à l’extrême-droite et au gouvernement de Macron, pointant du doigt les Noirs et les Arabes de France en feignant d’oublier que ce sont avant tout les orientations ultra libérales du gouvernement ainsi que le racisme structurel et systémique qui ensauvagent la société dans son ensemble.
En soutien à Danièle Obono, et pour lutter contre la banalisation du discours raciste et de ses promoteurs médiatiques*, nous appelons à un large rassemblement devant les locaux de Valeurs Actuelles, samedi 5 septembre, à son siège au 24, rue Georges-Bizet 75116, 14h !
Fondation Frantz Fanon
Communiqué national du MRAP:
Soutien à Danièle Obono, victime d’une campagne raciste nauséabonde
Danièle Obono représentée en esclave… dans « Valeurs Actuelles », résurgences des « valeurs » de la presse fasciste d’hier !
Dans une société démocratique les désaccords politiques doivent s’exprimer librement. Les déclarations de la députée Danièle Obono, comme celles de tout élu de la République, peuvent légitimement donner lieu à contestations, mêmes sévères.
Mais la haine raciale à son encontre ne relève pas du débat civilisé. La revue d’extrême-droite « Valeurs Actuelles » en publiant un montage assimilant Danièle Obono à une esclave s’inscrit dans la tradition de la presse raciste la plus abjecte d’hier.
Les valeurs « actuelles » du torchon d’extrême-droite ne sont qu’une résurgence des « valeurs » immondes de « Je Suis Partout », « La Gerbe » ou « Au Pilori des années 40, seul l’objet de la haine raciste diffère. La presse raciste d’alors visait les personnalités politiques juives ; elle se déchaîne aujourd’hui contre Danièle Obono en raison de sa couleur de peau.
La nausée nous submerge !
Les MRAP demande aux chaînes télévisées publiques ou privées de ne plus inviter les représentants de « Valeurs Actuelles » dans leurs revues de presse ou débats politiques, sous peine de se déshonorer.
Le MRAP apporte son soutien à Danièle Obono, victime d’une campagne raciste nauséabonde.
Paris, le 29 août 2020
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Collège de la Présidence
MRAP – Mouvement contre le Racisme de pour l’Amitié entre les Peuples
43 bd Magenta – 75010 Paris
Tel : 01 53 38 99 99 – Fax : 01 40 40 90 98