La justice de Macron frappe des gens du peuple arrê­tés à Paris avec dureté. Plus que jamais.

La photo (Media­part) qui illustre l’ar­ticle est la photo d’Alexandre Benalla, l’ex garde du corps de Macron qui frap­pait les mani­fes­tants à terre, que Macron a toujours soutenu. Benalla n’est pas en prison. Macron avait dit « qu’ils viennent me cher­cher! » . De partout en France on vient le cher­cher; il lui reste l’ap­pa­reil répres­sif.

 

La répres­sion frappe dure­ment les mani­fes­tants arrê­tés. Ci-dessous, deux exemples parmi tous ceux qui sont rela­tés par Media­part. Deux exemples de prison ferme.

  • Étienne, 27 ans, tech­ni­cien, venu de Lyon (Rhône)

(…) Étienne implore le tribu­nal de ne pas le condam­ner. Sans succès. Le ciel lui tombe sur la tête : six mois de prison ferme, trois mois de plus que les réqui­si­tions du parquet. Maigre conso­la­tion : le mandat de dépôt, requis par la procu­reure, n’est pas retenu, Étienne va être relâ­ché, sa peine aména­gée dans la mesure du possible.

Et s’il perdait son CDI à 27 ans « à cause de tout ça » ? Tech­ni­cien pour une société privée, il travaille sur le chan­tier de l’au­to­ma­ti­sa­tion du métro lyon­nais pour 1 500 euros par mois. Sa mère, retrai­tée, pleure depuis le début de l’au­dience, discrè­te­ment au premier rang, et s’écroule : « Que se serait-il passé s’il avait cassé la vitrine d’un maga­sin ? Il aurait pris un an ? »(…)

Étienne a été inter­pellé samedi 1er décembre au matin après la décou­verte de fumi­gènes et de pétards dans son sac. « Je les ai ache­tés sur inter­net pour me défendre après avoir subi des gazages abusifs le week-end dernier, répond Étienne. Avec ma mère, nous mani­fes­tions paci­fique­ment près de l’Arc de triomphe quand nous avons été gazés par un cordon de CRS qui n’a fait aucune diffé­rence entre les casseurs et les familles. C’était très violent. »

Un grand-père pari­sien, venu assis­ter à l’au­dience « par soli­da­rité avec les gilets jaunes », glisse ce qui lui appa­raît une évidence : « C’est parce qu’il est le seul Noir qu’ils le condamnent à autant de prison pour des pétards même pas utili­sés. »

 

Stéphane, 45 ans, boucher-char­cu­tier, venu des Hautes-Alpes

Stéphane vient « de la campagne », « d’un milieu agri­cole où on a toujours un couteau sur soi », « pour brico­ler, couper le saucis­son, le fromage » et aussi une lampe-torche. Il a 45 ans, un CDI de boucher dans un abat­toir, un emprunt à rembour­ser, une fille qui vit avec sa mère dont il est séparé et à laquelle il verse une pension alimen­taire. Samedi 1er décembre, il était « tout content » de vivre sa « première mani­fes­ta­tion d’en­ver­gure » dans la capi­tale contre ce gouver­ne­ment « qui a enlevé 100 euros de retraite à nos anciens, nos parents, nos retrai­tés  ». Il avait roulé la veille depuis ses Hautes-Alpes jusqu’à Lyon avec les copains, puis pris le TGV jusqu’à Paris.

Vu les scènes de violence regar­dées à la télé, la bande avait prévu « de se proté­ger ». Stéphane avait un casque de chan­tier avec visière, un masque de pein­ture. Arri­vés de nuit à Paris, ils ont attendu que la manif commence en pico­lant parce qu’ils sont bons vivants et que ce voyage, ils le voulaient festif. Stéphane le concède : à une époque, il a eu un problème avec l’al­cool. Mais plus main­te­nant. Vers 8 heures, ils se sont diri­gés vers les Champs-Élysées. Mais ils n’ont jamais réussi à y accé­der à cause des barrages de CRS aux alen­tours.

Stéphane s’est mis en tête de convaincre les CRS « de rejoindre le peuple ». Ils ont refusé, l’ont repoussé. Et c’est là que tout s’est enve­nimé. « Je suis devenu con, je les ai trou­vés telle­ment froids, j’ai foncé dans le barrage pour montrer à Macron que le peuple est plus fort que les CRS. » Stéphane en a oublié de mettre son casque de chan­tier pour se proté­ger. Il est ressorti à 8 h 50 menottes aux mains et avec un énorme cocard à l’œil droit. Le voilà main­te­nant dans ce box vitré du TGI de Paris à tirer sur ses poils de barbe après des heures en garde à vue et deux nuits à Fresnes. Lui qui a un casier vierge doit justi­fier pourquoi on a trouvé sur lui un Opinel et une lampe-torche alors qu’il faisait plein jour.

Il veut parler de poli­tique, de cette France oubliée qui travaille dur, le président l’ar­rête : « Ici, ce n’est pas une tribune poli­tique. » Stéphane baisse la tête, penaud. Il dit qu’il est « au bord du suicide », s’ex­cuse « d’avoir été con ». La procu­reure requiert six mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

Stéphane écope de quatre mois de prison ferme. « Nous ne prononçons pas de mandat de dépôt. Vous serez convoqué par le juge des appli­ca­tions des peines de Gap et vous verrez ensemble comment aména­ger la peine », lui dit le président. Mais Stéphane ne l’écoute déjà plus, sidéré, ne rete­nant plus que le mot « prison ».

 

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