L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) vient d’exiger l’arrêt de 5 réacteurs nucléaires d’EDF pour effectuer des tests, dont Civaux 1. Sept autres, dont Civaux 2, n’ont toujours pas reçu l’autorisation de redémarrer. En cause : le dépassement de la teneur en carbone de l’acier de certains équipements vitaux pour la sûreté. Ce problème concerne quatre générateurs de vapeur (GV) sur les huit que comportent les deux tranches de Civaux.
Les générateurs de vapeur sont décidément un des maillons faibles des centrales. Leur vulnérabilité est connue depuis longtemps. Ils vieillissent mal, comportent des milliers de tubes dont la fissuration ou la rupture conduirait à la contamination du circuit secondaire et au relâchement de radioactivité dans l’environnement (air et rivière). La fragilisation de l’acier des fonds de générateurs par l’ excès de carbone vient aggraver ce risque.
Ces générateurs défaillants sortiraient des usines de Creusot Forge (filiale d’AREVA) et du Japonais JCFC (filiale de Mitsubishi). Il faudra expliquer pourquoi les pièces forgées dans deux usines si éloignées présentent les mêmes défauts génériques.
A expliquer aussi les irrégularités constatées par l’ASN dans les dossiers de certification des pièces qui concerneraient 24 réacteurs en France. Ces scandales illustrent de manière éclatante les limites du système de contrôle, où, faute de volonté ou de moyens, l’on postule que les industriels sont de bonne foi, déclarent d’eux-mêmes les problèmes et les résolvent pour garantir la sûreté.
[Des associations ont porté plainte pour faux et usage de faux et mise en danger de la vie d’autrui auprès du Procureur de Paris, pour ce qui concerne la centrale de Fessenheim.]
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Une sortie du nucléaire doit être enfin entreprise maintenant !
Force est de constater que le savoir-faire des industriels ne satisfait plus les exigences de rentabilité du nucléaire. Le rêve du savant devient le cauchemar de l’ingénieur. Les augmentations de rendement des centrales et la prolongation de leur durée de vie poussent les matériaux à leurs limites et multiplient les risques. Plus que jamais, la « sûreté nucléaire » s’avère un mythe.
Parce que les équipements concernés sont essentiels pour la sûreté et parce que la liste des réacteurs impactés ne fait que s’allonger, le principe de précaution impose que la politique énergétique de la France change de cap en planifiant la sortie du nucléaire avec l’arrêt des centrales par ordre de dangerosité . Il nous semble urgent de ne pas dépenser des milliards d’euros pour prolonger nos centrales nucléaires vieillissantes , mais d’investir ces sommes dans les économies d’énergie et dans le développement d’un mix d’énergies renouvelables.
Poitiers, le 26/10/16