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alternatives / antifascisme / repression

Media­part. 13–2. Roma­ric Godin. « Contre le trum­pisme et ses avatars, passer à l’of­fen­sive »

pascal bpar pascal b19 février 2025
extraits
Contre le trum­pisme et ses avatars, passer à l’of­fen­sive

Le combat contre l’ex­trême droite en voie de trum­pi­sa­tion ne peut pas s’en­fer­mer dans une simple logique défen­sive. Comme il y a 80 ans, la résis­tance au nouvel auto­ri­ta­risme doit réflé­chir aux causes du désastre pour propo­ser les condi­tions d’une société démo­cra­tique renou­ve­lée. 

Média­part Roma­ric Godin  13 février 2025

Le choc est évidem­ment terrible. Les États-Unis, jusqu’à peu présen­tés comme l’exemple absolu du lien indé­fec­tible entre démo­cra­tie et capi­ta­lisme, basculent en ce début d’an­née 2025 dans un autre monde. Les premiers actes de l’ad­mi­nis­tra­tion Trump trahissent un coup d’État de facto visant à rendre caduque la Cons­ti­tu­tion des États-Unis.
L’ir­rup­tion d’un régime à carac­tère néofas­ciste dans la prin­ci­pale puis­sance mili­taire et écono­mique du monde cause une sidé­ra­tion natu­relle et entraîne un réflexe bien compré­hen­sible : celui de tenter de sauve­gar­der « le monde d’avant » qui, natu­rel­le­ment, paraît plus clément que celui promis par Donald Trump et Elon Musk. On s’ef­force donc là-bas de sauve­gar­der les cadres de l’État de droit et ici, en Europe, de sauve­gar­der ce même État de droit des griffes des thuri­fé­raires et des fondés de pouvoir du nouveau régime états-unien.
Tout cela est évidem­ment haute­ment néces­saire et urgent. Mais ce mouve­ment de résis­tance ne doit pas se conten­ter d’une simple posture défen­sive ou nostal­gique. Il ne doit pas viser le retour à une forme de statu quo ante idéa­lisé. Pour vaincre le retour de l’hydre auto­ri­taire de façon effi­cace et durable, il faut analy­ser les condi­tions de sa réémer­gence et propo­ser une alter­na­tive démo­cra­tique crédible, c’est-à-dire capable d’évi­ter la répé­ti­tion du pire.
La réfé­rence ici doit ainsi être la Résis­tance (….) La lutte anti­fas­ciste a donc débou­ché sur la mise en place d’un État social qui a profon­dé­ment modi­fié la société.
On peine aujourd’­hui à en prendre conscience, mais la France d’après 1945 est en rupture totale avec celle de l’avant-guerre, qui avait un filet de sécu­rité sociale parmi les plus réduits d’Oc­ci­dent. Ce chan­ge­ment a été le produit d’une lutte contre les racines de la guerre et du fascisme autant que contre le fascisme lui-même. Et c’est cette démarche qui doit désor­mais hanter celles et ceux qui entendent s’éle­ver contre la puis­sance du capi­ta­lisme auto­ri­taire contem­po­rain.
Les racines écono­miques du trum­pisme
Pour y parve­nir, il faut donc commen­cer par iden­ti­fier les racines du coup d’État actuel. Elles se trouvent dans les besoins des secteurs rentiers de l’éco­no­mie états-unienne et, au premier chef, de celui de la tech­no­lo­gie.
C’est, rappe­lons-le, le produit d’une histoire plus longue, celle d’un ralen­tis­se­ment de l’éco­no­mie mondiale après la crise de 2008, qu’au­cune mesure n’a été capable de conju­rer et qui a donné lieu à des méthodes préda­trices dont la conclu­sion natu­relle est la prise de contrôle de l’État états-unien. Inca­pable de produire de la valeur par les moyens habi­tuels, le capi­tal s’est réfu­gié dans les secteurs rentiers, où l’on capte la valeur sans passer par les marchés. Mais ces secteurs, pour pour­suivre leur accu­mu­la­tion, ont besoin de contrô­ler la société dans son ensemble, de la soumettre à la pseudo-réalité de leurs algo­rithmes.
C’est ici que la violence anti­dé­mo­cra­tique et impé­riale trum­piste prend sa source.
(…) La posi­tion apolo­gé­tique du capi­ta­lisme, vali­dée par le rejet de tout « écono­mi­cisme », a conduit à un aveu­gle­ment sur les forces à l’œuvre depuis un demi-siècle.

Le premier écueil est de croire que le capi­ta­lisme néoli­bé­ral serait l’an­ti­dote à la bascule fasci­sante d’un Trump.


Ceux qui ont défendu la contre-révo­lu­tion néoli­bé­rale qui, préci­sé­ment, a cher­ché à mettre à bas les effets de la lutte anti­fas­ciste de l’après-guerre, s’étonnent aujourd’­hui de la « contre-révo­lu­tion » trum­piste, comme le titrait Le Monde du 11 février.
Mais cette rupture est la consé­quence logique de la précé­dente. Puisque le rêve néoli­bé­ral d’un marché enca­dré parfait et effi­cace a débou­ché sur le désastre de 2008 et s’est révélé inca­pable de redres­ser la produc­ti­vité et la crois­sance, les gagnants de ce marché ont pris les choses en main et tentent de construire un monde soumis à leurs inté­rêts.
Le premier écueil de l’époque est donc de croire que le capi­ta­lisme néoli­bé­ral serait l’an­ti­dote à la bascule fasci­sante d’un Trump.(….)
L’en­nui, c’est que c’est bel et bien ce « capi­ta­lisme démo­cra­tique » qui a enfanté de la mons­truo­sité trumpo-muskienne. La sacro-sainte « écono­mie de marché » qui, depuis quarante ans, est parée de toutes les vertus par les intel­lec­tuels à la mode est en réalité dans une crise perma­nente qui ne pouvait débou­cher que sur une conclu­sion auto­ri­taire et mono­po­lis­tique.
Les marchés « disci­pli­nés »
La concur­rence, présen­tée comme une solu­tion à tous les maux de la société par les néoli­bé­raux, n’est jamais qu’une solu­tion tempo­raire. Elle débouche inévi­ta­ble­ment sur des concen­tra­tions, par le jeu même des marchés, et les grands groupes issus de ce phéno­mène n’ont alors qu’une obses­sion : préser­ver leurs posi­tions. Lorsque la crois­sance est de plus en plus faible, comme aujourd’­hui, ils le font par la prise du pouvoir poli­tique et la mise au pas de la société. Lutter contre le trum­pisme en réac­ti­vant les illu­sions néoli­bé­rales serait dès lors la plus funeste des erreurs.
(…)
La dégra­da­tion de la démo­cra­tie libé­rale et sa réduc­tion crois­sante à une forma­lité élec­to­rale ne sont pas une nouveauté trum­piste.

L’échec néoli­bé­ral est le berceau même de la xéno­pho­bie et du racisme de l’ex­trême droite.


Depuis les années 1980, les néoli­bé­raux s’acharnent à réduire le rôle des syndi­cats, à réduire le rôle du collec­tif dans le travail, à marchan­di­ser les rapports sociaux, à colo­ni­ser les imagi­naires à coups d’hé­roï­sa­tion des « entre­pre­neurs ». Le but de ce mouve­ment est évidem­ment de contrô­ler les votes pour éviter toute remise en cause de l’ordre social.
Et si cela ne suffi­sait pas, les néoli­bé­raux n’ont pas hésité à verrouiller la démo­cra­tie en inscri­vant dans le droit consti­tu­tion­nel ou dans les trai­tés inter­na­tio­naux les fonde­ments de leur doctrine. En cas de besoin, la « disci­pline de marché » venait frap­per les socié­tés, à l’image de ce qui s’est produit en Grèce depuis 2010. Et, pour finir, le régime néoli­bé­ral n’hé­si­tait pas à avoir recours à la répres­sion. Des mineurs britan­niques aux « gilets jaunes », la matraque a souvent eu le dernier mot face à la contes­ta­tion.
Cette poli­tique, par ailleurs inef­fi­cace, a pavé la voie à l’hor­reur trum­piste comme précé­dem­ment à la dicta­ture de Vladi­mir Poutine en Russie, et comme elle a affai­bli les démo­cra­ties euro­péennes face aux extrêmes droites. Elle a préparé les esprits à la violence, au déni de démo­cra­tie, aux situa­tions d’ex­cep­tion, en un mot à la soumis­sion de la société aux inté­rêts du capi­tal. Logique­ment, lorsque l’ex­trême droite propose une poli­tique sur mesure pour les plou­to­crates, une grande partie de la popu­la­tion ne s’en émeut guère.
Enfin, l’échec néoli­bé­ral est le berceau même de la xéno­pho­bie et du racisme de l’ex­trême droite. Pour deux raisons. D’abord, parce que, depuis 2008, en voulant se main­te­nir au pouvoir, les partis néoli­bé­raux n’ont pas hésité à se saisir du thème de l’im­mi­gra­tion et à l’ins­tru­men­ta­li­ser.
(….)
Ensuite, parce qu’en échouant à faire rebon­dir produc­ti­vité et crois­sance, les néoli­bé­raux ont construit une écono­mie de « jeu à somme nulle » où les enjeux de redis­tri­bu­tion sont désor­mais des enjeux de concur­rence au sein même de la société. Pour obte­nir plus, les groupes sociaux doivent prétendre « prendre » aux autres. Et comme les néoli­bé­raux refusent toute redis­tri­bu­tion du haut vers le bas et ont, pour ce faire, détruit tout senti­ment de classe sociale, ce sont logique­ment les appar­te­nances ethniques ou raciales qui ont repris le dessus. Et ceux qui proposent une redis­tri­bu­tion sur ces bases, ce sont les partis d’ex­trême droite.
(…)
La démo­cra­tie comme anti­dote
Pour sortir de cette ornière, il faut prendre conscience que le cœur du problème est dans l’évo­lu­tion récente du capi­ta­lisme. Progres­si­ve­ment, le capi­ta­lisme démo­cra­tique s’est vidé de son sens. La démo­cra­tie est deve­nue un obstacle à l’ac­cu­mu­la­tion du capi­tal. Et cela n’est pas seule­ment vrai pour les géants de la tech, mais aussi pour le reste du capi­ta­lisme, qui entend impo­ser des poli­tiques qu’il juge néces­saires, quoi qu’il arrive.
Aucun secteur du capi­tal ne vien­dra au secours de la démo­cra­tie. Ceux qui dépendent des aides publiques pour main­te­nir leur taux de profit entendent impo­ser une austé­rité sur les dépenses sociales et les salaires, sans se soucier d’au­cune vali­da­tion popu­laire. C’est ce que le débat budgé­taire français a clai­re­ment montré récem­ment.
(…)
Il est indis­pen­sable de redé­fi­nir les besoins des indi­vi­dus au regard non plus des besoins de l’ac­cu­mu­la­tion, mais des besoins sociaux et envi­ron­ne­men­taux.
Car ce que le trum­pisme, comme le melo­nisme, nous apprend, c’est bien ceci : la forme démo­cra­tique réduite au vote n’est pas la démo­cra­tie réelle. Celle-ci doit pouvoir s’ap­puyer sur une société civile forte elle-même fondée sur la diver­sité, le respect des mino­ri­tés, des débats de fond, une liberté indi­vi­duelle consciente de ses limites sociales et envi­ron­ne­men­tales. Autre­ment dit, les condi­tions sociales de produc­tion du vote sont plus impor­tantes que le vote lui-même. 
On peut conti­nuer à croire que démo­cra­tie et capi­ta­lisme sont indis­so­ciables en s’ap­puyant sur un capi­ta­lisme régulé et enca­dré. Mais dans le capi­ta­lisme actuel, de telles régu­la­tions ressemblent à des leurres. La course à l’ac­cu­mu­la­tion risque d’em­por­ter ces barrières avec ce qu’il reste de démo­cra­tie.
(…)
Face à la « liberté d’ex­pres­sion » bran­die par l’ex­trême droite, qui n’est que la liberté de se soumettre aux ordres du capi­tal et de leurs algo­rithmes, la résis­tance nouvelle doit propo­ser une liberté plus authen­tique, qui se réalise dans une soli­da­rité renou­ve­lée et une conscience des limites plané­taires et sociales. C’est à cette condi­tion que la démo­cra­tie pourra à nouveau avoir un sens.
(…)
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ÉtiquettédémocratieMediapartRomaric Godin

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