Pour une clari­fi­ca­tion du Front de Gauche

Cet accord d’étape entre les forma­tions du Front de Gauche pour les élec­tions régio­nales de décembre 2015 en Aqui­taine-Limou­sin-Poitou-Charentes affirme « la néces­sité de rassem­bler une gauche anti-austé­rité unitaire et large dans son péri­mètre et en même temps exigeante sur son contenu et sans ambi­guïté sur son projet poli­tique ».

Malheu­reu­se­ment le texte entre­tien préci­sé­ment beau­coup d’am­bi­guï­tés, sur le projet poli­tique du Front de Gauche dans notre future grande région comme sur sa stra­té­gie élec­to­rale.

Pour commen­cer, la dénon­cia­tion du système dans lequel nous vivons s’abs­tient de le quali­fier de capi­ta­liste, ce qui évite de préci­ser quelques lignes plus loin que « les poli­tiques régio­nales alter­na­tives à celles menées aujourd’­hui, en rupture avec les poli­tiques d’aus­té­rité et de compé­ti­ti­vité », ne peuvent s’ins­crire que dans une logique anti­ca­pi­ta­liste.

A moins que ces précau­tions de langage ne cachent une stra­té­gie d’al­liances au second tour qui reste­rait à géomé­trie variable dans un péri­mètre large et ouvert, d’Eu­rope-Ecolo­gie les Verts au Parti socia­liste.

Croit-on encore dans le Front de Gauche que la rhéto­rique de l’union de la gauche puisse convaincre tous les déçus de la poli­tique et toutes les victimes de l’aus­té­rité et qu’une alter­na­tive puisse passer par une simple « modi­fi­ca­tion des rapports de force à gauche » au premier tour » suivie au second tour « d’une fusion qui permette une juste repré­sen­ta­tion du vote des élec­teurs du Front de Gauche » ?

Ce serait se méprendre grave­ment sur les choix profonds et défi­ni­tifs des Partis socia­listes en France et dans toute l’Eu­rope en faveur de l’éco­no­mie de marché et des forces du capi­tal; convain­cus que sont leurs diri­geants qu’il n’y a pas d’al­ter­na­tive possible au système capi­ta­liste en Europe, ni dans le monde.

L’ex­pé­rience récente de la Grèce est là pour nous le rappe­ler. D’ailleurs, est-ce pour éviter de reve­nir sur l’échec doulou­reux de SYRIZA que cet ébauche d’ac­cord poli­tique du Front de Gauche pour les élec­tions régio­nales de décembre prochain en France ne dit mot de la poli­tique de l’Union Euro­péenne en œuvre et dans laquelle s’ins­crit pour­tant la réforme terri­to­riale impo­sée à marche forcée par le gouver­ne­ment socia­liste de Hollande et Valls.

Autant d’am­bi­guï­tés devront être rapi­de­ment levées si le Front de Gauche veut convaincre de voter pour ses candi­dats en décembre prochain, des citoyens qui, faute de pers­pec­tives poli­tiques claires, capables de répondre à leurs diffi­cul­tés et à leurs inter­ro­ga­tions, se réfu­gie­ront encore plus nombreux dans l’abs­ten­tion. Il n’y a pas d’autre possi­bi­lité de nous oppo­ser au système qui nous régit que de nous enga­ger dans la construc­tion d’une alter­na­tive qui casse sa logique capi­ta­liste. Ce proces­sus de trans­for­ma­tion doit être clai­re­ment pensé et affirmé, y compris en période élec­to­rale si nous voulons qu’il devienne, un jour proche, force d’éman­ci­pa­tion. Toute atti­tude ambi­guë d’op­por­tu­nisme élec­to­ral ruine­rait les espoirs de réus­site d’un tel proces­sus et rédui­rait nos préten­tions de construire une véri­table alter­na­tive sociale, écolo­gique et démo­cra­tique en France, à une simple posture poli­tique, peu crédible.

Chris­tian Lanneau

7 réflexions sur « Pour une clari­fi­ca­tion du Front de Gauche »

  1. Le Front de gauche, comme tu le sais Christian, ne parle d’une seule voix que par intermittences. Les divergences dans le Front de gauche sur l’analyse de l’UE, sur l’analyse du gouvernement Tsipras, sont publiques. Et je crois que si toutes les organisations du Front de gauche se disent anticapitalistes, il reste  à préciser ce qu’on veut dire par ce mot, cette perspective.

    Ensemble produit des textes pour préciser cela. C’est un travail en cours.

    Pour en revenir aux élections, si le discours est trop simple- les élections ne sont pas le moment du développement des grandes questions politiques mais de schématismes et slogans qui sont utiles -, il me parait offrir une alternative aux amis néolibéraux de Hollande-Valls-Macron (si aimés des scissionnistes récents de EE-LV comme des députés PS et du MEDEF) comme à cette droite LR qui s’avère chaque jour plus raciste et liberticide comme aux post-fascistes du FN qui haïssent sans retenue tous les étrangers.

  2. Certes, toutes les ambiguïtés ne sont pas levées. Mais les choses vont dans le bon sens, par exemple cet engagement commun dans l’accord : »nos élus ne parti­ci­pe­rons pas à un exécu­tif régio­nal qui conti­nue­rait les poli­tiques actuel­le­ment mises en œuvre (austé­rité, métro­po­li­sa­tion, compé­ti­tion et concur­rence entre les terri­toires) ». Et on peut parier sa chemise que le PS ne changera pas de politique.

    1. on peut en parier une autre sur le fait que l’engagement de ne pas participer à un exécutif qui continuerait les politiques actuelles ne sera pas tenu.

      1. Les paris sont donc lancés. Alors que tout annonce une progression du FN, ce parti post-fasciste. Alors que le PS de Hollande et Valls réprime sans retenue Place de la République des manifestant.e.s, dont des camarades d’Ensemble,  qui ne veulent pas voir leurs libertés partir en fumée (alors que des hommes en noir cagoulés et sans parole viennent lancer divers projectiles sur les flics puis fuir dans la foule qui, elle, subira la répression).

        En ces temps troublés, nous faisons le pari de l’ alliance maintenue nommée Front de gauche.  Avec cet accord, il y a engagement des parties participantes.

        Nous nous engageons en tant qu’Ensemble à ne pas participer à des exécutifs dirigés par les amis de Valls et Hollande. Nous le redisons.

        Vous pouvez parier vos chemises et petits hauts sur notre engagement: nous tiendrons parole.

  3. Mais le PCF est dans une stratégie de survie et de lobbying politique. Il voudra des élus, y compris dans l’exécutif, et pour cela il suffira qu’il s’appuie sur la phrase « Dans cette élec­tion, notre volonté est de porter des projets de trans­for­ma­tion sociale, écolo­gique et  démo­cra­tique réelle dans les régions. Si les condi­tions en sont créées, nous pour­rons travailler à leur mise en oeuvre jusque dans les exécu­tifs régio­naux ».

    En effet, aussi bien pour le PC que pour le PS (qui souhaite faire exploser le FdeG), quoi de plus simple que d’écrire vouloir « porter des projets de transformation » si on ne dit pas lesquels, à quelle profondeur et avec quels moyens !

  4. La question est celle de l’indépendance politique par rapport au PS. Si des membres de la coalitionFdg devaient voter le budget priopsé par me PS, nous aurions à dire qu’il n’ y a pa

  5. Tout est possible, les lectures fourbes de l’accord ne sont pas exclues. Elles sont politiquement exclues, me semble-t-il.

    Le PCF déclare, à propos de la liste dirigée par Olivier Dartigolles: « Nous sommes la gauche ». Ce qui signifie que l’alliance, impensable selon moi, du PCF avec Alain Rousset se ferait avec une force définie comme centriste au mieux par eux.

    Ce serait difficile à soutenir, surtout en cette période où le PS soutient l’Union nationale construite autour de l’état d’urgence par Hollande. Même M Le Pen trouve cette politique bonne dans son principe.

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