Soli­da­rité avec Calais et les migrantEs : contre la destruc­tion du bidon­ville

Commu­niqué urgent du Collec­tif poite­vin « D’ailleurs Nous Sommes d’Ici »

Mani­fes­ta­tion à Poitiers mardi 25 octobre 18 heures devant la mairie

 

« Le pouvoir a décidé de détruire le campe­ment de la Lande à Calais. Lais­ser faire sera tragique pour les migrantEs, pour Calais et pour notre monde.

Le campe­ment n’est pas la jungle et les migrantEs ne sont pas des sauvages. La jungle qui vient, la véri­table jungle, c’est plutôt le monde de ceux et celles qui, de Hollande à Le Pen, en passant par Sarkozy, veulent détruire le campe­ment.

Rappe­lons que c’est ce même pouvoir qui a poussé les migrantEs à construire un bidon­ville dans ce lieu insa­lubre après les avoir expul­séEs de force des campe­ments et lieux occu­pés dans le centre de Calais. Rappe­lons que c’est ce même pouvoir qui a construit des « abris » sur le campe­ment pour mieux justi­fier, il y a 6 mois, la destruc­tion de sa partie sud. Rappe­lons que c’est ce même pouvoir qui a envoyé les CRS répri­mer la mani­fes­ta­tion de soli­da­rité du 1er octobre et détruire les sani­taires. Rappe­lons que ce même pouvoir a déjà expulsé dans des « vols grou­pés » plus de 1500 migrantEs de Calais ces derniers mois et qu’il pour­chasse les réfu­giéEs dans les rues de Paris. Rappe­lons que c’est ce même pouvoir qui plani­fie l’ex­pul­sion de milliers de réfu­giéEs afghanEs dans un troc sordide avec le régime afghan.

Ce campe­ment n’a jamais été une jungle. Malgré les condi­tions et la pres­sion de la police le campe­ment est le lieu où peuvent se rassem­bler les migrantEs, où ils peuvent s’or­ga­­ni­ser. Le lieu où peuvent conver­ger les personnes soli­daires et se tisser des liens. Le lieu où ils et elles ne sont plus invi­­si­bi­li­séEs. Pour exis­ter poli­tique­ment. Malgré les condi­tions.

Il n’y aura pas d’al­ter­na­tive au bidon­ville et autres campe­­ments ou lieux occu­pés tant que les migrantEs qui dési­rent aller en Angle­terre seront empê­chéEs de le faire et tant que ceux et celles qui dési­rent s’ins­tal­ler en France n’au­ront pas l’as­su­rance de pouvoir le faire.

En fait il y a une alter­na­tive qui est celle du pouvoir. Et cette alter­na­tive, avec la destruc­tion du campe­ment, c’est la jungle, la vraie. Une situa­tion d’in­vi­si­bi­lité, d’ato­mi­sa­tion, de préca­rité accrues. Où les migrantEs seront d’au­tant plus la proie des passeurs, des violences poli­cières, des expul­sions et des racistes.

Car la jungle n’est pas un monde sans loi. La loi de la jungle c’est la loi du plus fort. C’est la loi du Capi­tal qui as­ser­vit ou détruit. Qui asser­vit et qui détruit. Qui impose sa tech­no­lo­gie, ses médias, sa police et ses tribu­naux, son Etat de plus en plus mons­trueux. Qui s’im­pose par sa tech­no­lo­gie, ses médias, sa police et ses tribu­naux, son Etat de plus en plus mons­trueux. Qui veut faire de sa loi la loi exclu­sive.

Et cette jungle gangrène déjà Calais asphyxié par les murs, les barbe­lés, les camé­ras, les drônes, le racisme, toutes ces en­traves à sa voca­tion de passage et d’échanges. Elle gangrène nos villes et nos quar­tiers. Elle gangrène jusqu’au moindre village de France où le FN orga­nise des rassem­ble­ments. Elle gangrène l’Eu­rope des murs et de la haine.

Elle gangrène nos propres cerveaux qui s’ha­bi­tuent à l’in­­dif­fé­rence tandis que les migrantEs conti­nuent de mourir en mer par milliers. Elle tue dans les quar­tiers popu­laires, elle contrôle au faciès, elle agresse les Musul­manEs et crimi­na­lise désor­mais tous ceux et celles qui refusent l’as­ser­vis­se­ment, syndi­ca­listes, acti­vistes des Zad, personnes soli­daires des mi­grantEs… Elle nous rappelle que les membres de « l’Af­fiche rouge » exécu­tés par les nazis étaient à la fois juifs ET étran­­gers ET commu­nistes. Qu’ils étaient « l’ar­mée du crime ».

Le temps nous est compté. La destruc­tion du bidon­ville à Calais c’est la jungle qui avance. Nous ne convain­crons pas ce pouvoir. Il est celui de la jungle. Hollande comme Sarkozy et comme Le Pen veulent en être les rois.

Mais nous pouvons nous soule­ver et faire barrage aux pro­­grès de la jungle. Oppo­ser à la loi du Capi­tal celle de nos soli­da­ri­tés.

Le temps nous est compté. Peut-être est-il déjà trop tard pour empê­cher la destruc­tion du campe­ment. Mais les ba­tailles perdues sont toujours celles qu’on ne mène pas. Qu’au moins s’amorce la contre-offen­sive. Pour Calais, pour les mi­grantEs, pour notre monde et notre huma­nité.

Nous appe­lons ceux et celles qui le peuvent à aller à Calais pour témoi­gner de leur soli­da­rité avec les migrantEs, pour témoi­gner des moyens utili­sés par les auto­ri­tés.

Nous appe­lons à nous rassem­bler dans toutes les villes, dans tous les villages, devant les mairies, devant les préfec­­tures, en soli­da­rité avec les migrantEs et contre la destruc­tion du campe­ment de Calais.

De Vinti­mille à Calais en passant par Paris et toutes les villes et villages, nous appe­lons à nous orga­ni­ser, aux côtés des migrantEs pour la liberté et contre la jungle qui vient.

Rassem­ble­ment mardi 25 octobre 18h

Place du Mal Leclerc devant la mairie

dnsi86

Contact:dnsi86in­fo@g­mail.com

Poitiers le 23 octobre 2016