Voici la lettre de Didier à laquelle Christian répond:
Le débat ne saurait manquer de rebondir, de s’enrichir.
PB, 31–5–2021
Voici le courrier de Christian Zielinski:
Cher Didier,
Je tiens à te faire part en toute fraternité de mon inquiétude sinon de mon agacement face à ce que j’appellerai un état de dénigrement obsessionnel qui t’empêche d’appréhender le mouvement réel, de faire preuve de discernement, d’écoute et de reconnaissance envers l’autre surtout lorsque celui ci a la malchance d’être membre du Parti Communiste. Cette rumination victimaire s’apparente à du ressentiment dont je te souhaite vivement de te libérer afin soulager tes souffrances.
Je ne m’engagerai donc pas sur le chemin de la polémique stérile. Mais je tiens à te répondre en toute fraternité car nous nous connaissons depuis 10 ans maintenant. J’ai toujours apprécié notre amitié, échanges, notre engagement commun dans les luttes successives jusqu’au jour où tu as décidé de te retourner contre ce que nous avions ensemble tenté de construire avec de nombreux camarades. Tu t’es donc mis à chercher toutes les raisons pour détruire cette expérience de rassemblement et tu es entré en campagne pour démobiliser un nombre de camarades au prétexte que le PCF faisait une OPA sur le Front de Gauche en Sud Vienne. Nous étions conscients que cette expérience de rassemblement deviendrait de plus en plus fragile dès lors que JL Mélenchon décida unilatéralement d’enterrer le FDG au niveau national. Nous en avions conscience et décidions malgré tout de prolonger cette expérience citoyenne en gardant le nom FDG puisqu’il bénéficiait d’un écho non négligeable en Sud Vienne. Mais si j’ai bien compris le sens de ta démarche ce n’est pas tant le libellé FDG qui te gênait mais le fait que la section du PCF Sud Vienne comprenait une soixantaine d’adhérents, recrutait régulièrement ce qui faisait que lors des réunions et initiatives FDG nous étions nombreux, ce dont chacun.e aurait pu se féliciter au nom de l’intérêt de tous.Tu ne peux pas nier que les camarades communistes dans leur ensemble ont toujours respecté la diversité, l’équité dans les discussions et manifesté un esprit et une démarche de partage avec les autres camarades.
Puis une autre argumentation s’est développé selon laquelle le FDG ne se préoccupait pas des questions de l’environnement et que le mot d’ordre l’Humain d’Abord restait insuffisant au regard de l’urgence climatique. Qui a contredit cette judicieuse remarque? Etait ce une raison suffisante pour quitter le bateau? D’autant plus que tu n’es pas sans avoir remarqué ( affiches devant chez moi) que le mot d’ordre du PCF depuis est devenu l’Humain et la Planète d’Abord.
J’en viens à la situation face aux échéances électorales.
Concernant les régionales je partage la position de la fédération de la Vienne et ne me fait aucune illusion sur Rousset et sa clique. Je n’épiloguerai donc pas sur ce sujet.
Concernant les élections départementales dans la Vienne, je me félicite d’un accord entre les différentes formations de Gauche avec EELV et regrette le départ d’Ensemble. Comment peux tu dire que l’engagement collectif est « insuffisamment antilibéral et anti productiviste « .
Cela m’amène à 2 remarques.
1. Le programme, auquel je crois tu n’as pas participé, est le résultat d’une construction collective de plusieurs mois et tu ne peux pas imaginer un instant que les camarades communistes qui y ont contribué aient tiré les exigences vers le bas. C’est le contraire qui s’est produit. Nombre de nos propositions ont été validées.
2. L’enjeu de ces élections est déterminé par le périmètre de compétences du département. Ce qui ne nous empêche pas de dénoncer l’austérité des gouvernements successifs et de réclamer les moyens d’état nécessaires. Tu pourras le vérifier dans la propagande électorale. Quant à la remarque « pas assez productiviste » tu me permettras de sourire discrètement.
Alors, cher Didier, renseigne toi bien.
Venons en aux présidentielles et comme tu t’intéresses de prêt à la vie et au fonctionnement de mon parti je te livre donc mon expérience:
Tout d’abord il est important de respecter le choix fait par la majorité des adhérents du PCF à l’issue de 2 consultations et ce malgré conditions sanitaires que je ne développe pas.
Ce choix n’est pas le résultat d’une manipulation quelconque mais au contraire il traduit l’état dans lequel se trouve le peuple de France dont chaque communiste fait partie.
Si tu veux vraiment savoir, mon premier choix était celui proposé par Pierre Laurent incluant la clause de revoyure. Tentant d’analyser concrètement la réalité, ma réflexion a évolué au fil des semaines en toute liberté de conscience
Plusieurs constats qui peuvent expliquer ce choix majoritaire des communistes :
JL Mélenchon a cassé la baraque dès le début en s’auto proclamant candidat très tôt sans intention d’en changer.
Jadot a annoncé que les verts ne renonceraient pas à une candidature issue de leur parti. Ce sont deux réalités qu’il nous faut prendre en compte.
Suite aux expériences de GVT de gauche et à la séquence Hollande qui ont débouché sur un échec ( malgré des avancées significatives notamment de 81 à 83 ) la gauche est très affaiblie numériquement et elle a été et reste désavouée par son électorat historique. Nous avons participé à 2 de ces gouvernements mais notre poids insuffisant n’a pas permis d’empêcher les tournants socio-libéraux.
Ajoutons que le PS a collapsé et perdu la majorité de son électorat et ses forces militantes.
Ainsi le schéma d’une alliance des forces de gauche au 1er tour ne semble pas de nature à redonner l’espoir et remobiliser le peuple. La fracture est profonde.
Enfin, quand on examine les contenus programmatiques avancés par les uns et les autres on peut s’interroger sur leur capacité à sortir de la crise. Si on ne prend pas le pouvoir au capital on ne pourra pas mettre en œuvre les mesures indispensables et surtout nous laisserions le champ libre aux actionnaires. Les expériences parlent d’elles mêmes comme en Amérique Latine par exemple.
Dans une telle situation les communistes ont opté pour un candidat présenté par leur parti en l’occurrence Fabien Roussel. Peut être est ce une erreur ? Dans les conditions d’aujourd’hui, cela participera de la clarté à gauche et doit donner des perspectives pour transformer le pays en profondeur.
Pour terminer, nous appelons solennellement toutes les forces de gauche à se rassembler pour les législatives qui suivront. Le poids d’une gauche rassemblée à l’Assemblée Nationale sera déterminant quelque soit le cas de figure.
Le tâche est rude, raison de plus de ne pas sombrer dans le dénigrement ou le militantisme du désespoir et cherchons plutôt à nous rassembler dans les combats qui nous attendent.
Bien à toi.
Ton camarade, Christian ZIELINSKI
Il ne s’agit pas de dénigrer mais de tirer les leçons des occasions manquées dues aux logiques partidaires qui nous mènent à la situation que nous connaissons aujourd’hui. Voici la réponse d’Ensemble!86 rédigée par Guy Aubarbier.
Pince-mi et pince-moi sont sur un bateau. Pince mi tombe å l’eau…..qui est ce qui reste ? Aie, aie aie !!!!
Le PCF, le Parti de Gauche et Ensemble! forment le Front de Gauche. Le PG avec Melenchon déserte le Front, Ensemble à son tour se retire du Front rompu…….qu’est ce qui reste le PCF ou le Front de Gauche ?
Dans son écrit, Ch. Zielinski explique pourquoi le PCF a maintenu le sigle FdG…..objectivement par opportunité (et c’est moi qui traduit) ….donc intérêt très partidaire à maintenir une fiction d’ouverture malgré la rupture et le repli sur soi.
L’expérience FdG, réponse politique majeure, utile et pleine de promesse pour rassembler une « vraie gauche » après l’elimination de Jospin au 1er tour des présidentielles, attira nombre de militant.es qui voulaient adhérer directement au FdG. Seul Ensemble défendit cette possibilité qui ouvrait la voie à des modalités adaptées de fonctionnement citoyennes et démocratiques, dans la lignée de ce que furent les collectifs unitaires.
Le PG et le PCF s’opposèrent à ce type d’adhésion, lui opposant le passage obligé par l’adhésion aux partis du Front. Exit donc la démocratie directe et consensuelle au profit des tractations partidaires et des modalités décisionnelles un peu occultes.
Ainsi fut alimenté (en partie…) le départ de toutes celles et ceux qui, déjà, aspiraient à faire de la politique autrement.
Or, dans le sud Vienne, pour maintenir le réseau militant initial et toute la richesse des initiatives collectives, notre camarade D. Mehl fut porteur de propositions pour constituer une association fédérative, financièrement autonome, citoyenne et démocratique.
Le débat politique avec le PCF se situe donc exactement là : associer ou pas, à égalité de pouvoir, des personnes encartées et non encartées, dans une structure démocratique fédérant les énergies.
Notons que pour Ensemble, la même exigence se pose å l’égard de la FI.
Quant aux départementales E! 86 a rejoint Vienne en Transition, travaillé pour enrichir les chartes et le programme, participé au comité de pilotage. Les raisons politiques de notre départ ont été publiées sur ce site…..et, à ce jour, toute personne peut apprécier si nous avons eu raison ou tort de quitter ce collectif. Nous sommes toujours preneurs des critiques qui alimentent le débat sur la voie à suivre pour faire gagner un mouvement politique anti productiviste, écologiste et social.
G. Aubarbier
Je trouve, Guy, que tu as bien du courage à tenter d’expliquer ces choses au PCF.
Noyé dans deux gouvernements de gauche, puis s’inquiétant (légitimement ?) de son existence propre, ce petit parti (2,5% des voix) voit sa crédibilité et ses électeurs décroître à la vitesse d’une hyperbole qui tend vers 0.
J’en suis sincèrement navré, tellement leur Histoire et ce que leurs Anciens ont accompli les honorent.
Chacun voit bien ce qui se passe en réalité : la débâcle du PS touche forcément ceux qui l’ont par trop accompagné. Et je dirai même plus gravement : un certain nombre d’entre eux ont perdu leur âme politique en se laissant bercer par une phraséologie bon teint chargée de se donner bonne conscience. Robert Hue (entre autre) fut l’un des chefs de fil de cette tendance, mais il s’agit de fait d’un mouvement d’ensemble qui ne dit pas son nom.
Juste un exemple local parmi tant d’autres : comment en effet, « ne pas laisser le champ libre aux actionnaires » (comme ils disent à juste titre), et ne pas promouvoir l’ESS comme fer de lance de la politique économique départementale ? Quelle pourrait être l’aide du département à une reprise des Fonderies du Poitou par les salariés sous une forme coopérative ? Est-il raisonnable de penser que le développement des pistes cyclables (nécessaire il est vrai) va révolutionner et solutionner les problèmes de la pollution et de l’encombrement automobile de nos deux principales villes ? Comment transformer la plaine de Neuville pour qu’elle n’épuise pas la ressource en eau et cesse d’alimenter l’agro-industrie ?
J’ai moi aussi tenté de participer aux réunions virtuelles d’élaboration du programme de Vienne en T. Mais j’ai abandonné rapidement devant un texte qui ne marquait pas suffisamment la bifurcation à opérer.
L’avenir du PCF est là : Faire élire quelques-un(e)s d’entre eux (elles) au prix de compromis en tout genre ; Appeler à voter avec LREM en faveur de la candidate PS au second tour d’une législative partielle contre la candidate LFI Danielle Simonnet arrivée seconde avec un retard de seulement 5% de voix ; Présenter un candidat à la Présidentielle en pariant sur l’impossibilité de battre la tenaille Macron-Le Pen, et en préparant à l’avance la sauvegarde de sa minorité de députés. Bref, la lutte pour sa survie est une réalité qui surpasse la lutte des classes. Ce faisant, la perte de confiance est à son max, et il ne convient plus de perdre son temps à tenter une stratégie quelconque avec ce qui n’est plus qu’une distraction marginale de la politique.