Pourquoi ne pas avoir construit trois salles dans l’ancien Théâtre ?
La rengaine magique est : ça coûte trop cher ! Or nous (PAG*) avions eu accès en son temps à la proposition de l’ancienne équipe de direction du Théâtre. Celle-ci proposait des travaux dans l’ancien Théâtre pour aboutir également à 3 salles. La subvention de l’État était détaillée et assurée, le plan d’investissement et d’amortissement était précis et réaliste, la structure visait l’autofinancement en se basant sur des études de fréquentation et de recette très sérieuses faites par des organismes spécialisés indépendants. La part de financement de toutes les collectivité territoriales (dont la Mairie) se montait, en tout et pour tout, à 1 millions d’euros.
Jamais au grand jamais la municipalité n’a accepté de discuter de ce plan de financement, fusse pour le récuser.
Quand on donne ces informations, les éluEs rétorquent : « 1 million, c’était trop cher ». Mais comment accepter cet argument ? Que dire de 180.000 euros de location annuelle payée par la seule Mairie, et par elle seule, au CGR pour les trois salles du TAP-Castille. Faites le calcul : en moins de 6 ans, on dépasse déjà le million.
On voit bien que cet argument financier n’explique pas l’abandon du lieu Le Théâtre.
Pourquoi les trois salles Arts et essai sont au CGR ?
L’autre possibilité pour avoir au moins trois salles Arts et essais aurait été que la Mairie récupère tout le CGR Castille.
Le CGR n’était pas intéressé à garder des salles déficitaires en centre ville, son but était de développer ses complexes au sud (Fontaine le Comte) et au nord (Buxerolles) et d’empêcher que s’implante la concurrence, quitte à offrir plus de fauteuils et d’écrans que ne lui en prédisent ses études de marché.
La Mairie se trouvait à cette époque en position de force pour négocier car elle avait en main la possibilité de favoriser ou pas l’ouverture du CGR au sud et l’extension de celui du nord.
Mais non.
Le Maire a déclaré publiquement qu’il n’y connaissait rien au cinéma mais qu’il voulait un cinéma populaire (entendait « commercial ») en centre ville. Or il faut savoir que les salles Arts et essais ont droit à un pourcentage conséquent de cinéma « généraliste » (pas Arts et essais ) dans leur salle.
L’argument du cinéma populaire ou commercial ne tient donc pas non plus.
D’ailleurs le CGR Castille, celui du centre ville, passe beaucoup de film Arts et essais, très peu de blockbuster, nombre de films sont proposés aussi en VO avec sous-titrage, le cinéma a adopté les habitus des salles Arts et essais de ne pas rallumer les lumières avant la fin du générique, etc.
Qu’en est-il du cinéma Le Dietrich ?
Tout cela n’empêche pas les éluEs de la majorité municipale de nous donner des leçons d’économie du cinéma, que tout ça c’est trop compliqué pour qu’on comprenne.
On en rit (jaune).
Le cinéma Le Dietrich a remarqué, comme tout le monde, cette nouvelle programmation du CGR Castille qui « pompe » les films Arts et essais porteurs, ceux qui font venir plus de public, ces films qui rapportent quelque argent dans les caisses et permet d’équilibrer les budgets.
Cela pose-t-il un problème ?
Mais non, répond la Mairie.
La Mairie préfère maintenir Le Dietrich la tête hors de l’eau, à coup de subventions (pour combien de temps ?), plutôt que de lui donner la possibilité de vivre de ses projections. « Si tu veux aider un homme toute sa vie, ne lui donne pas un poisson, apprends–lui à pêcher. »
Qu’est-ce que tout cela révèle ?
D’abord que l’équipe municipale régnante ne sait pas dialoguer. Ils ne l’ont pas fait lors du débat sur le cinéma Arts et essais. Il ne le font pas sur le bâtiment du Théâtre. Ni sur le reste d’ailleurs.
Le maire tout seul décide de tout, prend des décisions pour la ville comme on joue au monopoly. Le maire est le général en chef de la troupe municipale.
Les éluEs ensuite commandent des actions, en fonction des contraintes laissées par le général en chef, sans jamais remettre en question ces marges de manoeuvre réduites : pour commander soi-même il faut déjà savoir obéir, non ?
Aux prochaines électons municipales, une des questions qui sera posée sera « stop ou encore ? ».
Nous travaillons à construire le « stop » : une alternative de gauche est possible.
Pascal Canaud (Gauche Anticapitaliste, membre du Front de gauche)
PAG : Pour une Alternative à Gauche, liste citoyenne soutenue par le NPA, les Alternatifs et la Gauche Anticapitaliste. Son élue à la Mairie de Poitiers, Maryse Desbourdes. Site internet ICI