Une fête est une fête
Le « mouvement perd des effectifs au fil du temps » dis-tu. Sans doute te bases-tu sur la presse locale qui a recensé « 80 à 100 personnes au plus fort de l’après midi ». Le chiffre semble réaliste. Mais pour comprendre ce chiffre il faut se rappeler que samedi ce n’était pas un rassemblement où l’on se compte. C’était une fête. Nous avions deux objectifs.
D’une part montrer qu’il y a une place (une place ! Un lieu!) pour des activités culturelles sur la place d’Armes. D’autre part informer la population poitevine des enjeux de la vente de l’ancien Théâtre. Et ces deux objectifs ont été accomplis au-delà de nos espérances.
D’un côté il y a eu une vraie mobilisation du milieu artistique du spectacle vivant qui a répondu présent à titre bénévole malgré la période (Ils et elles sont très sollicitéEs en juin). D’autre part nous avons récolté plusieurs centaines de signatures en un seul après midi ce qui représente autant de discussions.
Poser des débats publiquement
Ainsi, pour la deuxième fois (la première était au Plan B), nous avons fait la démonstration que l’on peut informer la population et poser les débats. Ce n’est malheureusement pas la politique suivie par la municipalité qui refuse le débat politique sur la place publique. A ce sujet des élus PS de la municipalité étaient présentEs à notre soirée au Plan B. Nous avons démontré à cette occasion que le débat est possible. Pourquoi le refusent-ils à l’ensemble de nos contitoyenNEs ?
Pour le reste je m’étonne de ta façon d’opposer des formes de militantisme qui ne sont pas contradictoires. Selon toi il y aurait d’un côté les militants de « terrain » » et de l’autre ceux de facebook.
Notre présence physique ce samedi comme tous les samedis, comme à chaque Conseil municipal et dans les rues piétonnes, sur les marchés, dément ton affirmation. De plus, je ne comprends pas ton argument contre les réseaux sociaux alors que la presse souligne à juste titre leur rôle dans les révolutions arabes, en Turquie et au Brésil. Ça aussi tu trouve que c’est étranger à un militantisme « vrai » , de « terrain » ?
Tu parles de nous comme d’un mouvement « pour la soi-disant défense de l’ancien Théâtre ». Le monde militant se diviserait donc entre menteurs d’un côté et honnêtes de l’autre. En disqualifiant celui ou celle qui n’est pas d’accord avec toi, tu empêches toute possibilité d’échange d’arguments. C’est bien dommage.
Un raisonnement binaire
Tu affirmes que l’argent économisé dans le non fonctionnement de l’ancien Théâtre « peut servir aux maisons de quartiers qui diffuseront plus largement la culture pour tous et non à une certaine minorité qui veut rester entre elle. »
Passons sur l’argument de la « minorité » qui est en passe de recueillir près de 5000 signatures contre la privatisation du bâtiment.
Pour la quatrième fois, Marcel, tu présentes le monde comme binaire. Après les vrais et les faux militantEs, le mouvement qui monte ou qui descend, la minorité contre la majorité, voici maintenant l’argument du centre contre la périphérie.
Pour toi il semble que dans la ville s’opposent des « quartiers » (forcément populaires ») et un centre ville (forcément « bourgeois »). Contrairement à toi nous ne pouvons nous résoudre aux politiques qui homogénéisent socialement et culturellement les territoires de la commune et de Grand Poitiers : un centre ville propre, minéral, sans voiture et qui se dévitalise, et une périphérie où sont renvoyées de plus en plus la majorité des activités culturelles et des commerces. Pour nous, au contraire, l’espace public du centre ville appartient à touTEs. Tu sais, on peut militer pour le brassage des milieux notamment par des pratiques culturelles pour touTes.
Quels choix politiques
Tu dis aussi, Marcel, que l’argent économisé ou récolté pourrait aller aux maisons de quartier. À l’heure actuelle ce ne sont que de vagues affirmations de l’équipe municipale, pas forcément positives (cf ci-dessus). Par contre, ça c’est sûr, l’argent irait aussi dans le budget global. Autre assurance, cet argent servirait également à financer l’inutile et dispendieuse LGV Poitiers Limoges. Il servirait à payer le loyer du TAP cinéma au CGR (180.000 euros/an). Il servirait aussi à financer la future rénovation de l’actuel Palais de justice qui déménagera vers l’ex lycée des Feuillants acheté à l’enseignement privé (3 millions d’euros) et offert gratuitement à l’État.
Rappelle-toi Marcel. « Les promesses n’engage que ceux qui y croient ». Pour notre part nous privilégions le débat sur le terrain des choix politiques.
Il ne te manque pour être complet dans le binaire, Marcel, que l’argument des « intellectuels » contre les gens normaux, vieil argument créé pour l’opinion publique ventriloque qui, en répétant cette opposition, se prive d’un monde auquel elle aurait droit, celui de l’ouverture d’esprit et de l’enrichissement de soi.
Un peu d’humour (noir)
Si la mairie actuelle n’est pas percutée par l’irruption d’une vraie gauche aux prochaines municipales, j’imagine un instant tes arguments futurs.
Quand le libéral-socialisme local privatisera la piscine de la Pépinière, tu vilipenderas la minorité d’oisifs du chlore contre la majorité poitevine au travail ?
Sur la future privatisation du Centre de loisirs du bois de Saint Pierre ? « La populaire Poitiers ne doit pas payer pour la pavillonaire Smarves ! »
Lâchage du cinéma Le Dietrich car il ne fait pas assez d’entrées ? Tu honniras les « soi-disant » amoureux du cinéma qui ne veulent pas orienter les crédits vers les concerts gratuits de l’été ?
Quand il vendra l’exploitation des parkings tu porteras aux nues la population laborieuse qui marche à pied contre les privilégiés de la bagnole ?
Salutations militantes
Quand à moi, qui ait pour l’instant un travail et pour encore trop de temps, avec mes camarades qui militent contre la privatisation de l’ancien Théâtre, quand le libéralisme à la rose piquera ta pension de retraite, moi et mes camarades nous ferons le choix raisonné, opiniâtre et festif, de protester toujours aussi fort contre ce système qui sacrifie tout sur l’autel de l’argent roi.
Et je parie que sur ce terrain-là non plus, on ne perd pas d’effectifs.
Salutations militantes, syndicales, politiques, associatives
Pascal (Gauche Anticapitaliste)