La tentative d’assassinat du prisonnier politique Yvan Colonna, dans des circonstances qui jettent le trouble, a réactivé la lutte de masse en Corse. Il s’agit d’une mobilisation populaire sans précédent depuis 40 années.
Nous publions une lettre ouverte du groupe A Manca sur la situation en Corse reprise du site :
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article61552
Lettre d’A Manca
Camarades,
Pendant que toute l’attention médiatique est focalisée sur la guerre en Ukraine, ce que nous pouvons comprendre, nous constatons un black-out sur la situation politique en Corse, dont les événements graves qui s’y déroulent actuellement.
La ligne des gouvernements Hollande et Macron sur la question nationale corse se résume à une négation du fait démocratique et à une tentative de liquidation par le pourrissement de la situation, et ce depuis 2015.
Cela fait 7 années que la direction majoritaire du Mouvement National d’essence réformiste et/ou libérale se heurte à des refus systématiques sur toutes les questions (Statut d’Autonomie, Langue Corse, Prisonniers politiques). Même les 70% de suffrages obtenus lors des dernières élections territoriales n’y changent rien.
La tentative d’assassinat du prisonnier politique Yvan Colonna, dans des circonstances qui jettent le trouble, a réactivé la lutte de masse en Corse. Il s’agit d’une mobilisation populaire sans précédent depuis 40 années. Cette mobilisation qui dépasse le cadre des organisations politiques s’est traduite dans un premier temps le 6 mars dernier par une manifestation de plus de 10 000 personnes dans le Centre de la Corse, chiffre que les médias essayent de minorer. Une répression hors-norme s’est abattue sur cette manifestation. Un de nos sympathisants d’origine kurde, membre actif du comité Corsica-Rojava, a été atteint de 3 tirs simultanés de Flashball occasionnant de graves blessures et fractures (comme indiqué par le médecin urgentiste qui l’a pris en charge).
Depuis ce Lundi 7 mars tous les jours la jeunesse se mobilise spontanément dans les villes corses et les affrontements sont de plus en plus violents. La jeunesse s’est autonomisée et s’est appropriée ce mouvement de révolte comme un catalyseur de tous les maux dont elle souffre (Salaires les plus bas, Poids du tourisme et l’économie résidentielle hors nomes, taux de chômage élevé, mal-logement, négation du droit à l’autodétermination, etc…). Elle se heurte à une répression sans borne (Ex : Une collégienne de 14 ans a été victime d’un tir de flashball dans la gorge hier). Le nombre de blessés radicalise un peu plus la réaction de la jeunesse qui n’écoute plus les consignes de modération de la part de l’État et des directions réformistes. Nous avons constaté sur Bastia une implication accrue de jeunes femmes, voire de très jeunes filles dans les combats urbains, ce qui ne s’était jamais vu et doit être mis en relation avec l’émergence d’un mouvement de jeunesse féministe très important en Corse depuis 3 ans.
Il y a donc dans ce mouvement de résistance de la jeunesse corse une dimension de classe et une dimension féministe, mouvement qui est soutenue par la population indigène. Encore ce soir, toutes les villes corses ont connu plusieurs heures d’affrontements. Une manifestation aura lieu Dimanche prochain.
Investi.es parfois pour certains d’entre nous depuis 40 ans dans la lutte de libération nationale du peuple corse nous partageons l’analyse qu’un tel climat pré-insurrectionnel ne s’était plus vu depuis 1980. A la différence que cette génération qui se heurte à l’appareil d’État préfère l’action directe de masse à la lutte armée clandestine. La situation politique est suffisamment sérieuse pour que tous les militant.es internationalistes s’intéressent également à ce qui ce passe en Corse et témoignent de leur solidarité.
A Manca (Corsica)