Ce sera Mélen­chon.

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Caro­line De Haas
Mili­tante fémi­niste

Nous avons assisté depuis le début de cette campagne prési­den­tielle à un déver­se­ment conco­mi­tant de haine raciste et de propo­si­tions libé­rales par la droite et l’ex­trême-droite. 

Depuis l’in­va­sion de l’Ukraine par la Russie et le déclen­che­ment de la guerre, nous sommes expo­sés à un énième défou­le­ment de paroles racistes concer­nant les réfu­gié·e·s, théo­ri­sant de manière expli­cite le tri et la hiérar­chi­sa­tion entre êtres humains, entre les « bons réfu­giés » (compre­nez les blancs et blanches) et les autres. 

Sur le plan écono­mique aussi, les propo­si­tions occu­pant l’es­pace public tirent le débat poli­tique vers la droite. Valé­rie Pécresse veut suppri­mer 200 000 postes de fonc­tion­naires et le candi­dat d’ex­trême-droite veut tout simple­ment suppri­mer les coti­sa­tions sociales. La campagne du désor­mais candi­dat Emma­nuel Macron n’y déroge pas : le message prin­ci­pal de sa lettre aux Français est qu’il faudrait travailler plus (il ne précise pas « pour gagner plus », compre­nez donc que ce sera pour gagner autant ou moins). Il y a quelques semaines, il affir­mait qu’il fallait relan­cer le nucléaire en France.

Cette occu­pa­tion de l’es­pace poli­tique et média­tique n’est pas seule­ment un problème tempo­raire. Il suffi­rait au fond d’at­tendre que la prési­den­tielle passe. Non. Les paroles racistes, les propo­si­tions libé­rales qui tournent en boucle ont et auront encore demain un impact réel sur nos vies. 

Elles ont un impact sur le niveau de racisme dans notre société et donc sur les discri­mi­na­tions et violences subies par les personnes raci­sées. Elles ont aussi un impact sur nos imagi­naires et nos possi­bi­li­tés de penser un autre rapport au travail, une autre répar­ti­tion des richesses, la sobriété éner­gé­tique du pays. Cet impact se mesu­rera après la prési­den­tielle, si un candi­dat de droite la gagne, dans nos capa­ci­tés de mobi­li­sa­tions et de résis­tances qui auront été grigno­tées pendant plusieurs mois.  

Je ressens la déprime poli­tique qui saisit beau­coup de personnes autour de moi. Je la comprends. Sincè­re­ment, c’est pas la fête. Depuis plusieurs semaines, les conver­sa­tions avec les ami·e·s de gauche tournent d’ailleurs en boucle : « C’est la cata hein ? » « Oui, c’est vrai­ment la merde. »

Et si on avait une fenêtre pour chan­ger un peu la donne ? Et si, on pouvait avoir un second tour entre la gauche et la droite ? Et pourquoi pas envi­sa­ger de gagner la Prési­den­tielle ?

D’abord, on aurait deux semaines d’ex­trême-droite de moins à la télé­vi­sion. Le débat du second tour se ferait peut-être sur la réduc­tion du temps de travail, la réforme des retraites, et – qui sait – sur la lutte contre les violences sexuelles et les discri­mi­na­tions plutôt que sur l’im­mi­gra­tion, la sécu­rité ou la réduc­tion des « charges » (sic) sociales. 

Ensuite, ça aurait un autre impact : faire un peu vaciller Macron et son programme. Cela permet­trait de lui montrer que tout n’est pas joué. Que même s’il gagne, il n’aura pas un quinquen­nat avec un boule­vard pour appliquer son projet de restric­tions de nos droits, de nos liber­tés publiques, de nos protec­tions sociales. 

Il y a un seul candi­dat qui peut permettre cela aujourd’­hui. C’est Jean-Luc Mélen­chon. 

Ce n’est pas un hasard. Il s’ap­puie sur une orga­ni­sa­tion poli­tique struc­tu­rée. Son projet est le meilleur, de loin, de tous les candi­dat·e·s à gauche, en parti­cu­lier sur les ques­tions écono­miques ou écolo­giques. Sur le sujet que je connais, la préven­tion des violences sexuelles, il a un programme ambi­tieux qui s’ap­puie sur les reven­di­ca­tions des orga­ni­sa­tions fémi­nistes. 

J’en­tends qu’on me dit « Mais, Caro­line, y a telle­ment de trucs qui ne vont pas ». 

Oui, il y a des trucs qui ne vont pas. Partout à gauche en réalité. 

Nous avons des candi­dates qui ne veulent pas accé­der au second tour, cher­chant avec la Prési­den­tielle un espace de parole qui n’a pas besoin de suffrages. D’autres qui souhai­te­raient accé­der au second tour mais n’en n’ont pas les moyens. Nous avons par exemple des candi­dats qui ont soutenu le rassem­ble­ment factieux des poli­ciers devant l’As­sem­blée natio­nale l’an dernier. D’autres qui sont clai­re­ment anti-fémi­nistes ou anti-écolo­giques (ou les deux). Dans tous ces partis, des hommes sont mis en cause pour des violences par des mili­tantes sans que les choses bougent.

Il n’y a pas de candi­dat parfait. 

Ce qui emporte ma déci­sion, c’est qu’il y a un candi­dat qui propose un programme solide, cohé­rent. Un candi­dat qui, quand il me parle, permet d’en­vi­sa­ger un autre chemin que celui que préparent la droite et l’ex­trême-droite. Un candi­dat surtout qui est en situa­tion d’ar­ri­ver au second tour et d’ou­vrir un espace de rapport de force nouveau. Un espace de respi­ra­tion dans cet envi­ron­ne­ment poli­tique toxique.

Alors le 10 avril, et j’es­père le 24, je vote­rai Jean-Luc Mélen­chon. Et d’ici là, je vais tenter de convaincre autour de moi, que c’est le meilleur choix pour la gauche et l’éco­lo­gie.

Caro­line De Haas
Mili­tante fémi­niste

* Plusieurs personnes m’ont posé la ques­tion en lisant ce papier avant que je le publie donc je précise : je ne suis pas et ne serai pas candi­date aux élec­tions légis­la­tives. 

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