#BienvenueEnFrance !
https://www.youtube.com/watch?v=IVBvlK130vw
Etudiants étrangers : « “Bienvenue en France” », un dispositif au nom de contre-vérité, ne doit pas être mis en œuvre
Tribune plubliée sur le site de Le monde.fr le 17 mars. Extraits.
Barbara Cassin
philologue et philosophe, membre de l’Académie française
L’augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers hors Communauté européenne piétine nos valeurs et menace la francophonie, estime l’académicienne Barbara Cassin.
Tribune. En France, on se soigne et on apprend gratuitement (ou presque) et très bien (ou presque), en tout cas plutôt mieux qu’ailleurs. Voilà de quoi les Gaulois sont heureux et fiers, qu’ils aient un gilet jaune, un col blanc, ou un stylo rouge. Notre identité, nos valeurs sont là, partagées, concrètes.
Je veux ici, très solennellement protester. Je veux faire entendre notre voix à nous, responsables et praticiens de l’enseignement, de la recherche, de l’éducation, de la culture. Pour dire que « Bienvenue en France », un dispositif au nom de contre-vérité, une infox qui ose se présenter comme un plan gouvernemental d’attractivité des étudiants internationaux, ne doit pas être mis en œuvre. Ni eu égard à ce que nous sommes, ni eu égard à la sacro-sainte économie.
La clé de ce dispositif, que l’on veut contraindre les présidents d’université à appliquer, consiste à faire payer très cher – 16 fois plus cette année qu’en 2018 – les droits d’inscription de certains étudiants. Pour ceux qui viennent de pays hors Communauté européenne, ces droits passent de 170 à 2 770 euros pour la licence, et de 243 à 3 770 euros pour le master.
Des fonctionnaires aux ordres
Résultat, pour ne parler que francophonie : sur le même banc, on trouvera un Belge, un Suisse, un Canadien (il y a des accords qui en font des « Européens »), soit des « riches » qui paieront comme nos enfants. Et on trouvera – ou plutôt on ne trouvera plus ! – un Sénégalais, un Algérien, un Haïtien, qui devraient mais ne pourront pas payer les droits qui leur sont réclamés. (…)
Les exclus sont ciblés : francophones d’Afrique, du Maghreb, intellectuellement formés mais sans fortune. Avec un discours redoutable qu’on ne peut pas ne pas lire en filigrane : pourquoi nos impôts à nous financeraient-ils les études de Noirs et d’Arabes ?
Outre les valeurs ainsi piétinées, les présidents de nos universités soi-disant autonomes traités comme des fonctionnaires aux ordres et demain, si cela continue, les étudiants dans la rue avec leurs professeurs, dont je serai, l’idée même de « Bienvenue en France » va contre toute politique intelligente et économiquement efficace à moyen comme à long terme.
C’est par la langue et la culture que ce qu’on ose encore appeler nos valeurs se transmettent. (…)Veiller à la relation avec la francophonie où qu’elle soit, voilà une vraie politique économique.
Bien sûr qu’il faut développer les partenariats avec les universités africaines et proposer des cours dématérialisés, accessibles en ligne. Bien sûr qu’il faut trouver des ressources pour faire mieux vivre nos universités françaises. Mais mauvaise pioche : avec « Bienvenue en France », on n’aura rien, sauf la mort de la francophonie. Et l’anglais, au lieu du français, comme langue de partage.
Un sous-Princeton
Car croit-on vraiment que les « bons », et riches, étudiants chinois et indiens vont venir s’inscrire dans un sous-Princeton ? (…)
La folie politique de « Bienvenue en France » est que cette mesure va à l’encontre de la politique même de l’actuel gouvernement ! (…)
Jamais octroyer des bourses aux pauvres ne compensera la norme de l’égalité devant l’enseignement. Jamais la pratique aléatoire d’une exception ne vaudra la règle saine. « Liberté, Egalité, Fraternité », inutile d’aller chercher ailleurs la définition du « progressisme ». Soyons donc économiquement intelligents et politiquement cohérents. Et soyons généreux : la générosité est un produit de luxe, or, le luxe tire notre économie en avant. La qualité de vie, la langue, la culture, le partage du beau et du jugement, pas de meilleur argument pour « Choose France » comme on dit chez nous…
Bienvenue en France ? J’ai honte.
Barbara Cassin a notamment publié Quand dire, c’est vraiment faire. Homère, Gorgias et le peuple arc-en-ciel (Fayard, 2018).
Barbara Cassin (philologue et philosophe, membre de l’Académie française)
« Cher·es étudiant·es extra-communautaires, le gouvernement vous salue et vous souhaite la #BienvenueEnFrance ! « Nous souhaitons répondre dignement à votre désir et votre détermination de venir étudier dans l’enseignement supérieur Français. Nous multiplions donc vos frais d’inscription non pas par 2, 3 ou 4, mais par 16 ! Félicitations, vous êtes les heureuses·eux gagnant·es, nous avons fait le bon choix pour vous ! » ************** Pour plus d’informations ************* -Site officiel du carré rouge : https://universiteouverte.org/present… – Lien Facebook : https://www.facebook.com/universitesa…https://www.facebook.com/PayeTesFrais/https://www.facebook.com/Carr%C3%A9-R… – Lien Instagram : https://www.instagram.com/payetesfrais/ – Lien Tweeter : https://twitter.com/PayeTesFraishttps://twitter.com/CarreInfos – Telegram : https://t.me/carresrougessamedi#UniversitéOuverte#carrésrouges#PouruneUniversitéOuverte#PayetesFrais#OnétudieiciOnresteici#universitesansfrontiere