Feuille de route de la GES adop­tée par l’As­sem­blée géné­rale de fonda­tion

La Gauche écoso­cia­liste est une orga­ni­sa­tion démo­cra­tique, enga­gée dans la France insou­mise, et plus large­ment au sein de la NUPES et du mouve­ment social.

Nous sommes aussi porteur.ses d’une pers­pec­tive écoso­cia­liste et auto­ges­tion­naire, d’une société débar­ras­sée des oppres­sions, comme le patriar­cat et le sexisme, tous les racismes et les LGBTI-phobies, de l’ex­ploi­ta­tion capi­ta­liste et du produc­ti­visme. Avan­cer vers cet hori­zon éman­ci­pa­teur exige un dépas­se­ment du capi­ta­lisme et un affron­te­ment avec les classes domi­nantes. Nous sommes aussi inter­na­tio­na­listes, soli­daires avec tous les peuples en lutte contre les impé­ria­lismes quels qu’ils soient : États-Unis, Chine, Russie, France ou Turquie…

Un monde en crise

Le cours néoli­bé­ral du capi­ta­lisme est entré en crise durable, notam­ment après 2008. Il avait pu partiel­le­ment surmon­ter une de ses contra­dic­tions majeures – comment bais­ser le coût du travail en main­te­nant un haut niveau de consom­ma­tion – par une poli­tique de crédit facile. Cela a conduit à la crise finan­cière majeure de l’époque. A cela s’ajoutent un appro­fon­dis­se­ment de la crise écolo­gique dans toutes ses dimen­sions (biodi­ver­sité, climat et pollu­tion) et une pandé­mie qui a perturbé le commerce mondial. Ces tensions et crises ravivent les dyna­miques impé­ria­listes entre la Russie, la Chine et les États-Unis, et relancent une course aux arme­ments lourdes de dangers pour l’hu­ma­nité. L’agres­sion russe en Ukraine percute la vieille Europe. Elle renforce les crises éner­gé­tique et alimen­taire, qui prennent leur source dans la déré­gle­men­ta­tion et la mondia­li­sa­tion des marchés avec la spécu­la­tion qu’elle génère.

Cette profonde impasse du capi­ta­lisme mondial induit une désaf­fec­tion progres­sive des peuples vis-à-vis de l’idéo­lo­gie néoli­bé­rale. Elle entraîne des crises sociales, démo­cra­tiques et écolo­giques qui ont conduit à plusieurs cycles de mobi­li­sa­tions massives, parfois suivis de victoires élec­to­rales de la gauche. Mais sur les décombres de l’idéo­lo­gie néoli­bé­rale pros­pèrent aussi le racisme, le sexisme et un ensemble d’idées réac­tion­naires, qui font peser la menace de victoires de forces de la droite radi­cale voire de néofas­cistes (Trump, Bolso­naro, Orban…), qui n’hé­sitent pas à avoir recours à la violence ou à des tenta­tives putschistes.

La démo­cra­tie libé­rale est mena­cée dans les pays occi­den­taux et les dérives auto­ri­taires, voire dicta­to­riales, s’ap­pro­fon­dissent ailleurs comme en Russie, en Chine, en Turquie ou en Iran. Même quand elles n’ont pas obtenu de victoires élec­to­rales déci­sives, ces forces accen­tuent le tour­nant réac­tion­naire et liber­ti­cide des gouver­ne­ments néoli­bé­raux qui sont au pouvoir – tour­nant qui leur semble être aujourd’­hui la seule réponse possible face aux contes­ta­tions gran­dis­santes de l’ordre établi.

Cette situa­tion accroît l’ur­gence de la rupture avec le capi­ta­lisme néoli­bé­ral et produc­ti­viste. Elle crée une concur­rence plus aigüe entre la possi­bi­lité de victoire d’une gauche comba­tive, et le risque de victoire de coali­tions de droite, ultra-réac­tion­naires ou fasci­santes. Pour la gauche de rupture, faire face à cette situa­tion implique d’en finir avec le cours morti­fère du capi­ta­lisme qui pille la planète et accroît les inéga­li­tés – les dix hommes les plus riches du monde déte­nant plus que les 3,1 milliards de personnes les plus pauvres. La crise écolo­gique modi­fie égale­ment la donne en profon­deur puisqu’elle consti­tue une urgence nouvelle et radi­cale.

Dans ce contexte, la bataille histo­rique contre la réforme des retraites confirme le haut niveau de crise poli­tique atteint en France. L’hé­gé­mo­nie libé­rale est mise en diffi­culté. Emma­nuel Macron a décidé, presque tout seul, d’im­po­ser une réforme privant de deux ans de retraite les travailleuses et travailleurs, et dimi­nuant presque toutes les pensions. Quatre-vingt-treize pour cent des actifs sont contre cette réforme, les syndi­cats et le mouve­ment social mènent une lutte histo­rique dans une unité parfaite, et l’As­sem­blée natio­nale ne l’a même pas votée faute de majo­rité. La crise sociale débouche donc sur une crise poli­tique majeure qui démontre à large échelle l’épui­se­ment et le carac­tère profon­dé­ment anti­dé­mo­cra­tique de la Cinquième Répu­blique et l’exi­gence d’une refon­da­tion au travers d’un proces­sus consti­tuant pour une Sixième Répu­blique.

Un puis­sant mouve­ment social

Le puis­sant mouve­ment social qui s’est déve­loppé depuis janvier dernier et qui se prolonge encore actuel­le­ment a démon­tré que les orga­ni­sa­tions syndi­cales demeurent une force essen­tielle de résis­tance sociale, conser­vant une capa­cité de mobi­li­sa­tion de masse sans équi­valent et leur centra­lité dans la lutte des classes sur les reven­di­ca­tions histo­riques du mouve­ment ouvrier et de la gauche de trans­for­ma­tion sociale. Mais il a aussi démon­tré des limites dans l’auto-orga­ni­sa­tion et la construc­tion d’un proces­sus de grève recon­duc­tible à une échelle de masse. La grève n’a pu se géné­ra­li­ser, ce qui a cruel­le­ment manqué dans le rapport de force global.

Pour autant, le mouve­ment a profon­dé­ment affai­bli le gouver­ne­ment, aujourd’­hui large­ment para­lysé, et provoqué une crise ouverte du régime dont l’is­sue n’est pas encore écrite. Dans cette situa­tion s’ajoutent les combats en cours pour les liber­tés démo­cra­tiques, pour le fémi­nisme et contre la loi Darma­nin.

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En France, enga­ger un acte II de la NUPES pour faire vivre l’al­ter­na­tive de gauche, à la fois sociale et écolo­gique

Malgré son exté­rio­rité par rapport au mouve­ment social, le Rassem­ble­ment Natio­nal, en embus­cade, veut appa­raître comme la seule force poli­tique porteuse de solu­tions, aidé en cela par les compro­mis­sions de la Macro­nie à son égard. Par ailleurs, rien ne démontre pour l’ins­tant que les forces de la gauche de rupture sont les mieux placées pour profi­ter de cette dyna­mique sociale. Cela dit, le mouve­ment social n’a pas encore livré tous ses déve­lop­pe­ments possibles. On peut en espé­rer un effet posi­tif sur le plan poli­tique. 1968 avait permis la victoire de 1981 et 1995, celle de 1997 ! Quoiqu’il en soit, la capa­cité de la NUPES à repré­sen­ter une alter­na­tive, en parti­cu­lier en direc­tion des classes popu­laires, est une prio­rité pour enclen­cher dans ce contexte une dyna­mique poli­tique à gauche.

Il nous faut une victoire à des élec­tions géné­rales en France. Nous avons besoin d’une trans­for­ma­tion radi­cale des insti­tu­tions pour enga­ger la bifur­ca­tion écolo­gique, vitale désor­mais, et redis­tri­buer les richesses. Pour opérer cette trans­for­ma­tion, il faut combi­ner la montée en puis­sance du mouve­ment social et la conquête du pouvoir élec­to­ral. Ressus­ci­ter une gauche plurielle dispo­sée à gérer le système ne résou­dra pas dura­ble­ment les contra­dic­tions et les crises actuelles. Il nous faut donc construire une unité de la gauche et de l’éco­lo­gie poli­tique dont le centre de gravité est la gauche de rupture avec le capi­ta­lisme néoli­bé­ral et la trans­for­ma­tion écolo­gique et sociale.

L’unité de la gauche anti­li­bé­rale en France vient de loin : le mouve­ment de grève de décembre 1995, ATTAC et le mouve­ment alter­mon­dia­liste, la campagne du NON de gauche à la Cons­ti­tu­tion euro­péenne en 2005, le Front de gauche en 2012, la campagne de la France insou­mise de 2017 et celle de l’Union popu­laire en 2022. Dans les cycles où la gauche est domi­née par le social-libé­ra­lisme (par exemple sous la prési­dence Hollande), elle se discré­dite aux yeux de millions de travailleuses et travailleurs. Quand elle renoue avec ses valeurs, elle regagne la confiance de larges secteurs des classes popu­laires, comme en 2005, en 2017 ou en 2022. Alors, elle retrouve du crédit auprès d’elles. Aujourd’­hui elle peut résis­ter au Macro­nisme néoli­bé­ral et endi­guer la montée du néofas­cisme.

La France Insou­mise demeure actuel­le­ment le cadre poli­tique large le plus effi­cace pour construire cette gauche anti-produc­ti­viste et ainsi s’af­fron­ter à la logique capi­ta­liste. Cepen­dant, la tripar­ti­tion actuelle du champ poli­tique rend diffi­cile une victoire de notre camp sans unité à gauche sur un programme de rupture, unité néces­saire y compris au premier tour pour certaines élec­tions.

La créa­tion de la Nouvelle Union Popu­laire Écolo­gique et Sociale (NUPES) en juin 2022 est donc un événe­ment impor­tant. Elle a permis de consti­tuer un inter-groupes à l’As­sem­blée natio­nale de 147 dépu­té·es de gauche et de construire l’unité des forces de rupture avec le néoli­bé­ra­lisme sur la base d’un programme de 600 mesures. C’est un rassem­ble­ment dont le centre de gravité est la gauche de trans­for­ma­tion sociale, puisqu’au Parle­ment la France insou­mise en est la prin­ci­pale compo­sante.

Mais la NUPES montre aussi des fragi­li­tés et n’ap­pa­raît pas, dans sa confi­gu­ra­tion actuelle, comme suffi­sam­ment porteuse d’une alter­na­tive poli­tique majo­ri­taire. Force est de consta­ter que les condi­tions de créa­tion de cette coali­tion élec­to­rale, sur la base des rapports de force issus du premier tour de l’élec­tion prési­den­tielle, pèsent sur la persis­tance à long terme du rassem­ble­ment. Pour de multiples raisons, la vie de la NUPES n’a pas permis jusqu’ici une inté­gra­tion suffi­sante des diffé­rentes compo­santes en un rassem­ble­ment véri­ta­ble­ment unitaire. Les diffé­rents partis de gauche se posent la ques­tion du rééqui­li­brage de la coali­tion et débattent d’un acte II.

EELV (Europe écolo­gie-les Verts), sans rompre avec la NUPES, a pris posi­tion à l’oc­ca­sion de son assem­blée géné­rale pour une liste écolo­giste auto­nome aux élec­tions euro­péennes. Dirigé par Fabien Rous­sel, le PCF ne manque pas une occa­sion de se démarquer de la FI et donne l’im­pres­sion d’un repli sur soi que combattent pour­tant en interne de nombreux et nombreuses mili­tant·es atta­ché·es à la dyna­mique du rassem­ble­ment. Le PS enfin appa­raît aujourd’­hui profon­dé­ment divisé et la posi­tion d’Oli­vier Faure est fragi­li­sée du fait de sa courte victoire lors du congrès de son parti. La victoire de la candi­date dissi­dente de la NUPES dans l’Ariège, qui a battu notre cama­rade Béné­dicte Taurine, démontre que la droi­ti­sa­tion de Macron ouvre un espace à sa gauche, qui peut mena­cer la NUPES.

La respon­sa­bi­lité de la FI est grande dans cette situa­tion. Le main­tien de l’unité et la conso­li­da­tion de la NUPES exigent de tous un fonc­tion­ne­ment plus démo­cra­tique, la prise en compte des points de vue de toutes les forces poli­tiques qui la composent, un soutien exempt de polé­miques inutiles à l’égard du mouve­ment syndi­cal, pour faci­li­ter la consti­tu­tion d’un front poli­tico-social.

Actifs au sein de la FI, nous consi­dé­rons qu’elle doit davan­tage jouer le rôle majeur qui est le sien au sein de la NUPES, pour privi­lé­gier le commun et dessi­ner la possi­bi­lité de l’em­por­ter, en cas de disso­lu­tion ou en 2027, face à un Macro­nisme en décom­po­si­tion et à la menace de l’ex­trême droite.

L’enjeu pour la NUPES est aujourd’­hui de conser­ver son socle program­ma­tique dans l’écoute et le respect de toutes ses compo­santes.

La NUPES ne durera pas sans le respect entre parte­naires et une gouver­nance véri­ta­ble­ment collec­tive. Une victoire à des élec­tions légis­la­tives anti­ci­pées demeure possible. Nous devons nous y prépa­rer, car le gouver­ne­ment ne dispose pas, à ce jour, de majo­rité et avec la pour­suite du mouve­ment social, la crise poli­tique peut se préci­pi­ter et forcer Macron à dissoudre l’As­sem­blée natio­nale.

A l’As­sem­blée natio­nale, nous devons donc conso­li­der la NUPES en travaillant le plus possible à des propo­si­tions de loi communes tout en faisant vivre réel­le­ment l’in­ter-groupes comme force parle­men­taire d’al­ter­na­tive au gouver­ne­ment Macron et véri­ta­ble­ment iden­ti­fiée comme telle à une échelle de masse. Nous devons ancrer la NUPES dans les terri­toires en déve­lop­pant l’unité d’ac­tion partout où c’est possible comme à l’oc­ca­sion des mobi­li­sa­tions sur les retraites.

Si l’union n’est pas toujours possible, il serait incom­pré­hen­sible dans la période que nous ne nous mettions pas d’ac­cord avec les autres forces de gauche et les écolo­gistes pour les euro­péennes. Cela permet­trait de dispu­ter la victoire au Rassem­ble­ment Natio­nal et à Renais­sance. Nous devons main­te­nir la discus­sion avec EELV. Une nouvelle guerre pour l’hé­gé­mo­nie à gauche mena­ce­rait de tout nous faire perdre. Une liste commune doit être possible. On peut se mettre d’ac­cord sur un programme si on part des exigences sociales et écolo­giques pour unifier les légis­la­tions sociales vers le haut et arti­cu­ler les poli­tiques de bifur­ca­tion écolo­gique. On peut aussi faire la démons­tra­tion que la NUPES est capable de se réin­ven­ter à chaque élec­tion, et LFI n’a pas voca­tion à occu­per la tête de liste à chaque scru­tin.

Plus large­ment, nous devons rapi­de­ment incar­ner une alter­na­tive majo­ri­taire. Tout le monde recon­naît que nous avons besoin d’un acte II de la NUPES. Notam­ment pour l’élar­gir à toutes celles et tous ceux qui se recon­naissent dans cette alter­na­tive, mais qui ne sont pas membres d’une des cinq compo­santes fonda­trices.

L’acte II de la NUPES, pour préser­ver et étendre une assise popu­laire large et solide, doit aussi se carac­té­ri­ser par une décli­nai­son des prin­cipes de la NUPES dans les poli­tiques locales. Les élu.es locales-aux des orga­ni­sa­tions membres de la NUPES ont ici une respon­sa­bi­lité consi­dé­rable, a fortiori lorsqu’elles-ils sont dans des exécu­tifs et prennent des déci­sions ayant un impact fort sur les vies des usager.es et des agent.es. De par notre atta­che­ment à la NUPES, nous serons partie prenante de toute initia­tive sociale et poli­tique pour que ses prin­cipes, de rupture anti­li­bé­rale, de bifur­ca­tion écolo­gique et de reconquête démo­cra­tique, se traduisent concrè­te­ment à l’échelle des collec­ti­vi­tés.

Un acte II de la NUPES est indis­pen­sable pour combattre les tendances centri­fuges et pour mettre en avant une gauche à la hauteur de la situa­tion poli­tique et sociale. Il doit procé­der à la fois d’une impul­sion natio­nale et de la construc­tion de la NUPES à la base partout en France, sous la forme de comi­tés, de forums ou d’as­sem­blées géné­rales.

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Démo­cra­ti­sa­tion et ancrage dans les terri­toires de la France insou­mise 

La France insou­mise doit se déve­lop­per et recru­ter. Il n’y aura pas d’unité dans la durée de la NUPES, sur une base de trans­for­ma­tion sociale, sans que la France insou­mise soit unie, forte et ancrée dans les terri­toires. Pour mener le combat pour une alter­na­tive de rupture à gauche, il est impé­ra­tif qu’elle se struc­ture de manière démo­cra­tique et en respec­tant son plura­lisme réel. Nous devons aussi obte­nir des victoires élec­to­rales locales, pour nous ancrer dura­ble­ment dans les terri­toires.

Loca­le­ment les mili­tant·es doivent avoir plus de moyens pour agir de façon auto­nome. La situa­tion poli­tique peut chan­ger très vite. Nous avons abso­lu­ment besoin d’une force poli­tique vivante où toutes les sensi­bi­li­tés sont écou­tées, où le débat interne est libre, où les mili­tant·es sont inci­té·es à prendre part aux déci­sions stra­té­giques.

La FI se trouve confron­tée au défi de la péren­ni­sa­tion et de l’im­plan­ta­tion, ce qui néces­site une évolu­tion démo­cra­tique. Par ailleurs, la crise déclen­chée par la volonté de réin­té­grer rapi­de­ment Adrien Quaten­nens dans le groupe parle­men­taire, à laquelle nous nous sommes oppo­sé·es, lais­sera des traces. Il est néces­saire d’ap­pliquer en interne les prin­cipes fémi­nistes dont la FI se réclame et de faire progres­ser globa­le­ment le mouve­ment sur cette ques­tion essen­tielle.

Malgré les évolu­tions récentes enga­gées à l’au­tomne 2022, encore insuf­fi­santes, notam­ment avec la mise en place de boucles dépar­te­men­tales, d’une coor­di­na­tion natio­nale et d’un conseil poli­tique, de nouvelles avan­cées sont néces­saires. La volonté de trans­for­ma­tion s’est arrê­tée au milieu du gué. Il n’est pas clai­re­ment établi que les boucles dépar­te­men­tales consti­tuent de vraies direc­tions locales. Une évolu­tion démo­cra­tique au sein du mouve­ment, favo­ri­sant la déli­bé­ra­tion collec­tive, la construc­tion des conver­gences par le débat et la mise en œuvre déci­dée et maîtri­sée par les mili­tant·es de l’orien­ta­tion, permet­trait de gérer démo­cra­tique­ment les diver­gences éven­tuelles. Un fonc­tion­ne­ment plus démo­cra­tique renfor­ce­rait la FI, son audience et son effi­ca­cité comme force poli­tique motrice d’une alter­na­tive majo­ri­taire au gouver­ne­ment Macron.

La pratique des assem­blées repré­sen­ta­tives dont les mili­tants ne maîtrisent pas la compo­si­tion ne saurait se substi­tuer à un fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique abouti et n’est pas à la hauteur des attentes des Insou­mis.es.

Le renou­vel­le­ment de la coor­di­na­tion natio­nale des espaces a été vive­ment discuté, de nombreuses person­na­li­tés dont l’ap­port à la FI est majeur en ont été écar­tées. Si elle est le véri­table lieu déci­sion­naire de la FI, ses repré­sen­tant·es doivent être élu·es. Enfin, la créa­tion du conseil poli­tique peut être une bonne nouvelle, si celui-ci permet de prendre en compte la diver­sité des sensi­bi­li­tés et donc de donner un vrai statut aux forces poli­tiques et courants consti­tués qui partagent les objec­tifs poli­tiques de la FI, si c’est bien le cadre où les débats stra­té­giques et poli­tiques sont mis en déli­bé­ra­tion et tran­chés.

Nous avons exprimé les prin­cipes suivants que nous conti­nuons à défendre pour la France insou­mise:

– Mettre en place un système d’adhé­sion-coti­sa­tion modulé sur les reve­nus, sur une base décla­ra­tive (et pouvant être seule­ment symbo­lique), qui serait réparti entre struc­ture dépar­te­men­tale et natio­nale

– Consi­dé­rer les instances locales comme des instances d’ini­tia­tives poli­tiques et pas seule­ment de mise en œuvre. Ainsi, à l’échelle dépar­te­men­tale, une dési­gna­tion des anima­teurs locaux et anima­trices locales lors d’as­sem­blées géné­rales, communes à tou·tes les Insou­mis·es, légi­ti­me­rait cette évolu­tion. Cela pour­rait faci­li­ter la mise en place de groupes de travail inter-groupes d’ac­tion à l’échelle dépar­te­men­tale.

Mettre en place une direc­tion poli­tique du mouve­ment démo­cra­tique­ment consti­tuée en quatre collèges : des repré­sen­tant·es dési­gné·es après débat par les coor­di­na­tions dépar­te­men­tales ou régio­nales, des repré­sen­tant.es tiré.es au sort, des repré­sen­tant.es de l’in­ter­groupes parle­men­taire et des élu.es locales-aux, des repré­sen­tant.es des forma­tions poli­tiques asso­ciées. Cette instance pour­rait fonc­tion­ner par la recherche du consen­sus et, à défaut, circons­crire les diver­gences et orga­ni­ser le vote des coti­sant.es Insoumis.es. Cette instance pour­rait dési­gner le comité élec­to­ral.

La bataille idéo­lo­gique est très impor­tante. La créa­tion de l’ins­ti­tut La Boétie est une bonne nouvelle, mais nous devons être vigi­lant·es sur le respect de l’au­to­no­mie des intel­lec­tuel·les qui y inter­viennent. Le travail scien­ti­fique, de recherche et d’éla­bo­ra­tion doit irri­guer l’en­semble du mouve­ment et contri­buer à la bataille idéo­lo­gique sur le terrain. Ce fut le cas pour la bataille des retraites, dans laquelle la Boétie a joué plei­ne­ment son rôle.

Sur le long terme, il est abso­lu­ment néces­saire que la France insou­mise passe d’une struc­ture adap­tée aux campagnes prési­den­tielles à une struc­ture démo­cra­tique suscep­tible d’or­ga­ni­ser poli­tique­ment, dans la durée, tou·tes les mili­tant·es en accord avec sa stra­té­gie et son programme.

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Contri­buer à un front social et poli­tique

La bataille idéo­lo­gique comme les victoires sociales ne se construisent pas exclu­si­ve­ment sur le terrain des élec­tions et des insti­tu­tions. Les luttes syndi­cales ou les expé­riences concrètes d’au­to­ges­tion sont tout aussi impor­tantes que les victoires élec­to­rales. Nous devons donc être impliqué.es dans les syndi­cats et les construire partout où c’est possible. La mise en œuvre d’une alter­na­tive majo­ri­taire au gouver­ne­ment Macron néces­site un front commun des forces du mouve­ment social et des forces poli­tiques soute­nant la rupture, arti­culé à une puis­sante mobi­li­sa­tion popu­laire.

Nous respec­tons l’au­to­no­mie du champ syndi­cal et social. Dans la construc­tion des mouve­ments, comme celui contre la vie chère ou celui des retraites, nous défen­dons la conver­gence et la complé­men­ta­rité des initia­tives autour d’objec­tifs communs, qui devraient pouvoir être expo­sés et défen­dus dans une plate-forme commune de lutte et de rupture avec la poli­tique du gouver­ne­ment.

En aucun cas, les forces poli­tiques ne doivent cher­cher à domi­ner le mouve­ment social ou à lui dicter son agenda. Pour autant, nous défen­dons toutes les initia­tives natio­nales et locales qui permettent de construire des conver­gences effec­tives dans les luttes. Par exemple, pour la bataille des retraites, nous avons défendu des meetings communs et la créa­tion de collec­tifs de défense des retraites dans les terri­toires (quar­tiers, loca­li­tés, etc.). Dans les luttes, nous défen­dons toujours l’auto-orga­ni­sa­tion des travailleuses et travailleurs à la base, et plus large­ment des acteurs et actrices direct.es des mobi­li­sa­tions avec des assem­blées sur les lieux de travail, les lieux d’études, dans les quar­tiers, etc., qui décident démo­cra­tique­ment des moda­li­tés de lutte.

Lutte après lutte nous devons forger, avec les orga­ni­sa­tions syndi­cales et le mouve­ment social plus large­ment, un front commun de résis­tance et de trans­for­ma­tion sociale qui en perma­nence échange sur les stra­té­gies de lutte comme sur les réponses program­ma­tiques et le contenu poli­tique et reven­di­ca­tif de l’al­ter­na­tive. Pour les parle­men­taires et élu.es, cela passe par un dialogue nourri et perma­nent avec les asso­cia­tions et les syndi­cats. Certes les orga­ni­sa­tions du mouve­ment social, syndi­cales notam­ment, sont affai­blies, mais elles demeurent un cadre d’or­ga­ni­sa­tion irrem­plaçable pour les citoyen.nes, comme en témoigne par exemple la puis­sance des mobi­li­sa­tions orga­ni­sées par l’in­ter­syn­di­cale natio­nale contre la réforme des retraites. L’af­flux de nouvelles adhé­sions au sein des orga­ni­sa­tions syndi­cales, à une échelle inédite depuis plusieurs décen­nies, et quelques années seule­ment après le mouve­ment des gilets jaunes qui avaient mis en cause leur place, témoigne d’une possible inver­sion de tendance promet­teuse qui doit rete­nir toute notre atten­tion, même si elle reste à confir­mer.

Alors que le dérè­gle­ment clima­tique s’ag­grave avec ses consé­quences, en termes de séche­resse, de manque d’eau, d’in­cen­dies, les forces capi­ta­listes s’arc-boutent pour empê­cher toute remise en cause du système produc­ti­viste. C’est pourquoi le gouver­ne­ment accen­tue la répres­sion poli­cière et judi­ciaire pour la défense des lobbies auto­rou­tiers et agro-indus­triels, y compris avec des lois et dispo­si­tifs régle­men­taires spéci­fique­ment diri­gés contre les mobi­li­sa­tions écolo­gistes (cellule Deme­ter, lois contre l’en­trée dans une centrale nucléaire, dans des abat­toirs, etc.).

Dans ces condi­tions le front des luttes écolo­gistes est fonda­men­tal y compris dans sa dimen­sion anti­ca­pi­ta­liste. La GES doit y prendre toute sa place en parti­ci­pant aux mobi­li­sa­tions et aux divers collec­tifs.

Les pratiques que nous mettons en œuvre dans le mouve­ment social et poli­tique sont au moins aussi impor­tantes que le programme. Partout, où nous inter­ve­nons, nous luttons contre les pratiques sexistes, racistes et homo­phobes et nous respec­tons l’au­to­no­mie des cadres dans lesquels nous inter­ve­nons.

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Combattre l’ex­trême-droite

Le fascisme ne se réduit pas aux expé­riences histo­riques incar­nées par Musso­lini et par Hitler. Il prend des formes adap­tées à notre époque et se présente comme une solu­tion poli­tique actuelle.

Il y a un combat anti­fas­ciste spéci­fique à mener : idéo­lo­gique, poli­tique, mili­tant. Il faut refu­ser la bana­li­sa­tion des thèses réac­tion­naires, contre-argu­men­ter, démasquer les faus­saires. Il faut orga­ni­ser l’au­to­dé­fense de nos espaces, de nos luttes, de nos quar­tiers, face aux agres­sions fascistes.

Les prin­ci­paux partis d’ex­trême-droite, R.N. et Reconquête, aujourd’­hui ne mobi­lisent pas les masses dans la rue, faute de relais orga­ni­sés suffi­sants. Mais le Rassem­ble­ment natio­nal accroît ses forces élec­to­rales et insti­tu­tion­nelles et renforce par là son implan­ta­tion locale, cher­chant et réus­sis­sant trop souvent à impo­ser ses thèmes et à diffu­ser large­ment ses idées. Ceci légi­time les actions violentes des groupes d’ex­trême-droite.

Par diffé­rents biais l’ex­trême-droite cherche à faire écla­ter les verrous légis­la­tifs. Le fascisme sert toujours les inté­rêts de la bour­geoi­sie en brisant les luttes popu­laires, vues comme une menace contre l’unité natio­nale.

Nous sommes pour l’unité la plus large, mais sur des bases claires, à la fois huma­nistes et de classe. Nous optons pour un anti­fas­cisme qui ne se limite pas à s’op­po­ser à l’ex­trême droite offi­cielle, mais qui lutte contre toutes les poli­tiques – poli­cières, liber­ti­cides et racistes – qui lui ouvrent la voie.

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Cons­truire la Gauche Ecoso­cia­liste 

Nous sommes pour certain.es porteur.ses d’une histoire commune, mais ce qui nous lie aujourd’­hui est surtout un projet poli­tique et des pratiques suscep­tibles de nour­rir posi­ti­ve­ment l’en­semble de la gauche poli­tique et syndi­cale. Pour parti­ci­per au déve­lop­pe­ment, à la conso­li­da­tion et à la démo­cra­ti­sa­tion de la France Insou­mise, nous battre pour le fémi­nisme et contre le racisme, confor­ter la NUPES ou favo­ri­ser la conver­gence des luttes, nous avons besoin d’une orga­ni­sa­tion commune.

La Gauche écoso­cia­liste est donc une orga­ni­sa­tion démo­cra­tique, enga­gée dans la France insou­mise, et plus large­ment au sein de la NUPES et du mouve­ment social. La situa­tion exige que nous la renfor­cions en lançant une vaste campagne d’adhé­sion et que nous la struc­tu­rions davan­tage. Nous avons besoin d’être mieux orga­nisé.es et plus nombreuses et nombreux, pour mettre en œuvre cette feuille de route. Nous nous dotons donc d’un collec­tif d’ani­ma­tion natio­nal pari­taire de 24 membres.

Enfin, le proces­sus de refon­da­tion de la gauche n’est pas terminé, nous pour­sui­vons les échanges avec d’autres forces consti­tuées pour trou­ver des parte­naires dans la mise en œuvre de cette feuille de route.

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Réso­lu­tions adop­tées à l’AG de fonda­tion du dimanche 14 mai 2023 :

  • 1° / L’As­sem­blée Géné­rale de la GéS adopte les parties ci-après de la feuille de route qui ont pu être étudiées au cours de nos jour­nées de fonda­tion du 12, 13 et 14 mai 2023. Elle enre­gistre les propo­si­tions d’or­ga­ni­sa­tion qui ont été formu­lées et mandate le CAN pour orga­ni­ser avant l’été une AG permet­tant d’adop­ter une réso­lu­tion prenant en compte ces propo­si­tions.
  • 2°/ L’As­sem­blée Géné­rale de la GéS adopte égale­ment la partie inti­tu­lée « Cons­truire la GéS » dans sa version initiale
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Motion d’ac­tua­lité adop­tée à l’una­ni­mité par la GES le 14 mai 2023

La Gauche écoso­cia­liste (Gés), réunie du 12 au 14 mai à Montreuil pour ses jour­nées de fonda­tion, salue le rassem­ble­ment en défense des services publics réuni au même moment à Lure et les 4 000 personnes qui ont mani­festé ce samedi, à l’ap­pel de 260 asso­cia­tions, syndi­cats et partis poli­tiques.
Il y a urgence. La situa­tion drama­tique du système de santé, et en parti­cu­lier de l’hô­pi­tal public, la crise que traversent le système d’en­sei­gne­ment, le secteur médico-social et celui de la culture, mais aussi les attaques que subissent les services terri­to­riaux et l’en­semble du secteur public appellent un inves­tis­se­ment massif et une réorien­ta­tion dras­tique des poli­tiques de l’Etat pour réus­sir l’in­dis­pen­sable bifur­ca­tion écolo­gique et sociale.
Les services publics sont notre bien commun.
Avec la France insou­mise, dont elle est une compo­sante, la Gés propose non seule­ment de les conso­li­der mais de tour­ner le dos aux poli­tiques du chiffre et de mana­ge­ment déshu­ma­ni­sant dont ils sont l’objet pour en faire au contraire des outils de démo­cra­ti­sa­tion au service de la popu­la­tion. Elle s’as­so­ciera à toutes les initia­tives permet­tant de rassem­bler nos conci­toyen.nes dans l’objec­tif de leur donner un nouvel élan.

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