Ligue des droits de l’Homme. « Halte à la chasse à l’étran­ger! »

Halte à la chasse à l’étran­ger !

Commu­niqué LDH

Le ministre de l’In­té­rieur, Bruno Retailleau, a pris une instruc­tion pour une vaste opéra­tion de contrôles d’iden­tité dans les gares et dans les trains, pour recher­cher des personnes en situa­tion irré­gu­lière et les placer en centre de réten­tion admi­nis­tra­tive (Cra) ou les renvoyer au-delà de la fron­tière.

Il convien­dra d’exa­mi­ner la léga­lité d’une telle instruc­tion, puisqu’en appli­ca­tion de l’ar­rêt de la Cour de justice de l’Union euro­péenne (CJUE) de 2010 (Melki), les contrôles doivent être aléa­toires et non systé­ma­tiques et ne devraient pas, selon l’ar­ticle 78–2 du code de procé­dure pénale, dépas­ser la durée de 12 heures alors que l’ins­truc­tion prévoit une séquence de deux jours sans discon­ti­nuer (hier et aujourd’­hui).

Il est pour le moins éton­nant que le ministre de l’In­té­rieur donne des ordres à la police judi­ciaire, qui est norma­le­ment sous le contrôle du procu­reur de la Répu­blique. De surcroît, le Conseil consti­tu­tion­nel ne cesse de rappe­ler que les contrôles d’iden­tité ne doivent pas être géné­ra­li­sés, car cela serait contraire à la liberté d’al­ler et de venir.

De plus, il est ordonné aux agents de la SNCF de pratiquer des contrôles de titre, aux fins de contrô­ler l’iden­tité puis le titre de séjour, ce qui consti­tue une preuve supplé­men­taire que le « conti­nuum de sécu­rité » prôné par le minis­tère de l’In­té­rieur est en réalité un conti­nuum de surveillance, qui octroie de facto à ces agents des pouvoirs rele­vant de la « force publique », en contra­dic­tion avec l’ar­ticle 12 de la Décla­ra­tion des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Les syndi­cats CGT et Soli­daires de chemi­nots ont d’ailleurs appelé leurs membres à ne pas agir au-delà de leurs préro­ga­tives.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) dénonce une instruc­tion qui donne en réalité un « chèque en gris » aux forces de l’ordre pour pratiquer des contrôles au faciès. Ces contrôles discri­mi­na­toires abîment la rela­tion de la police avec la popu­la­tion et fragi­lisent le senti­ment d’ap­par­te­nance à la Nation de personnes stig­ma­ti­sées, en viola­tion de la promesse d’éga­lité devant la loi de la devise répu­bli­caine.

Elle s’in­digne, de plus, de cette xéno­pho­bie crois­sante, alors que les pratiques de non-accueil dans les préfec­tures et les nouvelles dispo­si­tions ubuesques de la loi Darma­nin sont à l’ori­gine de la fabrique de sans-papiers, pour des personnes qui sont en réalité en droit d’avoir un titre de séjour ou d’être régu­la­ri­sées.

Au-delà, l’Etat doit permettre la régu­la­ri­sa­tion par le travail, la santé ou la vie privée et fami­liale et orga­ni­ser une poli­tique d’ac­cueil digne, respec­tant les droits humains, le droit d’asile et la soli­da­rité et non pratiquer « la chasse à l’étran­ger ».

Paris, le 19 juin 2025

Télé­char­ger le commu­niqué « Halte à la chasse à l’étran­ger ! » En format pdf

https://www.ldh-france.org/halte-a-la-chasse-a-letran­ger/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.