Le Parisien. Extraits. (…) En 2002, CGT et CFDT défilaient ensemble le 1 er Mai contre le FN. Pourquoi pas en 2017 ? Philippe Martinez. Justement, on n’est plus en 2002. Avec la CFDT, il y a une différence d’appréciation de fond sur l’analyse des raisons qui amènent le FN à être présent une nouvelle fois au second tour. Les deux centrales combattent le FN. Par contre, nous considérons que tout le monde doit tirer la leçon de 2002, des déceptions, des promesses non tenues, du chômage, de la détresse sociale, des politiques d’austérité. Comment se fait-il que, quinze ans après, on se retrouve dans la même situation ? C’est un échec de la classe politique. Si on ne corrige pas ça, dans cinq ans on va se réveiller avec un plus grand mal de tête qu’aujourd’hui. La CFDT considère que ces questions-là, on les verra après.
(…) Pas du tout. C’est une position claire ! Si le FN n’a aucune voix, ils ne seront pas élus. Dans ce climat, le danger n’est-il pas l’abstention ? Le ni-ni, ce n’est pas la position de la CGT. Cela veut dire qu’il faut aller voter, c’est clair. Les citoyens que je croise mesurent bien le danger, même s’il faut continuer à discuter. Quand la CGT est présente dans les entreprises, le vote FN est moins élevé. Mais il est encore trop élevé pour nous. Il faudrait qu’il y ait 0 % de sympathisants CGT qui fassent le choix du vote Front national. Le syndicalisme, et la CGT notamment, est un rempart. Alors, pourquoi ne pas appeler clairement à voter Macron, comme la CFDT ? Emmanuel Macron a dit dimanche soir : « Je ne vous demande pas de voter contre le Front national, je vous demande de voter pour moi. » La CGT demande de voter contre le Front national. Et défend dans cette position, d’une part, une analyse critique des politiques qui ont été menées depuis quinze ans et, d’autre part, des alternatives sociales. En 2012, Bernard Thibault a bien appelé à voter Hollande… C’était une position personnelle lors d’une interview. La CGT avait demandé de s’opposer au président sortant. Marine Le Pen a fait un copier-coller de vos revendications sociales. Comment menez-vous le combat des idées dans vos rangs qui comptent 15 % de ses sympathisants ? Il s’agit d’une usurpation de nos slogans. Une vitrine, mais, dans l’arrière-boutique, c’est autre chose. On fait des campagnes de sensibilisation, des fiches argumentaires, des formations pour le faire comprendre. On explique que le Front national n’est pas un parti comme les autres, contrairement à la banalisation que certains tentent d’alimenter. C’est un parti raciste, révisionniste, autoritaire qui remet en cause les libertés individuelles et collectives. Un parti antifemmes, qui est contre l’interruption volontaire de grossesse et pour qu’elles restent à la maison. Il dit vouloir le bonheur de tout le monde sauf les femmes, les immigrés, les jeunes, les chômeurs, les retraités ! C’est aussi un parti libéral. (…) |