L’Intervenant: Monsieur Christian Bernard, Professeur agrégé d’histoire -Correspondant Régional de l’Institut Européens en sciences des religions .
(Commentaire personnel : depuis les attentats de 2015 qui ont frappé la France, jamais la Laïcité n’a autant été mise en avant , censée qu’elle serait apporter une réponse, un bouclier nécessaire au vivre ensemble. Tant mieux car comme toute valeur, elle n’est pas acquise pour toujours, elle mérite d’être constamment défendue, promue. Elle n’est pas non plus forcément intangible. Encore faut-il savoir de quoi on parle : nous mettons tous sous ce terme des définitions, des appréciations bien différentes.)
Pour l’intervenant, parfois elle peut être perçue comme une religion pour ceux qui n’en ont pas. Pour d’autres, elle est anti-religions. C’est ce qu’on entend, mais c’est une erreur.
Pour les juristes, c’est ce qui permet une gestion juridique du religieux à valeur constitutionnelle : c’est la neutralité de l’Etat, un point c’est tout.
Pour d’autres, le sens est plus large : c’est une valeur républicaine, une philosophie politique, un idéal. C’est ce qui permet l’union de tout le peuple sans distinctions : c’est la notion d’intérêt général. « Démocratie et laïcité sont deux termes identiques. La démocratie n’est autre chose que l’égalité des droits » (Jean Jaurès en 1904).
« C’est une éthique de la libération appuyée sur une morale de responsabilité vers un monde où chacun dispose de toutes ses chances d’accomplissement. » (Henri Pena Ruiz).
Pour l’intervenant, c’est d’abord la liberté de conscience pour chacun, croyant ou non-croyant, sans discriminations de droits. Reste à définir jusqu’où cette liberté peut s’exercer : dans le cadre de la loi, bien entendu, mais encore ? C’est là qu’interviennent les notions de sphère publique (Etat, collectivités locales, services publics, institutions) dans laquelle les personnels sont tenus à la neutralité mais pas les usagers (exception : loi de 2004), d’espace commun (rue, jardin public, plage, bord de rivière, théâtre, cinéma, magasin…) et d’espace privé ou sphère privée où la liberté d’expression est reconnue pour tous dans la limite du non-trouble à l’ordre public. Des interrogations persistent concernant l’université, la petite enfance et l’entreprise privée. Faut-il imposer la neutralité à toute personne associée au Service Public, quel que soit son statut et aller ainsi vers une société laïque ?
Aujourd’hui, selon Christian BERNARD, l’Etat hésite : il ne reconnaît pas les religions mais ne les méconnaît pas. Il pense qu’il va vers une reconnaissance sociale des religions qui assureraient une fonction de régulation sociale.
En conclusion, pour l’intervenant, la Laïcité doit surtout être inclusive. Il convient de mieux la faire connaître, aimer et vivre. Et elle ne saurait être figée.
A titre personnel, cette formation a été très riche, dense (trop ?). La question de l’enseignement privé et de ses financements n’a pas été abordée, dommage !
Pierre Vallat
A noter : une soirée débat sur le thème « La question laïque aujourd’hui en France » a lieu ce jeudi 14 janvier au Toit du Monde à partir de 18h30 (nécessité de s’inscrire).