Ce mercredi 3 avril, à l’Espace Mendès France, Avec Stéphane Beaud et Mahyar Monshipour « Alors que les pays européens traitent les migrations dans un registre toujours plus sécuritaire et que les représentations les plus folles circulent sur le thème du « grand remplacement », il est temps de porter un autre regard sur les jeunes et les familles venus se réfugier, vivre et travailler ici. Au-delà de l’urgence de l’accueil, il est intéressant de revenir sur l’expérience des générations récentes ou plus anciennes de migrants, de comprendre les parcours de mobilité et d’installation en France, les atouts et les obstacles que rencontrent les immigrés pour leur insertion, le rôle joué par les différentes institutions de l’Etat, par les associations et les réseaux d’entraide. Il est tout aussi utile de donner à voir ce qui vient bouleverser la vie des personnes concernées, de la transformation des relations familiales à celle des aspirations et des conceptions de la vie, d’un âge et d’une génération à l’autre. Ce festival multiforme s’attache à croiser les expériences individuelles et collectives et les savoirs issus des sciences sociales. Il associe chercheurs, créateurs, militants et étudiants, afin de mener une réflexion collective sur les débats politiques contemporains et ainsi d’y prendre part. Sa programmation est résolument ouverte et accessible à toutes et tous. » PROGRAMME Mercredi 3 avril – À l’Espace Mendès France 14 heures . Grandir en France : entre famille, école et citoyenneté. Des étudiants de master et de doctorat de Poitiers, Limoges et Tours présenteront leurs recherches en cours sur des jeunes récemment arrivés en France, des descendants d’immigrés et des trajectoires familiales dans ces trois villes. Les parcours migratoires, les conditions d’émigration ou le rapport aux différentes institutions qui « accueillent » ces jeunes ou ces familles seront notamment abordées. Le public partagera à son tour ses expériences ou ses questionnements. 17 heures . Projections The Immigrant de Charlie Chaplin (1917) — Le film est une courte comédie romantique qui met en scène le personnage de Charlot en tant qu’immigrant venant aux États-Unis, accusé de vol lors de son voyage à travers l’océan Atlantique, et qui tombe amoureux d’une belle jeune femme en chemin. Salam de Souad El-Bouhati (2001) — Ali, un travailleur immigré, est dépossédé de son statut alors qu’il s’apprête à rentrer dans son pays. Il est décidé à finir ses jours au Maroc, et considère qu’il n’a plus rien à faire en France. Mais il est dechiré entre sa peur de mourir en France et sa peur du retour au Maroc. 20h30 SOIREE -DEBAT avec Stéphane Beaud, sociologue, université de Poitiers, et Mahyar Monshipour, ancien champion du monde de boxe. Stéphane Beaud présentera notamment son enquête sur une famille issue de l’immigration algérienne, publiée dans son dernier livre : « « La France des Belhoumi. Portraits de famille (1977–2017)« . En suivant le fil de ces histoires de vie, il fait découvrir le rôle majeur de la transmission des savoirs par l’école en milieu populaire et l’importance du diplôme. Mais aussi le poids du genre, car ce sont les deux sœurs aînées qui redistribuent les ressources accumulées au profit des cadets : informations sur l’école, ficelles qui mènent à l’emploi, accès à la culture, soutien moral, capital professionnel… Cette biographie à plusieurs voix montre différents processus d’intégration en train de se faire. Elle pointe aussi les difficultés rencontrées par les enfants Belhoumi pour conquérir une place dans le « club France », en particulier depuis les attentats terroristes de janvier 2015 qui ont singulièrement compliqué la donne pour les descendants d’immigrés algériens. Mahyar Monshipour, ancien champion du monde de boxe poitevin, évoquera son parcours et ses engagements, racontés dans son livre « La rage d’être français », publié en 2007. Il y fait le récit d’un enfant sage né en 1975 à Téhéran d’un père vice-préfet de la police, qui l’éleva seul sous un régime qui n’encourageait guère les libertés individuelles, puis de son arrivée à Poitiers chez l’une de ses tantes, âgé de 11 ans, ne parlant pas un mot de français. Il brosse également la fresque d’un gamin accrocheur, de ses combats de boxe, des coulisses pas toujours glorieuses du boxing business, de la frénésie de vaincre, mais aussi du combat qu’il remporte contre lui-même en retrouvant sa mère, Shahine (originaire du Kurdistan), qu’il n’avait jamais connue. Il parlera aussi de l’importance de l’accueil, du rôle joué par l’école dans l’intégration et de son attachement à la France. |