Les platanes, le maire, les violences policières.
A Poitiers, le collectif « Sauvons nos arbres » à l’initiative d’habitants du quartier Beaulieu, inquiet de l’ abattage prévu d’une centaine d’arbres, demanda une audience au Maire 16 décembre 2015 ; il ne fut reçu que le 5 février et par la seule élue aux espaces verts. Le collectif lui a remis sa pétition qui avait alors recueilli 500 signatures , l’élue a confirmé la décision d’abattage, sans esquisser quelque dialogue. Une première tranche d’abattage de 150 platanes avait été effectuée dans ce même quartier début 2015, et ce massacre à la tronçonneuse avait causé un traumatisme chez nombre d’habitants (la presque totalité des 6000 habitant-e-s n’en avaient pas été informés).
Le collectif décida ensuite d’appeler les habitants de Beaulieu à une action le 15 février , premier jour d’abattage des arbres.
Les habitant-e-s qui ont répondu présent-e-s ont donc pénétré sur le chantier de coupe pour empêcher l’abattage. L’objectif premier des habitant-e-s était de faire accepter à la Mairie d’entendre leurs revendications et d’ouvrir une négociation.
Les élus qui sont venus rencontrer les manifestant-e-s ont refusé d’ouvrir le débat , et ont maintenu leur décision unilatérale de couper tous les arbres prévus . Ils ordonnèrent la reprise de l’abattage et repartirent.
Puis la police intervint, et comme une bonne vidéo vaut mieux qu’un long discours, voici ce qu’il advint :
http://www.dailymotion.com/video/x3s910r_video-poitiers-abattage-d-arbres-et-arrestation-musclee-a-poitiers_news
https://reve86.org/video-poitiers-abattage-darbres-et-arrestation-musclee-a-poitiers/
https://reve86.org/abattage-darbres-et-arrestation-musclee-a-poitiers/
La vidéo des faits a été vue plusieurs millions de fois.
Katia Lipovoï n’a rien fait d’autre que de manifester, avec le collectif des habitant-e-s de Beaulieu “sauvons nos arbres” dont elle fait partie, son désaccord avec la décision unilatérale de la mairie de couper 150 arbres dont 98 platanes sur Beaulieu sous prétexte de sécurité des biens et des personnes.
Suite à sa garde à vue, Katia est convoquée au tribunal le 18 avril pour violence sur agent. C’est la manœuvre habituelle des policiers cogneurs : cogner puis porter plainte contre la victime.
L’opposition de gauche au maire Alain Claeys, Osons86, a réagi aussitôt, mettant en cause l’état d’urgence et le climat liberticide qui l’accompagne : « Faut-il lire, ici encore, une conséquence de cet état d’urgence qui confond tout sous prétexte de sécurité publique et mettrait sur le même plan une mobilisation citoyenne et une attaque terroriste ? Quel danger pouvait bien représenter cette femme de 74 ans bouleversée par l’abattage des arbres, mise à terre, maintenue violemment, emmenée sans ménagement au poste de police où elle est détenue depuis plusieurs heures ? »
Le maire, ses mensonges, son obstination autoritaire.
Le collectif « Sauvons nos arbres »s’adresse alors, dès le 16 février au martin, au maire de Poitiers : ils demandent au maire de les écouter, ce que ses deux élus se avérés incapables de faire, et d’intervenir pour la levée des poursuites judiciaires contre Katia et sollicitent un moratoire sur le programme engagé d’abattage des arbres.
Commence alors une propagande locale, par voie de presse, assurant que Vienne Nature86 accompagnait cette destruction d’arbres.
Voici le démenti de Vienne Nature86 :
« Une expertise de ce type ne relève pas des compétences des salariés de Vienne Nature : elles sont exclusivement naturalistes alors qu’il s’agit ici d’évaluer des risques, notamment de rupture mécanique. Ce type d’évaluation relève plutôt de forestiers . A ce sujet , Vienne Nature a démenti vivement aujourd’hui l’affirmation fausse : « à l’issue de la visite de terrain Vienne Nature n’ a fourni aucune préconisation à la Mairie.Nos trois représentants ont simplement pris acte des explications des services techniques; ils n’ont effectué aucune « expertise. Aucun relevé de conclusions n’ a été établi .Nous n’avons ni « sauvé » 5 arbres ni condamné 98 . Lors de l’entrevue du 18 Janvier, les services techniques ont fait une brève allusion à une version « douce » des abattages qui se limiterait à environ 60 arbres présentant un danger indiscutable (dont 40 présentant à la fois un risque pour les personnes et un risque pour les biens). Cette évaluation n’est pas de notre fait. Elle semblait ouvrir une possibilité de réduction des abattages . »
Le 17 février, le maire Alain Claeys a reçu une délégation du collectif « Sauvons nos arbres » et il leur a dit que l’abattage des arbres continuera au rythme prévu. Il leur a rappelé « les principes qui l’animent » : « pas de commentaire d’une décision de justice mais ce rappel, « personne n’est au-dessus du droit, qui s’impose à tout citoyen, au maire et aux forces de l’ordre. Même si par ailleurs ce dernier reconnaît que voir une femme de 72 ans à terre peut créer une émotion légitime ».
Et le conseil de quartier animé par des proches du maire décide au même moment d’annuler sa réunion prévue le 18 février… Comme un débat contradictoire animé était prévisible, les amis de la pseudo-démocratie néolibérale l’annulent. Le règlement, c’est ici le fait du prince.
L’opposition de gauche note « que les forces de l’ordre en ce contexte d’état d’urgence (dont il a voté, comme député, la prolongation) aient fait preuve d’une violence inadmissible ne fait pas l’objet du moindre commentaire » de la part de ce maire.
Ce 22 février, période de vacances scolaires, l’abattage des platanes reprend à Beaulieu.
Alain Baraton contredit Alain Claeys.
Or, voici ce que Alain Baraton, jardinier bien connu, dit dans une interview sur Centre Presse daté du 21 février :
http://www.centre-presse.fr/article-443192-le-jardinier-de-versailles-poitiers-a-contresens.html
Comment réagissez-vous à ce qui s’est passé cette semaine dans le quartier
de Beaulieu à Poitiers?
« J’ai beaucoup de mal à comprendre. Au moment où la COP21 veut faire naître à l’échelle mondiale une prise de conscience du réchauffement climatique et où l’Association des maires de France lance l’opération « Un arbre pour le climat », à Poitiers on coupe des arbres. »
« Rien ne justifie qu’on coupe un arbre sain »
Que nous apportent les arbres? Tout particulièrement en ville?
« Ils participent à la lutte contre le réchauffement climatique, apportent de l’ombre, de la fraîcheur, permettent de fixer le gaz carbonique et constituent des refuges pour les oiseaux. C’est tout particulièrement vrai en ville. »
En même temps qu’elle coupe 98 platanes, la municipalité annonce qu’elle en replante 103. Un pour un en quelque sorte.
« Dire qu’on replante un arbre ne justifie pas qu’on en arrache un autre. Le cycle normal de l’arbre c’est de vivre jusqu’à sa mort naturelle. A trente ou trente-cinq ans, un platane est encore jeune. Je comprends qu’on en coupe quand il présente un danger immédiat. Mais pas parce que dans plusieurs années, peut-être, il pourrait être dangereux. »
(…)J’en reviens aux arbres que la mairie replante. Dans quelques années, ils auront repris la place et le volume des platanes que l’on coupe aujourd’hui.
« Cela va demander du temps. En attendant, comment expliquez-vous aux écoliers de Poitiers qu’il faut préserver la forêt d’Amazonie et en même temps qu’il est nécessaire de couper des arbres dans les rues de Poitiers? Quand je me promène sur les voies sur berges à Paris, je passe sous des platanes majestueux. Ils participent à la vie. Poitiers est une très belle ville. Dommage qu’elle ne dispose que de 30 mètres carrés d’espaces verts par habitant. C’est en dessous de la moyenne nationale. »
Voila qui donnera à penser à notre maire néolibéral « de gauche » ? Non bien sûr puisque la violence des attaques contre les droits des salariés tenue cette semaine montrent à quel degré de mépris les tenants de ce gouvernement en sont arrivés vis à vis de leurs contradicteurs.
Pascal Boissel, 22–02–2016
Quelques liens à consulter :
https://reve86.org/osons-poitiers-les-arbres-le-maire-et-larrestation
https://reve86.org/comite-sauvons-nos-arbres-de-beaulieu-a-poitiers/
https://blogs.mediapart.fr/manon-labaye/blog/150216/poitiers-qui-nous-protege-de-la-police
https://reve86.org/arret-immediat-des-poursuites-judiciaires-contre-katia-livipoi/
http://www.dailymotion.com/video/x3sp7qy_l-arrestation-de-katia-lipovoi-a-poitiers-le-moment-meurice_fun
Vous ne valez pas mieux que les extrémistes de nddl. On vous parle de sécurité, vous n’écoutez rien. Un arbre tomberait vous vous plaindriez. Si on les coupe par sécurité, vous vous plaignez, sachant que d’autres vont être replantés à la place mais vous n’en parlez pas. Bref jamais content. Continuez à vous battre pour des choses ridicules, ya pas de combats plus importants. Continuez vos mensonges, vous passez pour des illuminés.
Les « extrémistes » de nddl? Vous voulez parler des amis de Rémi Fraisse qui sont des dizaines de milliers pour le moins? Ce Rémi Fraisse, tué par la police, vis à vis de qui le Ministre de l’Intérieur se montra d’une indécence ignoble? Nous sommes de ce combat de NDDL, oui.
Vous avez raison sur un point, contradicteur anonyme, cette affaire locale d’arbres abattus ne devient importante, au-delà de ce qu’elle est dans le quartier de Beaulieu et maintenant, que parce qu’elle s’inscrit dans une politique de la ville où le végétal se conçoit de plus en plus sans arbre. Ce qui intéresse plus de personnes que vous ne le croyez sans doute.
Et c’est une affaire nationale parce que le maire soutient ceux de la police de monsieur Cazeneuve qui ont jeté à terre et menotté Katia puis, avec cet aplomb habituel chez ces gens là, portent plainte contre elle dans la foulée. Vous n’avez rien à en dire comme lui. Dont acte.
Monsieur Claeys dit à ce propos juste que « la loi c’est la loi ». Ah le brave homme! Et ce sont bien ses amis du gouvernement, en ces jours sombres, qui détruisent tout ce qui dans la loi (qui est la loi mais qui est modifiée en fonction des rapports de force sociaux) protège les salarié.e.s. Si l’affaire n’était aussi grave, il serait drôle, ce maire.
Monsieur Valls est un admirateur de Clémenceau, fusilleur de grévistes après avoir été très à gauche (ce que ce pauvre Valls ne fut jamais), dont acte. Monsieur Claeys veut apparaitre comme de l’école des Clémenceau et Valls, sans doute.
Une série, donc: Claeys, Cazeneuve, Valls.
Nous en reparlerons.
Quand des exploiteurs de terre a grands coups de tracteurs payés a crédit par les banques, déversent fumier et immondices devant les grandes surfaces qu ils ont contribué à développer, les « forces de l’ordre » sont priées de rester dans les rangs. quand une dame respectable lutte pacifiquement avec sa voie et avec ses petits mains contre la destruction systématiques d’arbre saints dans un quartier de Poitiers et aussi, pour sauver les oiseaux qui y habitent, les autorités font charger la police brutalement et irrespectueusement de la personne humaine et du pacifisme. CHERCHEZ L’ERREUR!